Chapitre 9 (réécrit)

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Elles se pensaient différentes, elles pensaient ne pas avoir droit à l'amour. Alors elles ont été cherché une autre forme d'amour, celui du public. Mais c'est un amant jaloux. Et peut-être peu compréhensif face à un amour qu'il ne tolère pas toujours.

Pour l'instant elles ne peuvent que se fier à ce que les journaux racontent pour connaître l'atmosphère du public. Mais le problème c'est que ce n'est pas une source fiable. Il faut s'en contenter puisqu'elles n'ont pas encore mis un pied dehors depuis.

Le 24 avait plutôt mal commencé, mais il s'est terminé en conte de fée.

Enlacées devant la cheminée qui accordait un teint dorée aux amoureuses. Ce réveillon était le plus beau qu'elles aient connu jusque-là.

À la fin de la journée, elles n'avaient pas pu se résoudre à le passer chacune de leur côté, dans leurs familles respectifs.

Elles n'ont pris aucun appel. Seulement celui de leur regard qui demandait la seule et même chose. Être ensemble. S'aimer. Se réchauffer.

La nuit s'est écoulée de cette manière, avec douceur. Écartant toute la culpabilité qui régnait dans leurs esprits lorsqu'elles ont pris ce parti : ne pas se laisser abattre et s'affirmer. C'est une preuve d'humanité, d'humilité. Savoir se remettre en question même si le monde est à leurs pieds, même si chaque soirs elles sont adulés. Rien n'est jamais acquis.

Les volets étant clos. La seule précaution qu'elles aient prise pour repousser les photographes.

Ce matin nous retrouvons deux femmes qui ont enfin songé à leur bonheur. C'est sans compter sur la virilité mal placé d'un homme qu'elles ont contrarié.

Stéphane sonne à la porte. Sera jette un oeil par un petit trou dans les volets de la fenêtre de sa chambre pour s'assurer que c'est effectivement lui.

-- J'y vais, lance Gialla décidée à se débarrasser d'un obstacle à son bonheur.

Sera la retient par le bras.

-- Non.

Petites salopes, je sais que vous êtes là.
La voix de l'homme résonne dans la rue.

-- Pourquoi ? Je ne le laisserai pas faire Sera !

-- Il a bu, il divague. Tu restes là ma chérie. On va simplement attendre qu'il reparte.

-- Je pense sincèrement qu'il n'a pas besoins de la boisson pour dire des saloperies. Et puis sobre ou bourré, je n'en veux pas sur notre palier.

-- Patiente mon amour, je ne supporterai pas qu'il te fasse quoique ce soit et moi je n'ai pas le courage de voir sa face de poubelle. On va simplement attendre qu'il parte. Après on sera tranquilles.

-- J'espère que tu as raison, mais si dans dix minutes il est toujours là a aboyer, il va m'entendre.

Sera rassure Gialla en passant ses boucles entre ses doigts. Ses yeux pétillent. Elle est si belle.

Malheureusement, l'homme s'acharne sur la porte, guidé par un orgueil trop mal placé. Il donne des coups à s'en faire saigner le poing. Quelle sombre et ridicule image.

-- C'est trop, on ne peut pas laisser faire ça ! Ça fait une heure Sera !

-- J'y vais.

-- Non, je sais bien que tu n'as pas la force de le voir pour le moment, tu es trop à vif.

-- Je ne devrais pas ? Après tout ce qu'il se passe ...

-- J'ai pas dis ça.. mais laisse moi y aller... Comme ça ce sera réglé et on n'en parle plus...

Sera ne contredit plus son amoureuse. Sa proposition lui paraît tellement simple. "Comme ça ce sera réglé et on n'en parle plus..." Elle en a tellement envie de ce calme. Presque illusoire. Trop facile pour être vrai.

Et effectivement...

La raison lui revient.

Elle se lève d'un bon, en pyjama, dévale les escaliers en catastrophe. Elle ne peut pas laisser Gialla avec ce fou. Comment peut-elle y avoir songé ne serait-ce qu'une seconde ?

L'appel du calme étant vraiment tentant, mais, moins innocente que Gialla, elle sait bien que ça ne se réglera pas comme ça. Pas si facilement.

Avant que Gialla ne puisse ouvrir la porte, Sera la tire en arrière, et le fait à sa place.

La porte s'ouvre sur une bien triste scène. Une entrée pour le moins fracassante... dans le mauvais sens.

Pris dans un élan semi-conscient, l'homme ne retient pas son coup. Son poing venant se cracher sur la figure de Sera. La chanteuse sentit un liquide chaud couler de son nez.

Sous le choc, elle ne peut parler. Gialla enragée, hurle à Stéphane de dégager. Ce qu'il fait sans rechigner. Un vrai lâche.

-- Ma chérie, assied-toi là sur le canapé, et ne bouge pas mon amour, je vais m'occuper de toi. Je vais panser tes blessures.

Des larmes commencent a perler sur les joues de Sera, que Gialla s'empresse aussitôt de sécher, en lui déposant un baiser.

En faisant tout le nécessaire pour sa bien-aimée.

Son bonheur.

Sa fierté.

Sa douleur.

Refoulée.

En public ou en coulissesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant