Samedi, Paul et moi nous réveillons vers dix heures. Nous déjeunons dans une certaine sérénité, comme si notre repas de la veille avait tout apaisé ou les souvenirs nous avaient rapprochés, montrés les bons côtés de notre histoire et non la tragique fin.
Ce matin, je me prépare pour une séance photo. Je prends alors le temps de bien me maquiller et me coiffer, Paul me dit qu'il me proposera des vêtements sur place. Il est enjoué et impatient de commencer, son implication m'émerveille.
Son studio se trouve à quelques pas du centre ville, il ne l'a pas eu pour cher me dit-il puisqu'il était dans un état lamentable. Avec sa petit âme d'artiste, il en a fait son second chez lui. Il est d'ailleurs très fier de me le présenter, il est constitué de deux pièces, une principale et une annexe dont il se sert de cabine et de dressing.
Dans la grande salle se trouvent tous les essentiels d'un bon photographe ainsi qu'une chaise rouge vif, et un canapé chesterfield. Les murs anciennement dénudés sont couverts de photos, mais le reste n'est pas extravagant... Donnant alors un dynamisme et de la couleur à la pièce.Paul me fait essayer plusieurs robes, de différentes longueurs et de différentes couleurs. Son vrai coup de cœur est la marron glacé, fluide et fermée grâce à un gros noeud foncé. Son décolleté est très plongeant mais mets ma poitrine en valeur de manière sexy et non vulgaire.
« Viens, on essaie déjà avec celle-là... Et je te proposerai d'autres tenues après. »
J'obéis et rejoins le fameux canapé où Paul me demande de m'assoir, les jambes croisées et les bras posés sur le dossier très bas.
« Regarde au loin, dans un coin de la pièce. » me demande-t-il, l'appareil photo déjà collé à son œil.
J'obtempère, lançant un regard que je souhaite profond sur un grand poster d'un mannequin portant un grand sombrero, et mordant un épi de blé, à la manière de Lucky Luke. Cet homme a des yeux d'un bleu si clair qu'ils paraissent presque transparents.
« On peut essayer couchée sur le canap ? m'interroge ensuite Paul.
-Aucun problème. »
J'allonge une jambe et pose mon pied sur l'accoudoir opposé, je passe mes mains dans mes cheveux lorsque Paul prend la photo. Il affirme qu'elle sera magnifique. En effet, lorsqu'il me montre ses petits chefs d'œuvres, je reste bouche bée devant son talent. Les jeux d'ombres, les prises de vues, les contrastes sont très réussis et la qualité de la photo, non négligeable.
« H ? » m'appelle Paul alors que je m'émerveillais du dressing rempli à craquer.
Je me tourne face à lui lorsqu'il pénètre dans la petite pièce, je connais cette expression... Il est gêné, embarrassé par ce qu'il souhaite me demander.
« Je t'écoute Paul.
-Hum... Je sais que les photos de femmes plaisent beaucoup sur les réseaux sociaux, et notamment celles en maillots de bain ou sous-vêtements et...
-N'use pas ta salive pour rien, c'est ok. Mais seulement parce que c'est toi. »
Il lâche un petit rire nerveux qu'il étouffe dans une courte toue puis m'indique le placard renfermement des tas de petits bijoux.
Il me montre trois ensemble de sous-vêtements et deux maillots de bain. Tous très raffinés.« Je te laisse choisir. » me précise-t-il.
J'opte alors pour l'ensemble prune, il est d'une matière aussi douce que la soie et sa découpe épouse les formes à la perfection.
Même si je sais que Paul m'a déjà vue des tas de fois en sous-vêtements, le fait de me présenter à lui de cette manière me rend anxieuse et mal à l'aise... Comme si d'un côté, je trahissais la confiance d'Iris.« Wouah ! Ça te va hyper bien. me complimente Paul, prenant le temps de me jeter un œil par dessus son ordinateur. Viens, on va tester devant ce mur. »
Il m'indique l'endroit le plus sombre de la pièce me semble-t-il, le mur est couvert de photos en noir et blanc et de bribes de journaux. Je trouve l'idée ingénieuse, ça permet de découper la pièce en différentes atmosphères.
Paul fait au moins une trentaine de clichés à chaque endroit. Il dit que c'est très peu par rapport à d'habitude, et que ça montre bien que j'ai du talent, quelque chose en plus.
« Merci pour ta patience H. finit-il, après m'avoir montré le résultat de cette séance.
-Merci à toi, c'était une bonne expérience et tu as du talent. »
Il sourit simplement, les yeux pétillants.
POINT DE VUE PAUL -
H est une femme hors norme, elle a ce quelque chose en plus qui nous attache à elle. Elle est unique, si différentes des autres. Ces trois années de séparation m'avaient fait oublié pourquoi je l'avais choisie, seule notre dispute demeurait un souvenir marquant. Et puis j'ai rencontré Iris... Originale elle aussi qui a réussi à reconquérir mon cœur, peut-être pas de manière si forte que l'avait fait H mais assez hardiment pour que nous partagions nos quotidiens.
H est assise face à moi, sa tisane fumante entre les mains. Elle est perdue dans ses pensées, le regard dans le vague.
À force de la détailler, des souvenirs me reviennent... Des souvenirs indescriptibles, innocents et tellement emplis de bonheur.« Paul... Je repensais à l'incendie... commence-t-elle de but en blanc. C'était un simple accident ? »
H est quelqu'un de très perspicace. Bien des fois, j'ai essayé de lui mentir mais c'est impossible... Elle a une déduction invraisemblable.
« Si je te le dis, il faut que ça reste entre nous H... »
Son visage change d'expression, passant de la curiosité à de l'appréhension.
« Bien-sûr, tu peux me faire confiance.
-Et bien... Je pense à un incendie volontaire. Quand Iris est sortie de l'appartement, je dormais encore mais je crois que dans mon subconscient, j'ai entendu des voix et des pas... Je n'en suis pas bien sûr mais lorsque j'ai ouvert les yeux, l'odeur du feu me piquait le nez.
-Et en as-tu parlé à Iris ?
-Pas encore... Je ne voulais pas l'inquiéter davantage... Et peut-être que j'ai rêvé, un incendie est si vite arrivé.
-Qu'en a-pensé la police ?
-L'enquête est toujours en cours. »
Elle a les sourcils froncés, à quoi pense-t-elle ?
« Si tu dis vrai Paul... C'est que quelqu'un te veut du mal. Ils auraient attendu qu'Iris soit sortie pour mettre le feu. » conclue-t-elle.
J'ai bien ma petite idée mais pour l'instant, mieux vaut la garder pour soi...
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Il est temps de rallumer les étoiles
FantasíaJe hurle à moi-même de le rattraper, de le retenir, de le raisonner et de le reconquérir une bonne fois pour toute mais mes doigts restent encrés dans ce fauteuil préhistorique. Ma voix ne suffit pas, elle s'effondre de tout son poids dans le loint...