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- Tu as pensé à prendre ton dentifrice ?

Karen ne cessait depuis plus d'une heure de m'harceler. Elle avait peur que j'oublie quelque chose mais au fond cela ne la gênerait pas. Ça serait une occasion pour moi de revenir et donc de les voir. Karen est devenu une mère pour moi mais sans remplacer ma mère. Et je suis comme sa fille ou plutôt je suis sa fille.
C'est dur pour elle de me laisser partir si loin, ça l'est pour moi également mais j'en ai besoin. Cette ville me rappelle trop ma mère ainsi que mon frère aîné.
Demain matin je partirais accompagné de mes amis.

- Chérie tu as déjà vérifié au moins une vingtaine de fois ses valises.

Karen pouvait être parfois excessive dans ce qu'elle faisait comme avec mes valises par exemple. C'était une vrai maman poule. Ce repas était le dernier que nous passions ensemble. C'était agréable.

**

Je n'arrivais pas à dormir, j'étais beaucoup trop stressée. Dans quelques heures je prendrais la route. J'allais commencer une nouvelle aventure.
Je n'en avais parlé à personne mais si j'avais choisi cette faculté ce n'était pas seulement car les garçons y allaient mais également et surtout car elle proche de la prison. Celle où Kyle était enfermé. J'espérais le voir, il me manquait de plus en plus. Je tenais sa lettre entre mes mains. Ainsi qu'une peluche qu'il m'avait offert il y a bien longtemps. Je passais toutes mes nuits avec.

Une lumière m'éblouissais pendant une seconde puis revint encore. En m'approchant de ma fenêtre je vis qu'il y avait quelqu'un sous l'arbre. Dès que la personne me vit elle arrêta de jouer avec la lumière. Elle voulait donc me voir mais qui cela pouvait- il être ?
Je connue rapidement la réponse. Nate.
Il me fit signe d'ouvrir ma fenêtre et j'obéis. Quelques instants après il était là, dans ma chambre, devant moi.
Il était trempé mais en même temps il pleuvait dehors. Il allait attraper froid. J'alla lui chercher une serviette. Il l'accepta et retira aussitôt son haut. Je me sentie rougir. Je l'avais pourtant déjà vue ainsi, il se battait torse nu. Ses tatouages étaient si imposants si beaux tout comme lui en vérité.

- Que fais-tu là ?

Il était surpris de me voir lui parler. Et je pouvais comprendre. Mais je ne voulais plus être faible devant quiconque. Je voulais pouvoir regoûter un jour au plaisir d'être au près d'un homme. J'avais des séquelles mais je devais les guérir.

- J'ai appris que tu partais. C'est une bonne chose.

Je m'installa sur mon lit et il fit de même. Nous étions si proches.

- Pourquoi cela ?
- Depuis les conneries de Carter, des mecs veulent se venger sur toi.

Il ne me regardait pas, il observait ma chambre. Surtout les photos, des photos de ma famille, de mes amis, de mon passé.

- Je sais déjà ça mais ils n'en n'ont plus après moi.

Il laissa échapper un rire, il me regardait enfin. Pour fois, il n'était pas dur ou énervé. Il était normal. Presque heureux enfin je crois.

- Ces types ont jamais lâché l'affaire comme ce que semble penser ton frère. J'ai juste fait en sorte qu'ils ne fassent rien, je peux être persuasif quand il le faut.

Alors c'est pour ça que je n'ai jamais rien eu, il m'a protégé. Mais pourquoi ? Je ne suis rien pour lui si ce n'est la sœur d'un de ses potes. D'ailleurs je me suis toujours demandé comment ils se connaissaient.

- Comment tu as connus Carter?

Il s'allongea sur mon lit, ses yeux ne quittait pas le plafond. C'était agréable d'être au près de lui quand il était si calme.
C'est la première fois d'ailleurs que nous avons une conversation aussi longue.

- Grâce à Kyle et aussi avec les p'tites magouilles de ton père. Et puis Carter est boxeur alors on s'est croisé à quelques combats dans le passé.

Il connaissait Kyle. Depuis quand et comment le connaissait- il?

- Je connais Kyle depuis gosse, on s'est connu grâce à la boxe. J'avais genre 8 ans et lui 12, à l'époque il en faisait en toute « légalité », en club. Et moi aussi d'ailleurs. On est rapidement devenu proche puis en grandissant on a compris qu'on pouvait s'éclater tout en se faisant du fric alors on a commencé à faire des combats illégaux. On était des rois, personnes ne nous arrivaient à la cheville, on avait un paquet de fric et pleins de nanas à nos pieds. Mais Kyle à décidé de reprendre l'ancienne entreprise familiale, il en voulait plus. Il s'est mit dans la drogue et je travaillais avec lui mais j'ai vite arrêté. Puis il y a eu l'accident et Kyle a été chopé. Au début j'allais le voir mais quand il m'a demandé de continuer pour lui j'ai arrêté. Au cas où tu l'ignorais ta famille n'a rien de saint, que ce soit ton père où tes frères.

Il m'avait sortie ça comme ça, je ne savais pas comment réagir. J'ignorais tout cela. Sauf sur le fait que ma famille n'était pas une famille modèle. Je savais pour le gang de mon père bien qu'aujourd'hui il n'existe plus enfin je crois.
J'avais espoir en Josh, il ne sera pas comme Kyle et Carter ni comme notre père. Il était musicien pas dealer ni boxeur.

- Carter est très bavard surtout quand il boit.
- Comment ça ?

Il se redressa et alla s'asseoir en face de moi sur le rebord de la fenêtre. Il prit une peluche et joua avec.

- Quelques temps après son réveil, on a été dans un bar mal fréquenté, on a bu surtout lui. Et il a commencé à parler. On était pas seuls, des types étaient présents.
- De quoi parlait- il?

Je ne voyais pas où il voulait en venir et pourquoi me raconter ça.

- Il a parlé du pourquoi il avait été dans le coma et de toi.

Merde! Il savait.

- Quand j'ai compris qu'il commençait à trop en dire je l'ai poussé jusqu'à ma voiture et pourtant il arrêtait pas. Il répétait toujours la même phrase: « il l'a brisée alors je l'ai brisé ».

Depuis le début il savait, Carter en avait parlé. Je le détestait, je pensais pouvoir avoir confiance en lui. Il est mon frère, mon jumeau. Il m'a trahit.

- Je suis désolé pour l'autre fois, j'aurais pas dû agir comme ça. J'veux pas que tu aies peur de moi. Je suis pas comme ce type.

Pourquoi me dire ça, qu'est-ce qu'il espérait?
Il quitta la fenêtre pour venir s'agenouiller devant moi. Il semblait inquiet. J'avais du mal à reconnaître le type qui m'avais menacé.
Sa main vint caresser mes cheveux doucement, c'était apaisant. J'avais besoin de plus. Je le croyais, il n'était pas comme lui.
Mes lèvres se plaquèrent contre les siennes. J'avais osé l'embrasser. Le baiser était doux et brutal. Nous en voulions plus mais je n'étais pas prête.
Il m'allongea sur le lit, son corps au dessus du miens. Nos lèvres ne se quittaient plus. Ses mains parcouraient mon corps avec tant de douceur. Les miennes étaient autour de son cou.
Il voulait plus et moi aussi. Mais c'était encore trop tôt.
Je n'ai pas eu  besoin de le pousser, il s'écarta de lui-même. Il prit place à mes côtés son bras autour de mon ventre.

- Adieu.

Il se leva puis parti. Je ne bougea pas pendant un moment, j'essayais de comprendre.

Il était tombé amoureux aux fils des histoires qu'on lui racontait. Il aimait cette fille légèrement garçon manqué qui aimait la boxe. Son corps parsemé de tatouages l'intriguait.
Le jour où il pu enfin la voir il su qu'il l'aimait.

L'aigle noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant