6. La visiteuse

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- Seigneur Legolas, les renforts sont arrivés.

L'Elfe sortit de la tente et vit avec un soulagement non dissimulé la troupe d'hommes envoyée par Aragorn. Enfin, il allait pouvoir prendre du repos. Cela faisait quatre jours qu'il n'avait pas fermé l'œil et avait veillé sans relâche. Une autre attaque leur aurait été fatale.

- Combien êtes-vous ? Demanda-t-il au commandant du bataillon qui s'avançait à sa rencontre.

- 976 exactement. Nous étions mille au partir du campement, mais avons été attaqués par des Orques.

- Bien. Je vous remercie.

Legolas retourna à l'intérieur de la tente et s'agenouilla aux côté du prince. Toujours inconscient, son corps était secoué de spasmes et son visage, couvert de sueur, était plus blanc qu'un linge. Si Eldarion mourait, jamais il ne pourrait se le pardonner. Aragorn lui avait confié la protection de son fils et il n'avait rien pu faire pour le sauver.

Autour du corps, trois Elfes s'affairaient. Ils faisaient bouillir des herbes, posaient des cataplasmes, changeait les bandages. Mais malgré tout cela, le jeune homme gisait encore entre la vie et la mort.

Jamais autant de soins ne sont déployés pour les simples hommes du commun, remarqua Legolas. Par manque de moyens, de temps, ou de place, ils sont souvent laissés à leurs tristes sorts, si quelqu'un ne se charge pas de leur donner le coup de grâce. On dit qu'en temps de guerre, tous les hommes sont égaux face à la mort, quelque soit leur naissance. Et pourtant, il n'est rien de plus faux...

- Legolas, vous devriez prendre du repos.

Détourné de ses pensées, l'interpellé posa son regard sur la petite Elfe rousse qui lui avait parlé. Elle était encore bien jeune, et pourtant, déjà très effrontée. En la regardant, il croyait voir sa mère. Cela ne cesserait jamais de l'étonner.

- Je crois que tu as raison Tamaë. Si Eldarion venait à se réveiller, ou ... si son état se dégradait, prévenez-moi au plus vite.

- Soyez rassuré, répondit-elle.

Il sortit de la tente dont l'atmosphère lui devenait insoutenable. Dehors, le soleil était à son zénith. Il fit rapidement le tour du camp et vérifia que les soldats étaient à leurs postes, et alors que, tranquillisé (autant qu'on pouvait l'être dans ce genre de situation), il s'apprêtait à regagner sa tente, il entendit des cris et des bruits de lutte. Il accourut aussitôt, craignant une nouvelle attaque. Il trouva au lieu de cela trois soldats, un Elfe et deux humains, tenant fermement une femme qui se débattait en poussant des hurlements perçants. Legolas n'aurait jamais cru de tels cris possibles !

- Qu'est-ce-qu'il se passe ? Demanda-t-il aux soldats.

- Nous avons trouvé cette gueuse en train de roder dans les parages. Elle nous espionnait, à coup sûr ! Répondit l'un d'eux.

Gueuse, elle en avait tout l'air. Des vêtements en lambeaux, des cheveux ébouriffés et emmêlés en une masse brune et difforme, des pieds nus, des ongles plein de terre, des yeux hagards... On ne pouvait même pas distinguer si elle était Humaine ou Elfe. Mais espionne, Legolas n'en était pas sûr. La jeune femme avait simplement l'air affamé et dérouté. Mais comment pouvait-elle se trouver seule ici, à plusieurs jours de marche de la cité la plus proche ? Cela était en effet étrange.

- Qui es-tu ? Lui demanda-t-il.

Elle ne répondit pas, trop occupée qu'elle était à se débattre pour tenter d'échapper à ses geôliers. L'Elfe vit qu'elle était effrayée, et qu'il ne pourrait rien en tirer de plus. Il ordonna aux soldats de la nourrir, de la vêtir et de lui trouver une tente où elle pourrait se reposer. Mais sous aucun prétexte elle ne devrait échapper à leur vigilance. Qui que ce soit, Legolas n'avait pas l'intention de la laisser partir sans avoir obtenu des réponses.

La Dernière larmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant