Dans un récit, le narrateur choisit la manière dont il raconte l'histoire afin de mettre en valeur tel ou tel élément. Il peut en particulier accélérer ou ralentir le rythme du récit de 4 manières :
- le sommaire, qui accélère le récit en ne présentant qu'une liste d'actions non développées, un résumé de périodes plus ou moins longues, ce qui permet de donner un rythme plus haletant ou de sauter des longueurs. Néanmoins, comme on rend plus difficile l'imagination des actions résumées, c'est à éviter tant que le lecteur n'est pas impliqué dans l'intrigue et les intérêts des personnages.
Ex. : dans Madame Gorgibus, de Lorrain, la journée-type de Mme Gorgibus, qui est résumée sur la moitié du conte, mais qui représente à elle seule plusieurs années de la vie du personnage, donnant ainsi de la vie du personnage une impression de grande monotonie, d'insignifiance.
- la scène, qui ralentit le récit en racontant en temps réel l'action, afin que le lecteur ait l'impression d'assister à la scène, comme au théâtre, par le recours au dialogue, ou la narration d'une suite d'actions brèves. C'est l'idéal pour impliquer le lecteur.
Ex. : l'agression des animaux de Mme Gorgibus, très détaillée sur l'autre moitié du conte, où les actions des garnements sont racontées de manière très vive, de manière à choquer davantage le lecteur par la cruauté représentée (l. 73-123).
- l'ellipse, qui accélère considérablement le récit en « sautant » des étapes, en n'évoquant pas une période plus ou moins longue afin de passer directement à une autre étape. Intéressant pour éviter les longueurs et frustrer le lecteur pour lui donner envie de découvrir ce qui s'est passé dans l'intervalle. A n'utiliser que quand le lecteur est déjà embarqué !
Ex. : la fin de Mme Gorgibus, « Mme Gorgibus put heureusement retrouver sa porte ; elle s'enfuit en criant à travers la nuit, mais son peu de raison sombra dans l'aventure. Mme Gorgibus devint folle, elle finit ses jours aux Petites-Maisons. ». Ici, en passant directement de la fuite de Mme Gorgibus à sa mort, le narrateur passe probablement sous silence plusieurs années de la vie du personnage, ce qui donne au lecteur l'impression que les garnements ont tué Mme Gorgibus par leur cruauté.
- la pause, qui ralentit considérablement le récit en l'interrompant par des commentaires, des descriptions, des digressions du narrateur. A utiliser avec intelligence car cela peut causer un décrochage du lecteur. Les adresses au lecteur, bien souvent, rompent l'illusion de réalité créée par le récit et nécessitent ensuite un nouvel effort du lecteur pour se replonger dans le personnage. Les descriptions, elles, si elles sont bien conçues, nourrissent le récit ou renforcent la consistance du personnage.
Ex. : dans Pierrot, de Maupassant, l'explication terrifiante du narrateur sur les marnières, qui interrompt le récit sur 17 lignes. Le rôle de cette interruption est d'augmenter la curiosité du lecteur pour la suite du récit et son indignation face à la cruauté du sort réservé à Pierrot.
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RandomGuide d'écriture pour écrivant débutant. Ce guide se compose de plusieurs parties : - une introduction pour nourrir votre réflexion d'écrivant ; - des fiches outils sur les différents aspects de l'écriture pour vous perfectionner ; - des explicatio...
