10. Plus près du but !

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- Eoden, je crois que nous sommes arrivés, murmura la jeune fille en scrutant le camp qui se dessinait quelques centaines de mètres plus loin. Elle avait peine à contenir son excitation. Seule la fatigue d'un long voyage l'empêcha de sauter de joie. A ses côtés, le soulagement du jeune garçon était palpable.

Cependant, leur joie fut de courte durée.

- N'est-ce pas de la fumée qui s'élève du camp ? s'écria soudainement Eoden.

Aria reporta de nouveau son regard au loin. Ses ascendances elfiques lui avaient pourtant donné une très bonne acuité visuelle, mais tout à son excitation, elle n'y avait pas pris garde.

- Tu as raison ! s'écria-t-elle. Le camp est attaqué !

Les deux amis échangèrent un regard et lancèrent leur chevaux au galop en même temps. Que pouvaient-ils faire contre une armée de monstres ? Ils n'en avaient pas la moindre idée, Aria encore moins qu'Eoden car elle avait la fâcheuse tendance de foncer la tête baissée. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle était habile au maniement de l'arc, et encore plus à celui de l'épée, et que rester les bras croisés lui paraissait insupportable.

Mais plus les chevaux avalaient la distance qui les séparait du camp, et plus ils commencèrent à voir ce que l'éloignement leur avait caché : il n'y avait plus d'ennemis. Le camp n'était plus que ruines, tentes arrachées, amoncellements de corps, de morts et de blessés. Les survivants au massacre se pressaient en tout sens pour secourir les moribonds. Certains cherchaient des yeux un ami, un frère, un père ou un fils parmi les décombres.

Aria et Eoden s'arrêtèrent à quelques mètres du camp. La jeune fille hésita. Elle mourait d'envie de courir retrouver son frère, de s'assurer qu'Eldarion était bel et bien vivant. Il ne pouvait être mort... C'était tout simplement inconcevable. Cependant, il n'avait jamais été dans ses intentions de se montrer, car si elle était vue, son père en serait averti, on la ramènerait à Minas Tirith et tous ses efforts auraient été vains.

Elle regarda Eoden. Lui aussi avait des sujets d'inquiétude. Son père et son frère se battaient aux côtés du jeune prince. Peut-être faisaient ils partis des victimes tombées durant la bataille.

Finalement, ce fut lui qui prit les devants de l'opération, ne supportant plus d'attendre ainsi inactif.

- Je vais entrer dans le camp. Je me ferais passer pour un soldat de l'armée. Personne ne fera attention à ma manière de marcher, je n'aurais qu'à dire que j'ai été blessé durant le combat. Tu m'attendras ici, je t'apporterai toutes les nouvelles.

Bien que la jeune fille n'aimât pas s'entendre dire ce qu'elle devait faire, et encore moins rester passive alors que d'autres agissaient, elle accepta, voyant dans cette proposition la seule et unique solution.

Eoden lui confia son cheval et se dirigea vers le camp de sa démarche si particulière. De son côté, Aria sortit de son sac une plume et un petit encrier qu'elle avait pensé à emmener avant de partir. Peut-être réussirait-elle à donner sa lettre au messager en même temps que celles des soldats du camp. Cela faisait longtemps qu'elle brûlait d'écrire à son frère...

La Dernière larmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant