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PDV - Nathalia

La première chose que je remarquais lorsque je me réveillais, c'était que mon t-shirt était beaucoup trop serré. La lumière de la pièce était quasi inexistante, et je peinais à voir devant moi. En regardant si je n'étais pas blessée, je réalisais que j'étais à nouveau adulte.

- Finis la petite peste capricieuse, marmonnais-je pour moi-même.

Je repérais à tâtons des vêtements à ma taille. Je les enfilais, mes yeux commençant à s'habituer à la semi-pénombre. C'était un jean et un t-shirt simple, même si j'étais incapable de dire la couleur. Je défis mes couettes. Je remettais de l'ordre dans mes cheveux en même temps que dans mon esprit. J'avais été kidnappée. Encore. Je pestais envers moi-même, luttant contre la vague de panique. Mes souvenirs affluaient, menaçant de m'emporter comme un raz-de-marée. Je serrais les poings et me ressaisis. Ce n'était pas le moment, je devais être plus stratégique. Chercher des issues. Je n'allais pas me rouler en boule dans un coin à chaque obstacle que je rencontrais, comme j'avais eu l'habitude de le faire.

L'année et demi que j'avais passé sans eux avait été insupportable. Je ne sortais plus, sauf sur mes heures de travail à la bibliothèque. Je ne mangeais presque plus. J'avais envisagé plusieurs fois de sauter le pas, sans jamais m'y résoudre. Ils n'auraient jamais voulu que je fasse cela. Plus important, eux-mêmes n'auraient jamais envisagés de le faire. Je m'étais raccrochée à cette idée, comme une bouée perdue dans l'immensité d'un océan en pleine tempête. J'étais presque sûre que si je l'avais voulu, j'aurais pu m'effacer totalement de la surface de la Terre. Effacer mon souvenir de leur mémoire. Comme si je n'avais jamais existé. Mes pouvoirs avaient toujours fonctionné comme ça, à l'instinct. Je sentais que c'était possible, alors ça l'était. Mais cela aurait été lâche. Au bout d'un an, je me reprenais en main. Je jetais tout ce qui me les rappelait. Les vêtements, les posters, tout. Je prenais même des cours de self défense, et je maîtrisais bientôt l'art de me battre. Je m'emprisonnais dans un silence froid et sarcastique, m'en servant comme d'une carapace.

Jusqu'à ce qu'ils me retrouvent.

La pièce était étriquée, à tel point que je commençais à devenir claustrophobe. Il y avait seulement une porte, aucune fenêtre. La lumière diffuse provenait d'entre les barreaux d'une ouverture de la porte. Je m'approchais et saisis le métal froid sous mes doigts. Je secouais le battant. Rien à faire, et en plus, de mon côté il n'y avait même pas de poignée. J'insultais la porte de toutes les insultes que je connaissais, et j'en avais une connaissance étendue. Je reculais et rencontrais le mur opposé. Je me laissais tomber au sol, appuyant ma tête contre la paroi. Je soupirais. Il n'y avait aucune issue. Je me demandais ce que quelqu'un pouvait me vouloir. Ce n'est pas comme si on pouvait me retirer mes pouvoirs et les récupérer. Puis à force de réflexion, je me rappelais de qui j'étais dans cet univers. Elizabeth Singer, la prophétesse du Seigneur. Les mots " proie de choix avec une forte prime " étaient quasiment gravés sur mon front. Perdue dans mes pensées, j'entendis un grincement et la porte s'ouvrit, lentement, très lentement.

☆ PDV - Lena

Je n'avais jamais aussi bien dormi de toute mon existence. Pourtant je n'étais pas particulièrement fatiguée hier. Je m'étirais. Ce sommeil avait presque un côté pas très naturel. Je me rendis dans la cuisine pour y découvrir Castiel, l'air hagard et les cheveux hirsutes. Je sentis de la chaleur se répandre dans mon estomac. Bordel, il faudrait qu'il arrête de me faire autant d'effet. Je restais là quelques instants, l'observant déambuler dans son sempiternel trench-coat. Et non, ça n'avait rien de pervers. Pas du tout.

FEEL → superwholock Où les histoires vivent. Découvrez maintenant