Chapitre 8 (réécrit)

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Un an. Nous somme le 24 décembre 1964. Un an d'amour. Caché. Secret. Interdit.

Des hauts et des bas, un grand non-dit qui commence à peser sur les épaules de nos amoureuses.

Il aura fallut un an pour que Sera et Gialla décident de se dévoiler au grand jour. Ou du moins à deux. Mais a quel prix ?

Elles se sont mises d'accord, elles peuvent sortir ensemble dans la rue, a la télé, devant leur producteurs mais en transformant, à leurs yeux, cette histoire d'amour en amitié.

C'est une horreur.

Mais c'est trop risqué.

Comment leur faire comprendre cette relation ?

De un, car elles sont censés être rivales. Et de deux, ce sont deux femmes. Qui s'aiment. Étiquetées de lesbiennes.

Malheureusement les gens s'autorisent trop de fantaisie en s'accordant le droit de commenter l'amour des autres. N'ont-ils rien d'autre à faire ?

Lassées d'une discrétion qui les dépassent, les deux femmes négligent la prudence. Les allers-retours dans le jardin de Sera s'enchaînent.

Et comme la maison est dotée d'une popularité, les regards indiscrets se faufilent à travers les grilles.

Et ce qui devait arriver, arriva.

Sera boit un café, posée sur son divan, enroulée dans un plaid. Une cigarette entre les doigts dont les ongles sont laqués. La télé est éteinte. Le silence d'hiver règne en maître. La cheminée crépite.

La porte claque. Gialla rentre.
C'est dans cette atmosphère aux allures des plus tranquilles que Gialla se poste devant sa bien-aimée. Le visage décomposé.

Sera a les yeux écarquillés mais ne peut ouvrir la bouche, elle attend rien qu'un mot de la part de Gialla. Mais rien.

Sera ne voit que les mains tremblantes de Gialla, mais visiblement pas a cause du froid. Ses mains qui lui tendent le journal quotidien, recueillis dans le jardin, à moitié enseveli par la neige. Et le chagrin. Aujourd'hui Paris, voit un nouveau sujet dans sa rubrique Scandale.

LES DEUX CHANTEUSES PRÉFÉRÉES DES FRANCAIS ONT ETE VU MAIN DANS LA MAIN.

un peu plus bas dans l'article :

CHANTEUSES OU MANTEUSES ?

Sera jette le journal d'un revers de la main, avec une violence que Gialla ne lui connaît que très peu. Si bien que le café se renverse mais aucune des deux n'y prête attention.

Leur histoire est la plus belle chose qui leur soit arrivées. Et voilà qu'elle alimente les journaux a scandale. Elles avaient tant de choses à raconter à leur public. Mais tout vient de s'écrouler. Quel accueil peuvent-ils leur réserver désormais ?

Gialla suit Sera dans la chambre, celle-ci est parti pleurer, seule.

Gialla tente de la réconforter.

-- Je suis désolée ! Pardonne-moi !

-- Pourquoi tu t'excuses ma chérie ?

-- Parce qu'à cause de moi, nos carrières sont en danger. La mienne tant pis.. mais toi ?

-- Eh mon amour... Déjà ce n'est pas de ta faute car dans un couple on est deux, n'est ce pas ? Et dis moi, qu'est ce qu'on a fait de mal à part s'aimer ?

-- Je sais bien Gi, mais les gens ne nous comprendrons pas.

-- Et je m'en fous des gens. C'est toi que je veux. Et puis rien n'est joué ! Maintenant qu'il y a tous ces articles sur nous, la télé va vouloir nous rencontrer, toutes les émissions vont nous appeler on n'aura qu'à nier.

-- Tu n'en a pas marre de nier ? De se cacher ? Dit Sera d'une voix qui semble plus apaisée.

-- J'en peux plus de tout ça.

Sera passe ses mains dans les cheveux de son amour.

-- On va s'en sortir.

-- Y'a quand même mieux comme cadeau de Noël que notre photo dans un journal a scandal. Et il y a aussi mieux comme première photo à deux.

Driiiiing.

Gialla répond et ce n'était pas très judicieux car au bout du fil, c'est Stéphane.

-- Alors c'est donc vrai ? Dit l'homme en reconnaissant la voix de la rivale. Vous êtes ensemble !

-- Non...

-- Arrêtez votre mascarade, vous faites pitié ! C'était trop demander à l'autre conne d'être normale et aimé ? Tiens t'as cas dire à ta fem-me que son contrat est fini. Et que pour elle tout est fini.

Bip.

Gialla claque le fixe sur son socle et manque de le casser. Elle n'en a que faire. Elle est enragée.

-- Putain le connard ! Crie Sera qui a tout entendu de la conversation. Y'a pas deux semaines il me faisait les yeux doux, un chien qui me suivait partout et hop. Il suffit d'un article de journal, de quelques lettres alignées pour que ce genre de lâche laisse tout tomber.

Sera décide de le rappeler pour remettre de l'ordre dans la tête de ce gamin.

-- Écoute mon chéri. Ce n'est pas toi qui met fin au contrat c'est moi. De toutes façons il y a longtemps que je ne voulais plus travailler avec toi. T'es trop mediocre. Tes un producteur dépassé. D'ailleurs c'est pour ça qu'un autre ma contacté et ensemble on va tout déchirer. Ah et les journaux c'était juste un coup de génie de mon nouveau producteur qui a trouvé un moyen de rebooster ma carrière. Allez salut.

Bien-sûr tout cela n'est que du bluff mais c'était nécessaire pour la jeune femme. Après ce coup de fil les deux amantes se sont moquer de l'homme qu'elles ont imaginé devenu tout pâle.

En public ou en coulissesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant