Chapitre 9

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9- Une bien étrange soirée


Helena partit en courant à travers la grande salle, ou plutôt, Helena s'enfuit. Bousculant à tort et à travers les gens sans les voir, ravalant ses larmes pour que personne ne voie la totalité de son désespoir. Elle ne voulait pas qu'on l'arrête, elle voulait aller jusqu'au bout.
Mais si Helena ne prêtait pas attention aux gens qui l'entouraient, Hermione regardait chaque visage avec attention, prise de panique car la seule pensée qu'Helena émettait l'inquiétait, énormément ! Soudain elle capta un regard bien connu, et un déclic se fit dans sa tête et sans réfléchir vraiment elle profita de ce court lien pour crier mentalement aussi fort que possible, dans une sorte de légilimencie forcée un message bref mais clair.
« -TOM, TOUR D'ASTRONOMIE, SAUVE MOI ! »
Elle le répéta autant que possible durant le laps de temps où leurs regards se croisèrent et encore après en tentant de visualiser Tom et son regard noir si déstabilisant.
Tom Jedusor était son dernier espoir. Et cette idée n'avait rien de rassurant.

Helena montait les escaliers, la respiration complètement hachée et décousue par les sanglots, les larmes et l'essoufflement pourtant elle ne ralentissait pas. L'énergie du désespoir la poussait toujours plus loin et plus vite à travers les étages de Poudlard. Hermione sentait son corps protester, chaque pas, chaque inspiration était un supplice, ses poumons en feu et son cœur tambourinant et douloureux comme si un poignard y était planté.
Helena, totalement perdue dans sa douleur mentale, ne percevait plus rien des limites de son corps qu'elle poussait de plus en plus loin, à bout. Et c'est, presque, avec soulagement qu'Hermione vit l'entrée de la tour d'astronomie se dessiner au bout du couloir qu'Helena parcourait à grande foulée.
Au moment où elle s'engagea dans les escaliers Hermione perçut un cri à l'autre bout du couloir, un cri prononcé par une voix semblable à celle de Tom bien que plus mature. Aussitôt une immense bouffée d'espoir explosa en elle, elle avait réussi à le contacter, et il était venu, l'aider, elle.

Lorsque Tom avait atterrit, il ne savait comment, dans le corps et la tête de Salazar Serpentard, il y avait découvert une personne que ni lui ni personne ne devait soupçonner. Salazar était quelqu'un de très cérébral, à penser sans cesse à toutes les conséquences que la moindre action pourrait avoir afin d'être sûr de ne pas faire d'erreur. A chaque instant de chacune de ses journées, il se forçait à analyser le moindre de ses sentiments, la moindre de ses réactions, apparaissant au premier abord froid, pour ne pas dire glacial. Rien chez lui n'était spontané, tout était parfaitement calculé à la virgule près, lui interdisant toute impulsivité.
Ceci était le côté que les gens auraient pu deviner de Salazar Serpentard après l'avoir côtoyé.

Ce que Tom avait découvert ce jour là, c'était la couche encore au dessous, l'hypersensibilité de Salazar à l'encontre d'un millier de petites choses, sa façon de regarder chaque chose autour de lui comme si tout avait de l'importance. Et en effet, tout pour lui était important, il retenait et remarquait les moindres détails que ce soit dans le changement de quelque chose ou chez les gens. Et le fait d'observer les choses ainsi, avec un œil si ouvert lui permettait d'en savoir énormément sur les gens sans qu'ils ne s'en doutent.
C'est pourquoi, il n'avait pas été surpris par le départ précipité d'Helena après le théâtral petit discours de ce prétentieux de Godric. Il avait bien deviné la relation qu'entretenaient secrètement le Sieur Godric Gryffondor et la Dame Helena Da Silva. Mais Salazar n'avait pas non plus manqué les nombreuses autres relations secrètes de Godric. Et la seule chose qui aurait pu le pousser au mariage était un bâtard... Marianne de Montmagny était donc enceinte. Helena avait toujours été très amoureuse de Godric, il était donc normal que la situation lui soit insupportable, rien de surprenant.

Ce qui le surprit en revanche c'est l'étrange douleur à l'estomac qui le prit lorsqu'il croisa le regard d'Helena lors de sa fuite et ce qui se passa ensuite. Il sortit dignement de la grande salle en prétextant un besoin urgent, seulement jamais au grand jamais il n'avait voulu faire ça. Tom venait, d'une façon complètement inconnue de reprendre le contrôle de son corps, laissant la conscience de Salazar se dépatouiller avec ce mystère.
Dès que les portes de la grande salle furent refermées derrière lui, il entama le sprint le plus stressant de sa vie. Eliane avait piétiné son cerveau avec son message, broyant momentanément tout ce qui avait été lui, toutes ses pensées et ses envies ne laissant derrière elle qu'un champ de pensées dévasté, une panique et un besoin d'aider intense. C'était presque incontrôlable pour lui, et après un tel acte, il avait le sentiment que s'il ne sauvait pas Eliane ce soir cela l'obséderait jusqu'à la fin de ses jours. Incapable de se retenir, il ne put qu'y aller.

Un voyage dont on ne revient pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant