Chapitre 15

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Alan se tient droit sur sa chaise, derrière son bureau, ce n'est plus l'ami c'est le producteur. Son visage ne laisse plus place à l'affection mais au professionnel qu'il est. Et dans ses yeux on peut apercevoir le sens pointu des affaires.

Il tient fermement le contrat entre ses deux mains, et le tend aux chanteuses. Une signature, puis deux pour garantir un nouveau départ. En espérant qu'il soit bon.

Sera et Gialla rentrent à la maison après tant de doutes, d'inquiétude d'emotions. Leur première télé à deux en tant que couple est programmée pour dans une semaine. À peine le temps de souffler juste de se mordre les doigts et d'appréhender.

C'est pour cela, que ce soir Sera emmène sa belle au restaurant qu'elles ont l'habitude de fréquenter. Elle aurait préférer largement se trouver en dessous de la dame de fer, sous les lumières d'une nuit calme mais il ne faudrait pas qu'on les reconnaissent. Alors elle s'est résolue à penser que le restaurant habituel est un lieu plus apte, par peur de ne pas pouvoir passer la soirée qu'elle prévoit.

-- Mon amour, articule Sera d'une voix douce que seule Gialla lui connaît.

-- Oui ? Réplique la blonde.

-- Tu te fais belle ? On va au restaurant ce soir... poursuit Sera d'un ton qui vend du mystère.

-- Ah oui ? C'est une surprise ? S'enthousiasme Gialla.

Sera se contente d'hocher la tête et d'agrémenter le tout d'un petit clin d'oeil.

Vêtue d'une robe noire moulante laissant la liberté à ses gracieuses hanches de s'exprimer, Gialla est plus belle que jamais. C'est cette tenue qui devrait faire la une des magazines et des affiches. Mais ce soir elles sont loin de tout ça, loin de tout, perchées sur leur petit nuage qu'elles seules possèdent. Elles sont les premières femmes. Rien autour.

Sera fait briller les yeux de son amoureuse grâce à un haut simple et une jupe en cuire laquée qui ferait tourner plus d'une tête. Mais qu'une seule personne l'importe, ce soir et pour toujours.

Elles se rendent à pied au lieu de leur dîner. Il fait noir et la nuit les déguise en personnes inconnues. Les lampadaires remplacent les projecteurs et c'est d'autant plus agréable. Ce sont les projecteurs de tous les passants et pour une fois elles n'en sont pas la cible.

Sera observe le teint de poupée de Gialla qui la fait tomber sous le charme chaque secondes depuis deux ans. Mais depuis toujours car pour elles, et seulement pour elles c'était écrit. C'est leur histoire et personne ne pourra y faire quoi que ce soit.

À son tour, Gialla remarque amoureusement le teint naturellement bronzé et doré de Sera. C'est sa princesse qui semble tout droit sortie des mille et une nuits et pourtant c'est la plus belle des parisiennes. C'est même la plus belle femme du monde.

Sur ces pensées, les amantes de sourient et arrivent enfin au restaurant. C'est gastronomique car l'occasion l'est aussi.

Le garçon leur propose une table à quatre que Sera refuse. Ce sera donc une table à deux. Le vin, et les amuse-bouche font leur entrée. Puis c'est autour du plat principal qui sera composé de poisson et de pâtes. Les pâtes c'était obligé.

-- Je t'aime Sera.

-- Moi aussi je t'aime mon amour.

Elles réalisent le chemin parcouru. Les premiers rendez-Vous se déroulaient dans les toilettes d'un restaurant semblable. Puis dans d'autres toilettes tout court. Si bien qu'au bout d'un moment les remarques fusaient de la part de George ou d'autres membres de leurs équipes. "Elle s'est endormie sur la cuvette ?" Lançaient-ils. Mais jamais leur relation n'avait été suspecté jusqu'aux journaux. Puis tout ça avait été oublié. Mais maintenant elles savent bien qu'elles ne peuvent plus qu'assumer au risque de mentir à une partie de leur vie qu'est le métier et elles n'ont plus envie de refouler.

Une table à deux personnes avec la femme qui est censée être sa plus grande rivale était comme un rêve impossible. Mais ce mot ne fait pas parti de leur vocabulaire. Ce sont des artistes et rêver c'est toujours le début de quelque chose.

C'est avec une voix tremblante que Sera prononce les quelques mots qu'elle avait prévu et rêvé depuis un bout de temps déjà.

-- Gialla, veux-tu être ma femme ?

Des deux côtés les larmes montent. Et Gialla prend les mains de Sera entre les sienne avant de répondre.

-- Oui, mon amour. Je le veux.

Bien que leur table se situe à l'écart des autres à leur demande, il ne faut pas manquer de discrétion.

Une atmosphère incroyable embaume tout autour d'elles et personne d'autre à part elles n'est capable de le sentir. Il n'y définitivement plus qu'elles et leur amour. Rien d'autre autour.

La soirée se termine ainsi, sur le chemin du retour il faudra toujours éviter les gestes trop tendres. Mais cette fois on peut mettre les yeux brillants sur le compte du champagne même si à vrai dire, ce soir, il n'y est pour rien.

En public ou en coulissesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant