Il est 18h, le rendez-vous avec Tobias est prévu dans une petite demi-heure.
Pour une fois depuis longtemps, j'ai pris du plaisir à me maquiller et à m'habiller pour lui plaire. Je ne crois pas que je veuille une aventure avec ce garçon, je pense surtout que c'est la jalousie qui me mène à la baguette... Paul va me voir sortir de cette manière et j'espère de tout mon cœur que ça le touchera rien qu'un petit peu.Je sors de la salle de bain, le buste bombé. J'espère que cette combinaison élégante et sexy à la fois fera l'affaire. Je me dirige vers l'entrée afin de choisir mes chaussures, m'obligeant à regarder droit devant moi et à ne pas loucher sur Paul installé sur le canapé.
Je sens tout de même la puissance de son regard me dévisager.« Tu es invitée ? me demande-t-il, les yeux de nouveau braqués sur son téléphone.
-Oui, je ne rentrerai pas trop tard... Faites comme chez vous.
-Merci, c'est gentil. Tobias m'a dit qu'il t'avait proposé un rancard. »
Je souris.
« Un rancard ? C'est ce qu'il t'a dit ?
-C'est ce que j'ai cru comprendre. »
Je hausse les épaules, le surveillant du coin de l'œil. Il ne laisse transparaître aucune émotion.
« Bon... Et bien à tout à l'heure ! »
Tobias est déjà assis à une petite table près du bar, il s'est habillé d'une chemise blanche et a soigné, comme toujours, sa coiffure.
Il est très mignon, et contraste beaucoup avec Paul qui lui a une beauté plus bestiale.« Bonsoir H, ça va ? s'empresse-t-il dès qu'il a croisé mon regard.
-Bien et toi ? C'est joli cet endroit...
-Incomparable avec toi... Cette combinaison te va très bien ! » me complimente-t-il.
Je le remercie d'un sourire timide et nous prenons place l'un en face de l'autre.
« Tu bois quoi ? » me demande-t-il.
Je hausse les épaules et réponds avec un grand sourire :
« Ce que tu me conseilles. »
Il n'hésite pas et commande deux verres de vin rouge. Il a l'air de s'y connaître.
« Alors comme ça... T'es l'ex de Paul ? commence-t-il de but en blanc.
-Ouais, on a rompu il y a deux ans.
-Et vous êtes sortis combien de temps ensemble ?
-Trois ans à tout cassé.
-Il ne m'avait jamais parlé de toi. »
Je manque de m'étouffer avec une cacahuète piochée auparavant dans le petit bol en porcelaine. Cette phrase est cinglante.
« Je me demandais... repris-je en tentant d'esquiver la suite de cette conversation. C'est lui qui t'a dit mon prénom ? »
Il dessine du bout de son cure-dent des formes sur sa petite serviette en tissu rouge avant de relever les yeux vers moi.
« Oui c'est lui... Et il ne m'a pas dit que ça. »
Je fronce les sourcils et m'apprête à en demander bien plus que cette déclaration vague mais le serveur apporte à cet instant nos verres de vin.
Tobias tend aussitôt sa boisson vers moi, et je tinte alors mon verre contre le sien.
Il a un sourire d'ange.La soirée se prolonge avec une petite promenade nocturne dans les rues de Bordeaux enneigées, Tobias est un garçon agréable et doux. C'est un plaisir d'être à ses côtés, il a beaucoup d'humour et réserve chaque minute quelque chose de surprenant, d'attachant.
Nous avons longuement discutés, du beau et du mauvais temps, de rien et de tout, du grave et du superflu.
La nuit est bien tombée, je n'ai pas regardé l'heure de la soirée.Nous sommes au pied de mon immeuble, Tobias est enfoui dans sa doudoune à l'énorme fourrure encerclant son visage. Il a toujours le même sourire qu'il y a quelques heures.
« Tu comptes faire quoi maintenant ? » lui soufflai-je, mes lèvres s'étirant toutes seules, contaminée par sa maladie du sourire.
Ses mains se sont retrouvées dans les miennes et les poils de sa fourrure chatouille désormais mes joues. Son souffle chaud vient s'écraser sur mon visage, provoquant chez moi un sacré choc thermique.
« Tob... »
Pas le temps de l'arrêter, sa bouche est déjà pressée contre la mienne. Sa chaleur m'engouffre toute entière et j'accepte, plus vraiment maîtresse de moi-même, son élan.
Il se détache avec douceur et me souhaite une bonne nuit dans un murmure avant de s'effacer entre les épais flocons de neige.Je grimpe les deux étages qui me séparent de mon appartement au pas de course, les mains tremblantes et les idées en bazar.
Je n'ai pu orienter mes pensées autrement que sur Paul durant ce baiser... M'imaginant naïvement qu'il s'agissait de lui et non de Tobias. Je n'ai absolument rien contre ce dernier, il est quelqu'un de super mais Paul est dominent. Toujours.Je pousse la porte, espérant de tout mon être que je n'aurai pas à le croiser ce soir mais la forte lumière de la télé brûle tous mes vœux.
Je jette ma doudoune sur le porte-manteau et m'avance à petits pas, Paul est endormi sur le canapé, la bouche légèrement entrouverte et les cheveux dégoulinant sur son front de manière irrésistible.Après avoir sauté dans mon pyjama, je reviens dans le salon où la tête de Paul a basculé contre l'accoudoir du canapé. Préférant ne pas avoir à faire à lui ce soir, je me recroqueville sur l'autre partie du sofa. Chaque contact avec Paul me donne une décharge électrique, mais heureusement, la fatigue m'emporte vite.
[...]
Lorsque je me réveille, à 6h30, Paul est toujours à moitié couché sur le canapé, le visage enfoui dans ses bras. Son t-shirt remonté laisse apercevoir un vrai travail de musculation qu'il n'avait pas il y a deux ans.
Mes doigts voudraient y laisser leurs empreintes. Son corps me manque tellement.
Un grognement me fait me redresser aussitôt, il ouvre les yeux et frotte avec nonchalance ses paupières.« What... Qu'est-ce que je fous là...? marmonne-t-il.
-Tu t'es endormi alors... Je voulais pas te déranger. »
Je lui réponds tout en préparant le petit-déjeuner. Le réveil est le moment où il est le plus sexy.
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Il est temps de rallumer les étoiles
FantasiaJe hurle à moi-même de le rattraper, de le retenir, de le raisonner et de le reconquérir une bonne fois pour toute mais mes doigts restent encrés dans ce fauteuil préhistorique. Ma voix ne suffit pas, elle s'effondre de tout son poids dans le loint...