Un voyage dont on ne revient pas

Chapitre 14

14- Interlude en solitaire

Le temps passait lentement à l'école de Poudlard. Le ciel ne semblait pas pressé de laisser derrière lui les dernières lueurs d'un été tardif. Les jours, bien que de plus en plus raccourcis, s'étiraient en longueur.

Hermione songeuse regardait le temps suivre sa course au ralenti depuis l'appui d'une fenêtre d'un couloir rarement visité du septième étage.

Septembre s'était achevé difficilement et octobre ne semblait pas plus motivé. Elle avait été pleine d'optimisme mais les cours qu'elle revoyait la plongeaient dans un ennui profond qui n'aidait pas à accélérer la course du temps. Et le fait qu'elle ait dépassé depuis longtemps les tracas de l'adolescence que connaissaient tous ses camarades lui faisait parfois perdre patience.

Elle s'isolait de plus en plus et dans ces moments là, elle se morfondait alors du fait que son projet n'avançait en rien et que Tom Jedusor paraissait toujours être cet enfant sombre et trouble. Il ne lui adressait la parole qu'en dernier recours lors des cours de potion et sinon il restait distant et silencieux. Froid. Elle n'arrivait pas à l'aborder, et ne savait comment provoquer un rapprochement avec le jeune homme. Il lui arrivait de lui parler, mais une fois ce temps fini, il redevenait aussi fermé qu'avant comme si ces quelques instants n'avaient jamais eu lieu. Elle était perdue et perdait espoir.

Le seul point positif qu'elle voyait dans sa vie actuelle était l'espacement de ses crises. Celles-ci restaient violentes mais plus dispersées dans le temps.

OoOoO

Elle secoua la tête pour se changer les idées. Il fallait bien avouer qu'elle ne faisait pas que se morfondre, elle profitait également de ce temps pour penser aussi, tout simplement, que ce soit pour imaginer un avenir meilleur - ce qui ne manquait pas de la déprimer quand elle songeait à sa stagnation - ou bien à des questions et idées sur la magie et le monde qui venaient éveiller sa curiosité et sa soif d'en savoir toujours plus, elle passait aussi du temps à se souvenir de ses amis pour ne pas oublier leurs visages craignant que ceux de ses nouvelles amies les remplacent doucement, à songer à l'agitation joyeuse de Poudlard, aux dernière rumeurs... Mais malgré tout, elle passait plus de temps à se morfondre qu'autre chose. Même si pour le moment un autre sujet était venu la préoccuper.

Elle soupira... Tous les élèves ne parlaient plus que du bal d'Halloween... Il aurait lieu le 31 octobre, soit trois semaines plus tard, il était pourtant dans toutes les bouches. Les plus jeunes regrettaient de ne pouvoir aller à Pré-au-Lard tandis que les plus grands parlaient, des étoiles plein les yeux, de la tenue parfaite qu'ils avaient acheté, sans en dire trop afin de laisser l'effet de surprise intact.

Il s'agissait évidemment d'un bal costumé...

Aussi futile que soit cet évènement pour elle, elle ne pouvait pas s'empêcher d'y penser. N'ayant pas d'autorisation pour aller à Pré-au-Lard et refusant que ses amies se chargent de lui acheter une robe elle avait décidé de se déguiser en noble dame du Moyen-âge, ou autrement dit, en Helena Da Silva ou devrais-je dire Serpentard.

Hermione avait fait des recherches sur elle, désormais son nom était beaucoup plus présent dans les livres d'histoire de la magie. On retrouvait même quelques gravures. Elle avait, en vain, cherché si un tableau la représentait, elle aurait aimé parler avec Helena, aussi limité que soit la conversation d'une peinture... Mais Poudlard était si grand et tant d'endroits étaient inaccessibles...

OoOoO

Hermione ne parvenait pas à savourer les délices de la paix. Elle savait comment se finirait les grands évènements mondiaux qui se tramaient à cette époque. Elle savait que la seconde Guerre Mondiale, pas plus que la première, ne viendrait atteindre Poudlard et que c'est donc tranquille qu'elle pouvait dormir la nuit. Seulement, elle n'avait pas Ron et Harry à ses côtés et cela était la preuve suffisante que, pour elle, la guerre, sa guerre, n'était pas encore terminée. Et cette idée venait la hanter régulièrement.