7. Un cadavre sous la lune

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Il chevauchait depuis plusieurs jours déjà dans une forêt interminable. Les soleils succédaient aux lunes, et les lunes aux soleils. Combien de temps s'était-il écoulé depuis leur départ ? Aria n'aurait su dire avec précision. Peut-être sept jours, peut-être huit. Elle se demandait si son frère avait eu sa lettre, s'il avait gardé son secret. Elle savait qu'il s'inquiéterait pour elle autant qu'elle s'était inquiété pour lui, alors qu'elle était encore au château. Le juste retour des choses.

Si ses calculs étaient bons, cependant, Eoden et elle ne devraient pas tarder à arriver au second campement. Celui d'Eldarion. Son choix s'était porté sur celui-là car il était plus proche de Minas Tirith que celui de son père. De là, sans se faire voir, elle espérait gagner la forêt de Fangorn. Parler aux Ents avaient toujours été le but premier de son expédition. C'était là qu'on avait aperçu les premiers monstres. C'était là également qu'elle allait pouvoir trouver des renseignements pour la suite de sa quête. Aria n'avait jamais vu d'Ent de sa vie, et elle frémissait d'excitation.

- A mon tour à présent ! Lui lança Eoden. Je suis meilleur que les dieux, et pire que l'enfer. Si les vivants me mangent, ils dépérissent. Qui suis-je ?

Depuis deux jours, pour passer le temps, ils se soumettaient l'un l'autre des énigmes, comme de vrai petits hobbits. Le garçon était assurément très fort.

Aria réfléchit un instant. Comme à son habitude, elle prenait les défis très à cœur. Il n'était pas question de donner sa langue au chat une fois de plus, alors que son ami menait de quatre points. Son doigt entortilla machinalement une mèche de ses longs cheveux sombres, comme toujours lorsqu'elle était pensive. Elle tenait les rênes de sa jument d'une main distraite, le soleil jouait avec le feuillage dense des arbres, et elle se sentait mille fois mieux ici, au grand air, qu'enfermée dans son château. En quelques mots, elle était heureuse.

- Rien ! La réponse est « rien » ,répondit-elle enfin, triomphante, tandis que son ami poussait un soupir dépité.

Ils s'apprêtaient à établir leur campement, comme tous les soirs, lorsqu'ils aperçurent quelque chose qui attira leur attention. Un cadavre. Pas un cadavre humain, non, heureusement. Mais un cadavre de loup. Bien que l'animal soit en état sérieux de décomposition, on pouvait voir encore qu'il avait été sauvagement déchiqueté. Ses entrailles se répandaient par quatre larges entailles d'une largeur trop importante pour avoir été causée par de simple griffes d'animaux. A part, peut-être celles d'un ours...

La jeune fille frissonna. Elle n'avait aucune envie d'être attaquée par un ours durant son sommeil. Pourtant, elle avait le pressentiment que quelque chose de bien pire rôdait dans les parages. Eoden l'avait senti aussi, et les chevaux commençaient à s'agiter à la vue et à l'odeur du corps gisant près d'eux. Ils décidèrent de laisser de la distance avec le loup, puis, quand ils estimèrent cette distance suffisante, attachèrent leur chevaux au tronc d'un chêne. Après avoir satisfait tous les appétits (bien que les rations soient strictement surveillées), la jeune fille se coucha tandis qu'Eoden assurait le premier tour de garde. Dans le ciel, la lune commençait à décroître...


La Dernière larmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant