«JiMin, il faut que l'on joue ensemble... À nouveau.
—Pourquoi ?Je me mordis instantanément la lèvre inférieure, me rendant compte de la stupidité de ma question. Une envie, ça ne s'explique pas. Mais au fond, j'étais curieux de la réponse qu'il allait me donner. Est-ce qu'il avait apprécié être accompagné sur la place la dernière fois en fin de compte ?
—Tu joues bien.
Vraiment ? Je ne sais pas si au fond je suis flatté ou déçu à présent. Mon changement d'humeur m'empêcha de répondre ne serait ce qu'un simple "merci" et je me retournai face contre le mur. J'agis si puérilement que je le regrette déjà.
— Demain, tu viendras avant ton cours, comme d'habitude ? On essaiera un truc ensemble.
— D'accord. »Je soupirai, toujours dans la contemplation des briques salies du mur. Il avait remarqué que je squattais le couloir avant mon cours. Il a dû me prendre pour un pauvre gars qui n'a rien d'autre à faire de sa vie que d'être plus en avance qu'à l'heure, ce qui est, après tout, l'impression que cela doit dégager. J'avais beau faire cela sans un soupçon de honte avant, j'en étais désormais plus qu'embarrassé ; vraiment YoonGi, arrête d'être aussi gênant. J'eus seulement un déclic après une poignée de secondes. Il m'avait donné rendez-vous, d'une certaine manière, et j'avais accepté sans vraiment prendre le temps d'y réfléchir alors que cela demande en général, de l'hésitation. J'espère que cela n'a pas paru trop direct. Afin de tâter sa réaction bien que cela soit un peu tard maintenant, je dirigeai mes pupilles vers lui. Ses yeux de félin roulèrent vers moi avec une aisance presque gracieuse. Son faciès était neutre. Je m'abandonnai un moment dans le détail de celui-ci puis me décidai à dire quelque chose, histoire de ménager le silence, bien qu'il ne soit pas spécialement dérangeant. Évidemment, pas de la même manière que lui la première fois.
«Tu as l'habitude de graffer ?
—Pas ici, ni avec toi, mais oui.Je ris nerveusement avant de continuer.
—Ça se voit.»
Il acquiesça simplement, un léger sourire aux lèvres. Je ne manquais pas d'envie de continuer la discussion mais ce sont plutôt les idées qui me faisaient défaut. Je ne voulais pas non plus continuer sur tout et n'importe quoi et finir par passer pour un con.
Le crachottis des bombes commençait à me bercer et mes yeux me piquaient, divagants ; Mais je n'avais pas fini. Je commençais tellement à fatiguer que je me mis à bâiller avec nonchalance. Malheureusement, lorsque l'on tague et que l'on baille, on avale de la peinture, ce n'est pas nouveau. Je me mis alors à tousser sèchement pendant de bonnes minutes, regrettant de ne pas avoir mis de masque, ce à quoi YoonGi avait pensé d'ailleurs vu qu'il en avait mis un entre temps.
Quand je m'arrêtai, je pus remarquer qu'il me tendait celui ci, certainement depuis quelques secondes. Avec hésitation, je le pris et le mis, tandis qu'il en sortit un second de son sac qu'il appliqua sur le bas de son visage également. Le fait qu'il était habitué à taguer était désormais plus que flagrant.Le tissus de son masque avait été réchauffé par sa respiration et diffusait sa douce chaleur sur mes joues griffées par le froid. J'humidifiai mes lèvres légèrement asséchées. Les siennes occupaient cette même place quelques secondes auparavant, quand moi je me tuais la gorge honteusement. J'aurai aimé pouvoir dire que j'aurai préféré être seul, mais ce n'est pas le cas.
Je finis par ajouter détails, ombres, reflets. Après quelques coups de bombes, je jetai un regard vers YoonGi qui, du bruit qui me venait, avait fini et rangeait ses affaires. Un frisson grimpa dans la lenteur d'un souffle froid le long de mon dos, un frisson de solitude. Il allait partir, et, même si je savais pertinemment que j'aurai la chance de le revoir, de passer à nouveau du temps avec lui le lendemain, je ne pouvais empêcher ce sentiment de solitude me submerger à cette même vitesse essoufflante.
Pourtant, je ne pouvais porter à nouveau mon regard dans le peur de voir une zone d'ombre dénuée de vie.Le bruit réitérant d'une bombe fit directement redescendre ce mouvement de stress. J'attendis cinq minutes avant d'aller voir ce qu'il faisait, ayant changé d'endroit, emportant son matériel pour s'enfoncer dans les ténèbres un peu plus denses du fond du parking. La lumière de son téléphone m'y guida très facilement.
