J'ouvris les yeux péniblement, poussant un soupir qui réveilla le silence dont la pièce était pleine. J'entendais les bruits de vaisselle depuis plusieurs minutes maintenant et ce temps m'a permis de me rappeler que ce n'était pas chez moi. Je tournai la tête sur le côté, emplissant mes narines de la bonne odeur dont était imprégnée les draps puis me préparai mentalement à me lever. La pièce était claire malgré l'absence de fenêtre, puisqu'elle donnait sur la pièce à vivre. Mes orteils se risquèrent craintivement à effleurer le sol mais celui ci n'avait pas une température si désagréable comme j'aurai pu l'imaginer. Appréhendant la descente des escaliers de Satan, je préférais surveiller l'activité d'en bas depuis la petite rambarde qui délimite le bord, pour le moment.
YoonGi s'affairait en cuisine mais la pièce étant cloisonnée, je ne pouvais qu'apprécier les sons qui me venaient de son activité. Il traversa le salon sans me voir pour disparaître de l'autre côté. Je feignis de me pencher pour le suivre des yeux mais mon torse nu contre la barre de métal me fit rapidement déchanter. Privé de spectacle, je partis à la recherche du T-shirt blanc de mon hôte que j'avais enlevé pendant la nuit à cause de la chaleur de la chambre. Les draps blancs, eux aussi, semblaient l'avoir englouti. Je refis le lit avant de descendre, sans l'objet de ma quête.
La cuisine comme le salon était vide, un petit déjeuner était prêt sur le plan de travail mais je n'étais pas sûr qu'il m'était réservé alors je préférais attendre le retour du brun. Il arriva peu de temps après, je sortis de la cachette cuisine pour lui dire bonjour et lui signaler ma présence par la même occasion. Il apportait mes vêtements de la veille qu'il avait visiblement lavés et pliés méticuleusement et qu'il s'apprêtait à déposer sur le canapé. Il me regarda fixement pendant quelques secondes avant de me les tendre, tout sourire.
Je baissais les yeux sur ma personne, éblouit par son adorable rictus, dès le matin.Il suivit mon regard, s'attardant sur mon torse sans se soucier de rester discret. Même sans fondre dans ses pupilles brûlantes, je pus percevoir cette même envie dévorante, savourant et grappillant chaque parcelle nue de ma peau, lui mon torse, moi son cou dénudé par l'ampleur de son col. Pourtant, il tourna violemment du regard, projetant contre mon torse le haut qu'il me tendait auparavant, me forçant par la même occasion à le rattraper par réflexe.
« Rhabille toi, souffla Yoongi.»
Il fronça les sourcils, l'air sérieusement ennuyé puis tourna les talons pour se terrer dans la cuisine, me laissant seul, et n'ayant même plus la force d'enfiler le haut que je tenais pourtant en mains.
«Bonjour à toi aussi, oui, j'ai bien dormi... Soupirai-je.»
Les larmes me montèrent aux yeux, je les refoulai en passant mon vêtement. C'est certainement parce que c'est le matin que ce genre d'attitude m'afflige autant puisque hier soir encore je la trouvais très attirante. Mes joues brûlèrent, se remémorant ses yeux sur les fins traits de mon buste, que je m'empressai de recouvrir, sous sa demande. Pourquoi fallait-il qu'il réagisse si brutalement ? Je suis persuadé que nous sentions tous les deux cette même attirance à ce moment là. Mes yeux ne me tromperaient pas quand même.
Me trouvant désormais en tenue décente, je le rejoins discrètement en cuisine où il était simplement assis sur un tabouret de bar, accoudé à la table et les yeux aspirés par les tourbillons de son café. Je me retrouvais à nouveau dans cette situation, l'envie retenue du bord des lèvres de commencer une conversation mais l'esprit tellement tiraillé que je ne pouvais à peine réfléchir à quels mots prononcer.
""
Comment je pouvais commencer ? Avec un "Ça va ?" banal ? Certainement. Je m'apprêtais à prononcer ces deux mots, mais il me devança.
"Je suis gay. Toi aussi n'est ce pas ?"
""
C'était comme ça que ça s'était passé la fois dernière. Alors que son annonce m'avait semblé prendre tout son sens seulement cinq minutes dans le passé, tout s'écroulait à nouveau et le mystère autour de sa personne se reconstruisait plus solide qu'avant encore.
« Tu aimes le café ?
Ma question était idiote, à nouveau, puisqu'il en buvait, mais le fit sourire, encore une fois.
—Non, pas vraiment. Mais tout le monde dit que ça me va bien les habitudes de drogué de caféine, alors j'en bois.
Je pouffais et reportais l'attention sur le mini buffet qu'il avait préparé comme petit déjeuner et qui me redonna du baume au cœur. Il avança une tasse de chocolat chaud du bout des doigts vers moi, ayant certainement deviné à ma question et son ton que j'avais encore mes goûts enfantins pour le sucré.
—C'est vrai que ça te va bien.
Il releva les yeux, les lèvres encore pincées sur le bord de la tasse et s'étirant lentement. C'était ce genre de matin doux dont j'avais décemment besoin tous les jours. Sitôt leur contact avec la tasse perdu, sa langue vint les humidifier. Je m'étouffai avec ma boisson à la vue de cette action. Il rit.
—Il va être neuf heures, tu veux que je t'amène à la FAC ? »
J'hochai la tête entre deux gorgées. Puisqu'il y avait étudié, je n'avais même pas de soucis à me faire quant à l'adresse que j'étais loin de connaître par cœur.
๑
J'ouvris la portière du côté passager et enfilais mon blouson avant d'attacher ma ceinture. J'étais salement en retard mais ça ne me tracassait étonnamment pas plus que ça. Et puis, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi même de toute façon, même si j'avais été un peu forcé à ne pas rentrer. D'ailleurs, se proposer de me conduire était extrêmement sympathique, peut être qu'il voulait compenser sa demande d'hier soir, ou son attitude de ce matin. Je ne sais pas. Il se laissa tomber dans un claquement, côté conducteur, et démarra aussitôt.
Je passais les cinq premières minutes de la route à l'observer de profil, étant bien plus intéressant que le paysage urbain habituel qui défile sous les fenêtres de mon bus tous les jours.
« Arrête de me mater comme ça, on va avoir un accident.
Mon visage changea directement de couleur
—Arrête d'être beau alors.»
Je me résignai à regarder la rue, une moue enfantine imprégnée au visage. Il avait beau me contrarier, je m'exécutais tout le temps. Arrivé devant l'établissement, il continua pour s'arrêter quelques mètres plus bas. Je m'apprêtais à sortir en le remerciant quand je le vis sourire, puis indiquer sa joue de l'index.
« Les coutumes de bonne nuit ne s'appliquent que la nuit !
Je sortis sans le perdre du regard, fier de pouvoir enfin me faire désirer.
—Merci de...
—Il fait nuit en Europe, pas vrai ?
—Non, c'est aux States à cette heure ci, dommage !»Je filai avant de céder à ses tentatives, lui dirigeant narquoisement un signe de main avant de quitter son champ de vision.
Comment je pourrais lui dire à quel point je l'aime ?
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It's Been So Long • (YoonMin)
FanficL'un joue tellement bien que l'autre le jalouse. Qui aurait cru que l'image qu'il avait de lui cachait une réalité si terne ?