Chapitre 9, ou une boucle énigmatique

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A peine sommes-nous sortis de la grotte que nous remarquâmes aussitôt que nous avions changé d'époque. Déjà, le temps n'était plus le même. Alors qu'il faisait un froid hivernal à peine quelques minutes plus tôt, nous étions à présent entourés de brouillards et d'une pluie torrentielle automnale. Le niveau de la mer paraissait légèrement plus bas qu'avant, et la forêt était plus vaste et plus touffue. Plus sauvage. Elle venait désormais jusqu'à nous, s'arrêtant à peine à quelques mètres de la falaise où se trouvait la caverne, à une distance respectable. 

Un petit chemin de terre qui n'était visiblement pas emprunté très souvent la traversait et s'enfonçait sous son feuillage.

-Enfin, soupira Mathilde, l'air ravie. Plus de risque de vieillissement acceléré !

Les Jumeaux approuvèrent grâce à de grands hochements de tête. Comme il faisait un peu sombre -la nuit paraissait sur le point de tomber-, Emma alluma la paume de sa main d'un mouvement de poignet. Ou du moins, elle essaya ;  mais il pleuva tellement que la flamme s'éteignit aussitôt, en crépitant. 

-Comme saurons-nous où se trouve la maison ? demanda Bronwyn, pragmatique.

-Suivons ce chemin de terre, proposa Emma. Il débouche forcément quelque part, et n'est sûrement pas là par hasard.

-Tu as raison, admit Mathilde. Mais si en le suivant nous partions dans la direction opposée ?

-C'est un risque, soupira Emma. Mais nous n'avons pas vraiment le choix. Si nous voulons parler à Miss Choucas...

-De plus, il faut rapidement mettre Millard à l'abri, nous prévint Bronwyn. Il a déjà de la fièvre, il ne faudrait pas en rajouter.

-J'ai froid, ajouta Claire d'une petite voix. Et je suis fatiguée.

Les Jumeaux se rassemblèrent autour d'elle, comme pour annoncer leur accord. Décidément, ils étaient bien étranges.

Soudain, une voix provenant de la forêt nous fit sursauter :

-C'est vrai que le 17 octobre n'était pas un très bon jour, admettait la voix. Mais notre Ombrune n'a pas vraiment eut le choix...

Nous nous retournâmes, pour voir un garçon qui, perché sur la branche la plus basse d'un des arbres, nous observait, la tête légèrement penchée sur le côté. Il était étonnant que nous ne l'ayons pas vu avant, car il était à peine au dessus de notre tête. Il devait avoir environ treize ou quatorze ans, à peu près mon âge quoi, et avec ses cheveux bruns ébourriffés et son sourire espiègle mais amical, ainsi que ses yeux verts pétillants, il me parut agréable. Mais les autres ne semblaient pas de mon avis...

-Tu es qui toi ? grommela Emma avec agacement.

-Eh ! Vous d'abord ! protesta le garçon sans se départir de son sourire. Après tout, c'est vous, les intrus, ici. Vous êtes dans notre boucle.

Mathilde leva les yeux au ciel, mais Jacob hocha la tête, l'air tout à fait d'accord avec l'inconnu.

-Je m'appelle Jacob Portman, se présenta t-il. Je vois les monstres. Et voici Emma, qui est pyrokinésiste, Mathilde, qui est plus légère que l'air, les Jumeaux gorgones, Claire, qui a une seconde bouche à l'arrière de la tête, Annabeth, qui lance des ondes echoplasmo-quelque chose depuis la paume de ses mains, Bronwyn, dotée d'une force exceptionnelle, et Millard, qui est invisible.

-Il a l'air mal en point, remarqua notre interlocuteur. 

-Il s'est prit une balle, lui apprit Bronwyn. Par un Estre.

-Et maintenant, je répète ma question, intervint Emma. Tu es qui ?

-Je m'appelle Magnus Garry, répliqua t-il. Je monte la garde ici pour Miss Choucas. La maison n'est pas loin, si vous voulez vraiment y aller. Je crois que votre ami Millard a grandement besoin des soins de ma camarade guérisseuse.

L'Arpent du Diable, tome 2 de Le monde des particuliersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant