Part. 19

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Je changeai de position pour une cinquième fois, accompagnant mon mouvement d'un soupir las. Mes doigts fouillèrent les draps sans trouver une quelconque prise confortable. Plus les minutes passaient et plus les questions arrivaient, se bousculaient et s'emmagasinaient dans ma lourde tête.

« Pourquoi ? Pourquoi ? Comment ? Pourquoi ? Pourquoi JungKook ? »

Alors que je tentais de me canaliser afin de ne pas me précipiter dans mes émotions et rester relativement terre à terre, ce que mon imagination peinait bien à réaliser, je tirai une énième fois sur mes racines capillaires, m'arrachant une petite douleur pas bien méchante. Les réponses n'étaient pas au rendez vous.

Comme à chaque fois, il fallut qu'un événement extérieur m'interrompe dans mes pensées trop troubles. Les vibrations de mon téléphone se réverbaient dans mon matelas de manière désagréable, je tâtonnai alors à sa recherche jusqu'à ce qu'un claquement me surprenne et m'indique qu'il venait de tomber au sol. Je le ramassai en gromellant, constatant d'abord s'il n'était pas cassé puis l'allumai pour voir s'il était encore fonctionnel. Heureusement, il l'était, mais ce qui m'alarma le plus était l'appel manqué de YoonGi qui s'affichait à l'instant. Merde. Je le rappelai aussitôt.

« Allô ?
- C'est JiMin, tu viens de m'appeler ?
- Ouais...
- ...

Un silence s'installa.

- Tu veux ta veste ?
- J'aimerais bien oui, tu veux la tienne ?
- Euh... Ouais ?

On était vraiment pitoyables.

- Je sais pas où t'habites aussi, envoie moi ton adresse par m-
- Non pas la peine, je passe chez toi. Ça te va ?
-Ouais ouais, je vais attendre alors.»

Je raccrochai directement, mettant fin à cet horrible mais pourtant court échange. Je pris la veste, la fourrai dans un sac plastique et entamai la route jusque chez YoonGi d'un pas précipité. Je n'avais vraiment pas envie de le revoir après ce qui s'était passé mais au moins, ce n'était pas chez moi. Je ne voulais pas le savoir en capacité de venir chez moi n'importe quand si je lui avais refilé mon adresse. M'imaginer cela me fila la chair de poule. Le scénario avec comme acteur principal un pianiste ivre repassait dans ma tête et à chaque boucle, imprimait encore plus la peur naissante que j'éprouvais à son égard. Oui, YoonGi m'effrayait désormais.

Je n'imaginais pas être du genre à psychoter avant, mais là, je devais me forcer de l'assumer, j'étais vraiment devenu parano. Je suis sûr que c'est ce genre d'expérience qui pourrait rendre un gay hétéro... Je soupirais. Bien sûr que non, la chose n'était pas si grave, je n'étais rien qu'un poussin mouillé -voire trempé- traumatisé par sa première expérience face aux effets de l'alcool. Je me prenais la tête pour trois fois rien. La personne qui m'ouvrira la porte sera totalement sobre et en parfait état psychologique, je n'avais rien à craindre...

J'avais beau m'être autopersuadé le long de la route, j'étais pris de petits tremblements de peur totalement inopinés. Alors je restais là, bras ballants, le sac plastique dans la main droite à contempler l'interphone et le code de l'appartement. Par je ne sais quel moyen, je me souvenais parfaitement du code pour rentrer
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mais je n'osais pas le taper. Serait-il préférable de sonner ? C'était plus logique. J'appuyai alors sur le petit bouton rond décoré de l'étiquette indiquant "Min. Y" et aux coins abîmés. J'attendais dans le vent. Il ne répondait pas et mes mains tremblaient de plus en plus ; de peur, de froid, de colère, d'indignation.
Je l'avais prévenu, que faisait-il ?

C'en était trop et je finis par céder à l'impatience qui me montait au nez, ignorant l'interphone pour saisir ce fichu code ce qui fit instantanément ouvrir la porte du rez de chaussé où je rentrais en trombe. Je serrais les dents, essayant de faire redescendre l'énervement avant de faire face à YoonGi qui, s'il n'est pas absent, ne comprendra certainement pas pourquoi j'étais aussi remonté.

Après avoir gravi les marches, je me retrouvais devant la porte où mon poing s'abattit. Je m'étais fait mal je l'avoue, mais au moins, il ne pouvait pas m'ignorer après ça et me laisser sur le palier.
Après quelques secondes, des pas se firent entendre puis la porte s'ouvrit. YoonGi se mit sur le côté en tenant la porte, m'invitant à rentrer.

« T'as fait vite. »

Je souris et répondis à l'affirmative. Je rentrais et nous nous installions dans la cuisine. En parlant vaguement, je promenais mon regard sur le plan de travail. Les deux verres, dont l'un avec des glaçons fondus aux trois quarts m'intriguaient et cela n'échappa pas au brun, peut être avais-je trop fixé.

« C'est TaeHyung.

J'ouvris des grands yeux. La phrase soufflée par le châtain à travers la porte de la salle d'accoustique, quelques jours auparavant, me revint en mémoire et impacta terriblement mon humeur. Je me rappelais les ecchymoses sur son corps frêle. YoonGi restait neutre, un peu plus fermé, il laissa juste échapper :

Oh, tu es au courant on dirait.»

Il était froid, cela me donnait immédiatement la sensation d'être coupable, comme si j'étais celui qui avait marqué son ami. Je ne savais plus quoi faire. Mon cœur se serrait, peut être par compassion en plus de cette sensation stérile de culpabilité. La nausée me montait, pour une raison inconnue, c'était plutôt l'accumulation de toute l'anxiété de ces derniers jours, le Bad mood qui me tordait le ventre. Je pris un lourd appui sur la table devant moi, tentant de me lever sans y parvenir tellement je me sentais faible et lourd à ce moment. Encore une fois, cela n'échappa pas au pianiste et il me toisa, tout en restant à sa place, calme en apparence.

Dans une pulsion incontenable, je me levais finalement, courant gravir les escaliers pour m'enfermer dans la salle de bain de l'étage, l'une des seules pièces que je connaissais assez bien pour pouvoir m'y isoler. Mon cœur battait étrangement, il était lourd, j'avais mal, j'avais la gerbe.

« Pourquoi ? Pourquoi ? Comment ? Pourquoi ? Pourquoi JungKook ? »

It's Been So Long • (YoonMin) Where stories live. Discover now