«Mais putain Yoongi, qu'est-ce que tu fous ! »
Étant agenouillé, il releva simplement le regard vers moi, l'air complètement incrédule. Je le poussai pour l'écarter et pouvoir définitivement voir ce que j'avais entrevu.
«Qu'est-ce qui te prends ? On va se faire défoncer si quelqu'un s'en rend compte avant qu'on parte.»
Ses orbes toutes luisantes d'insensibilité et son obstination au mutisme me mirent rapidement hors de moi même. Mes pupilles firent nerveusement des allers retours entre lui et ce qu'il avait fait. Il avait commencé à peindre sur une des voitures garées sur le parking, n'étant pas dans cette situation, cela m'aurait drôlement fait marrer, mais pas maintenant. Sincèrement, pourquoi ? Il se manifesta finalement, m'offrant un ricanement désagréable sur le moment mais qui me fit sourire malgré tout.
«Ça va hein, va pas nous faire un AVC.»
Il continua de rire de sa connerie sans pour autant arrêter de bomber, finissant par m'entraîner également dans son délire, car après tout, quitte à finir dans la merde, autant y aller à deux.
***
Les sirènes hurlaient désormais loin derrière nous et seuls nos matériels respectifs qui cliquetaient au rythme de notre course effrénée qui durait depuis de longues cinq minutes résonnait. Nos pas paraissaient si silencieux, trottinants sur les pavés irréguliers et humides de ces ruelles paumées qui zigzaguent dans l'ombre certaines parcelles de Séoul. Pourtant l'atmosphère ambiguë était loin d'être pesée de malaise. Je jetais régulièrement, et peut être un peu trop souvent d'ailleurs, des coups d'œil en direction de YoonGi, qui avait cessé sa moquerie, essoufflé par ses premiers ricanements en début de course, mais qui n'avait pas perdu son sourire en coin pour autant. Je ne sais absolument pas où nous allons, mais j'ose espérer que lui en a conscience, car à le suivre aveuglément depuis tout à l'heure, je vais finir par devoir payer un ticket de bus pour retourner chez moi.
La pluie fine qui brumait et s'affolait autour des lumières de lampadaires s'alourdit et vint ruisseler le long des bâtiments et se glisser sur nos pauvres silhouettes. J'en avais assez de continuer de fuir sans plus aucune raison et l'envie de l'abandonner me brûlait, mais je ne me pouvais tout bonnement pas m'y résigner. De plus, ce n'est pas comme si il m'accordait de l'attention comme je le fais. Il avançait comme si il était seul.
Sans m'en rendre compte, nous arrivions dans un quartier moins délabré et Yoongi s'avança dangereusement vers un immeuble et à ce moment là, je ne pus douter que c'était là où se trouvait son appartement. Alors c'était fini ? Je me sentis automatiquement extrêmement gêné de me retrouver au pied de son "lieu de vie".
«Je pensais pas que tu étais du genre à t'incruster chez les gens.
Yoongi s'était retourné et me toisait, avec ses yeux de chats plissés que les gouttes coulant de ses cheveux esquivaient pour rouler sur ses tempes puis le bord de son visage. Mon coeur se serra.
—C'est bon, je repars.
—Non, pars pas. Je t'ai invité de toute façon.
—Vraiment ?
—Tu ne m'en as pas laissé le temps. Mais je comptais le faire.»Je pinçai mes lèvres, le regardant également. Il a vraiment un caractère particulier ; En temps normal, ce genre de dialogue m'aurait coupé l'envie de le suivre. Mais là ce n'était pas le cas, non.
Il tapa le code dans un bruit électronique et dans une vibration, la porte du hall s'ouvrit. Du regard, il m'invita à rentrer, ce que je m'empressai de faire. La porte se referma d'un claquement sec derrière moi, il secoua ses cheveux une fois à l'intérieur et pris les devants pour monter. Je le suivis sagement, bien que timidement.
Au troisième, il ouvrit la porte qu'il n'avait même pas pris la peine de fermer plus tôt apparemment et jeta ses affaires dégoulinantes à l'entrée.«Pizza, ça te va ? »
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It's Been So Long • (YoonMin)
FanficL'un joue tellement bien que l'autre le jalouse. Qui aurait cru que l'image qu'il avait de lui cachait une réalité si terne ?