XIII - Désert
Le soleil impose sa chape de plomb et frappe de toute ses forces sur le paysage aride et sec que je côtoie aujourd'hui. Mes jambes sont lourdes, engourdies, j'ai l'impression de sortir d'un état comateux alors que ça fait déjà des heures que je marche sans but ni destination sur ce terrain inhospitalier. Je n'ai pas vu de signe de vie depuis des lustres et il n'y a aucun coin d'ombre sous lequel me reposer. Je n'ai pas le courage de me poser des questions, je me contente d'avancer sans rien ressentir. Je n'ai pas la force de réfléchir, cela me demanderait trop d'énergie et je préfère avancer, au moins je ne passerais probablement pas la nuit ici.
Mes pas se font tout seul et je me laisse porter par mes jambes qui avancent péniblement. Les gouttes de sueurs perlent mon front et tombent une à une sur le sol sec. Au fur et à mesure de mon avancée on remarque des gouttes qui suivent mes pas, comme un enfant qui sèmerait des cailloux pour ne pas se perdre, comme pour savoir, inconsciemment, d'où je viens. Le silence est roi dans ce désert que j'apprends à connaître au fur et à mesure de mon avancée. La chaleur doit assommer les animaux car j'ai bien l'impression d'être réellement seul sur le bord de cette route. Je ne vois aucun oiseau, aucun bovin, je me demande même pourquoi je n'ai pas encore aperçu de coyotes roder. Je regarde droit devant moi et je ne vois rien, juste la route droite et éternelle qui s'étend de son long sur probablement encore des centaines de kilomètres.
Épuisé, je m'assois sur un rocher brûlant, aux teintes rouges, frappé par les rayons du soleil. Je reprends ma respiration, je regarde un peu autour de moi et je soupire de ces efforts que je dois faire. J'ai l'impression d'être juste une âme qui vagabonde en ces lieux mortels, comme un fantôme coincé entre deux mondes, comme une âme en peine au milieu d'un cimetière. J'en ai marre. Je reste assis ici jusqu'à ce que la chaleur devienne insoutenable, et je reprends mon chemin. Je me sens vide, incomplet, je ne ressens rien, j'ai l'impression qu'il manque quelque chose, qu'il me manque quelque chose mais je ne sais pas quoi, et je n'ai pas envie de chercher. Ce qui compte finalement pour l'instant c'est d'avancer et peut-être que je trouverais en marchant.

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Contrastes
Short StoryQuelque part, c'est peut-être comme ça la vie, c'est pas blanc, c'est pas noir, c'est juste une nuance de tout.