Chapitre 2

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La veille au restaurant, Sera avait défendu sa sois disant concurrente.

-- Tu sais Stéphane, on a chacune notre public, elle à n'a pas l'air de chercher les problèmes, c'est une artiste elle a des choses à dire et je pense sincèrement qu'elle se fout du reste.

-- Ça c'est ce que tu crois chérie ! Moi je le connais le métier ! Tout n'est qu'une image qui ne demande qu'à s'écrouler ! Ce n'est rien de plus qu'un décors qui doit être détruit par les années, par les nouveaux, les plus récents, les plus frais.

La soirée s'était déroulée de cette manière et le sujet avait tourné en rond.

Ce matin Sera se réveille avec une flemme, mais ce symptôme est beaucoup plus graves pour les personnes publiques comme elle, qui se doivent d'être irréprochables. Alors à la seconde où elle comprend qu'elle n'a rien envie de faire, par esprit de contradiction elle fera tout le contraire. C'est une battante, une fonceuse, une gagnante. Elle fait ce qu'elle veut. Ce qu'elle veut et ce que le public veut... La chanteuse à des milliers d'enfants à satisfaire, une foule capricieuse. Mais Sera aime ça plus que tout au monde, elle se nourrit de la chaleur de cet enfant grand comme le monde et vit par overdose d'amour chaque soirs.

Elle a quand même du mal à ne pas céder face à une migraine qui lui dit d'aller se recoucher. Mais Sera règle l'eau de sa douche italienne, jusqu'à ce qu'elle soit chaude juste comme il faut.

Elle y sacrifie d'abord un pied, puis le deuxième, puis ses hanches généreuses et tout son corps sculpté pour être offert à son métier.

Elle s'éclabousse le visage et savoure la chaleur embaumante d'une douche.

Elle laisse l'eau lui glisser sur la peau comme personne ou presque n'a jamais pu le faire. Elle avait eu un amour à l'adolescence. Puis son métier a pris toute la place, il est devenu l'amant de ses nuits, son bonheur. Elle n'avait d'yeux que pour lui et s'était réciproque. C'était passionné, c'était physique, intime mais pas d'une façon commune. Non, puisqu'une fois le rideau tombé, il partait, il lui laissait le silence, un lit vide. Il partait brusquement mais Sera lui pardonnait puisque chaque soirs elle le retrouvait et en tombait de nouveau amoureuse.

Un artiste à besoins de cette solitude pour créer, s'était-Elle convaincu. Mais là elle a besoins de se ressourcer. D'exister en tant que femme. D'avoir un amour qui comblerait le vide que son amant lui laisse, et qu'elle tromperait le soir venu, le rideau levé, le costume et le rôle endossés.

Serait-elle infidèle, non. Juste amoureuse de deux personnes. Son amour et son métier. Voilà que je suis polygame se met-elle a penser pour ironiser le tout. Je prends tout ça trop au sérieux, il est grand temps que je me détende, finit-elle par conclure. Elle enfile une tenue adéquate à tous les jours avant de se rendre dehors pour attendre Stéphane qui doit passer la prendre pour se rendre à la salle et finir les essayages.

**
Pourquoi ils veulent me mettre en compétition avec Sera, se demande Gialla. La jeune chanteuse à un profond respect pour la femme qui fait tant peur à son producteur. Elle la connaît sans la connaître, déjà par ses chansons comme toute la France mais Gialla se sent privilégiée car ce n'est pas tout le monde qui a déjà échangé un sourire avec la chanteuse préférée des français, Sera.

Certe Gialla aussi vient d'être sacrée du même titre mais peu importe. Ce n'est pas une raison pour jouer à fond la carte de la compétition. Mais Alan, producteur endiablé à les mots pour la pousser.

Au fur et à mesure Gialla se voit insufflée d'une rage d'être la meilleure. Tu n'es pas arrivé jusque là pour finir écrasée sous la concurrence, lui bassinait chaque jour Alan. Elle finit par y croire. Ce métier pouvant être féroce si l'on se laisse faire et ce n'est pas le moment, la jeune chanteuse populaire et au début de sa carrière. Un élan qu'elle ne doit pas gâcher.

-- Vous avez une émission ensemble demain, rappel Alan à sa jeune protégée les yeux rivés sur le planning de la semaine.

-- Oui je sais ça fait une semaine que tu me le répètes Alan. Je sais pas si t'as remarqué mais je retiens bien les paroles et je n'ai pas besoins de prompteur comme certains.

Le producteur apprécie l'esprit de compétition qu'il avait pris soins de façonner chez sa chanteuse. Tant qu'elle garde cette rage là avec les autres, il n'avait rien à redire qu'elle s'entraîne sur lui.

En public ou en coulissesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant