L'aigle noir

27

Rien. Il n'y a rien. Aucunes présences, aucuns meubles. Il n'y a absolument rien. L'appartement est vide. Complètement vide. Enfin veuillez me pardonner, il y a une chose, une seule et unique chose. Un mot. Dans ce gigantesque appartement nous n'avons trouvé qu'un foutu post-it! Et le pire de tout est qu'il ne dit rien! Il n'y a d'écrit qu'un nom ou plutôt un lieu. Nous sommes tombés dans une putain de chasse au trésor.
Nous ne sommes pas restés longtemps dans cet endroit vide. Les garçons semblent connaître ce lieu, moi non. Quand nous avons trouvé ce mot, je n'ai vu aucune surprise sur leur visage, aucune réaction. C'est comme si ils savaient déjà. Le problème est qu'eux savent à qui ils ont affaire et moi pas. J'ignore avec qui est mon fils à l'heure actuelle et ça me tue.

Alors que nous roulions Nate arrête la voiture devant un bar, accompagné de mon jumeau il y sort. C'est seul qu'il réapparaît quelques minutes plus tard. Il n'attend même pas Carter et repart.

- Tu as oublié Carter.
- Non, on se sépare.
- Pourquoi ça ?
- Il va aller chercher des amis et nous on va aller les attendre bien tranquillement, compris ?

J'hoche la tête, mais non je ne comprends pas, pourquoi avons nous besoins d'aide ? Et encore une fois je recommence à paniquer. Nate doit le voir car il prend ma main comme pour m'apaiser. Son geste est doux et agréable, à ce moment je ressens la même chose qu'avant. Le besoin d'être contre lui, c'est tellement puissant.

***

L'attente est horrible et l'hôtel est pourrie. Je suis presque sûre qu'il y a des souris! Mais bon d'après Nate c'est l'endroit idéal. Pour passer le temps je zappe les chaînes pendant que le tatoué se douche. En zappant je tombe sur un dessin animé, Sacha aime le regarder avec Carter. Souvent je les trouve tout les deux assit devant la télé avec des gâteaux, et tout deux sont absorbés par le dessin animé. Rien que de penser à ça j'en ai les larmes aux yeux. Alors pendant que Nate n'est pas dans la même pièce j'en profite et me vide. Parfois on en a besoin et c'est mon cas. Alors je pleure.
Sauf que je n'étais pas si seule, Nate est entré sans que je l'entende. Il est venu s'accroupir devant moi et sans un mot m'a réconforté à sa manière. Au bout d'un moment j'ai commencé à m'endormir alors je me suis détachée et me suis allongée. Il m'a rejoint et s'est mit contre mon dos tout en caressant mes cheveux.

Je ne sais pas si son but était de me changer les idées en me parlant d'autre chose mais malheureusement cela a plutôt bien réussi. Malgré le sujet. A vrai dire jamais nous n'en avions parlé, nous n'avons jamais réellement parlé en y réfléchissant. On agissait mais cela n'a jamais empêché la naissance de sentiments fort. Du moins pour ma part. Et la sienne. Parfois j'oublie qu'il m'a avoué m'aimer par le passé. Il est le deuxième homme à me le dire.

- Pourquoi avoir fais ça ?

De sa main il toucha délicatement mon épaule, cette dernière étant dénudée on pouvait les voir. Je ne cache plus mon corps comme dans le passé. J'ai appris à le montrer malgré les regards et les questions. Aujourd'hui je m'en fiche.

- J'en avais besoin.

Et c'est la vérité, j'avais besoin de cacher ce qu'il y avait en dessous dans le passé. Le cacher à ma famille mais surtout à moi même. Ainsi je me disais qu'il n'avait rien fait et qu'il était un homme bon et aimant.

- J'comprends pas pourquoi en avoir autant besoin. J'en ai bien plus que toi mais c'était pas un besoin vital pour moi comme ça semble l'être pour toi.

Évidemment qu'il ne peut pas comprendre. Il ne connaît pas cette peur, la peur envers l'homme qu'on aime plus que tout. Et qui malgré tout ce qu'il vous fait subir vous continuer à le défendre. Je sais que notre amour était malsain mais j'avais besoin de lui, et puis il n'a pas toujours été ainsi. Il était gentil, adorable bref tout ce que vous voulez mais il n'était pas le monstre qu'il est devenu après. D'ailleurs je n'ai jamais vraiment su pourquoi ce changement, sûrement la drogue et l'alcool mais je ne suis pas certaine.

- J'en avais besoin c'est tout. Ils me permettaient d'oublier et aujourd'hui encore c'est le cas.

Même si ils les cachent jamais je n'oublierais, c'est impossible et puis ils me rappelle pourquoi ils sont là.

- Ils ne cachent pas tout, j'arrive à voir les cicatrices. Toi même tu ne les as pas oublié, elles sont présentes dans tes cauchemars je le sais.

Comment le sait-il ? Nous n'avons passés que très peu de nuits ensemble et je ne faisais pas de cauchemars quand c'était le cas.

- Quand Carter t'as emmené chez moi, j't'entendais la nuit. C'est pour ça que j'suis venu cette nuit là la première fois. Je voulais pas que tu ai peur.

Que faire face à cette nouvelle? Il y a tant de chose étrange avec lui et jamais je ne serais tout. Tant de mystère mais parfois j'arrive à avoir des clés pour les comprendre. Mais il a raison les tatouages ne les font pas oublier, les cauchemars sont toujours là. Moins présents mais toujours là et puis quand on passe le doigt dessus on peut encore les sentir. Mais ne pas les voir est un véritable bonheur.

- J'en aurais toujours mais celles qui sont physiques je les oublies grâce à eux.

Les hommes entrèrent en silence et n'hésitai pas à tuer les gardes sur leurs passages. Ils mirent du temps à le trouver mais ils y arrivèrent et purent enfin commencer la mission. Le meneur n'avait plus rien de tendre, il n'hésita pas une seconde à le torturer pour avoir des informations. Le sang coula mais cela fut bénéfique. Il eut la confirmation qu'il attendait. Il ne restait plus qu'à attaquer.