La quatrième catégorie [Jeff the killer]

Epilogue

En y réfléchissant un temps, le corps sanguinolent à ses pieds lui donne envie de régurgiter son déjeuner, l'odeur poisseuse, les yeux bleus entrouverts.

Il s'épanche au-dessus du cadavre, plaquant deux doigts contra sa gorge. Absence de battements, morte. Et terriblement laide.
Le problème d'esthétisme en prétexte quant à son remous intérieur, il la préfère en vie.

- Tu es la première à refuser de me suivre, tu sais ?

Ses semelles salissent de traces sombres le couloir, cloche-pied, marelle imaginaire et monologue solitaire.

-Peut-être une bonne chose que tu aies refusé.

La froideur du dehors, et ses pieds se mouvant seuls, parce que ses pensées étouffent sa perception du réel.

Il rentre au refuge, chalet de bois chaleureux à l'apparence trompeuse, aux alentours d'un pont de pierre. Ravage du souvenir, il le contourne rageusement.

- Tu serais devenue terriblement banale.

Une blonde le salue, trop heureuse d'être spéciale à ses yeux, inconsciente de son sort.

Le couteau s'enfonce dans la chair, remue un peu. Le corps se fracasse dans un bruit sourd.

- J-Jeff. Tu...

- Ta gueule.

La gorge tranchée, travail impropre. Énervement profond. Il ne reste rien de la blonde vicieuse l'ayant séduit, il y a quelques semaines.

Elle est degueulasse jusque dans ses larmes et ses cheveux, qui collent au sang.
Il chantonne, couvrant les gémissements.

Un porc. Un porc qui couine.

- Me lasser du crime, me lasser de ces filles...

Le couteau balançait, entre l'index et le majeur. Amusement.

- Au final tu ne t'es même pas usée dans mon estime. Une première je t'assure !

La voix plafonne aux aigus.

-Pas comme cette pute d'Emma.

Puis soudain, incapable de sourire.

Il a une crampe à la mâchoire, s'auto-persuade-t-il, alors que les coins de ses lèvres sombrent en une grimace douloureuse.

- C'est ton dernier coup. M'empêcher de retrouver un esprit égal au mien.

La crampe à la mâchoire, encore, cuisante. Jusque dans sa poitrine, souffrance.