S'aimer | Sirmione

Chapitre 19

Il lui fallut du temps pour se remettre de cette confrontation. Toujours prostrée contre la porte, elle essayait tant bien que mal de se calmer, séchant parfois ses larmes d'un revers de la main. Pourquoi les choses étaient-elles aussi compliquées ? Pourquoi n'était-elle pas tombée amoureuse d'un autre, d'une personne plus accessible ? Cette relation à peine entamée et tuée dans l'oeuf la rendait malade.

Pourtant, il lui fallait relever la tête, aller de l'avant. Elle ne pouvait pas se permettre de dépérir à cause d'un homme. L'avoir finalement parlé l'avait en quelque sorte fait ouvrir les yeux : c'était un lâche, un sombre lâche qui n'était pas capable d'assumer ses actes, il pouvait juste s'excuser pour tout le mal qu'il lui avait fait. Qu'aurait-il pu faire d'autre de toute manière ?

Alors qu'elle essayait de remettre de l'ordre dans son esprit, elle se rappela qu'elle devait aider Ariane le samedi pour la préparation de sa réception en l'honneur de leurs fiançailles. La jeune fille eut un petit rire nerveux. Elle envisagea quelques secondes de ne pas s'y rendre. Qu'allait-elle y faire de toute façon ? Elle n'était pas douée pour organiser des fêtes, et encore moins quand elle n'avait pas envie d'y participer. Mais ne pas y aller serait se mettre à l'écart de ses amis, et ils lui en voudraient sûrement pour ça. Surtout, Ginny s'inquièterait, persuadée que tout cela avait encore un lien avec Sirius. Elle n'aurait pas eu tort. Tout avait un lien avec lui. Malheureusement.

Samedi arriva très vite. Sirius se réveilla avant l'aube, l'esprit ailleurs. Rester sous les draps aurait été tellement plus simple. Mais non, Ariane s'était mise en tête de faire une « réception » afin d'annoncer leurs fiançailles. Fiançailles qui avaient eu lieu il y a plusieurs mois pourtant. Certes, il y avait des règles à respecter dans les grandes familles, et il n'avait pas été à la hauteur jusqu'à là. S'il fallait passer par là, il le ferait.

Alors qu'il s'extirpait difficilement des draps, il se mit à penser à sa rencontre avec Ariane. Ariane... Magnifique jeune femme qu'il avait rencontré lors de sa 6ème année à Poudlard. Arrivée à Poudlard en cours d'année pour une obscure raison qu'il n'avait jamais su à l'époque, il avait tout de suite été électrisé par ses yeux bleus et sa blondeur éclatante. Jamais une fille n'avait pu lui faire tourner la tête à la manière dont elle l'avait fait. Tous ses sens étaient éveillés en sa présence, et il ne perdait pas un instant pour lui faire la cour. Au bout de quelques semaines, elle succomba, et pendant presque deux ans, ils vécurent un amour pur et sincère dans l'enceinte de Poudlard.

Avec un sourire, il se souvint de la réaction de James quand ils avaient officialisé leur relation.

- Toi ? Avec Ariane Météa ? Mon vieux, je ne te pensais pas capable d'un tel exploit !

Et pour un exploit, c'en était un. La jolie blonde était courtisée de toute part, mais elle avait choisi Sirius. Son nom prestigieux à l'époque avait peut-être joué en sa faveur, il ne l'avait cependant jamais su. Peu importait, il l'aimait et était prêt à oublier son passé de jeune homme au tableau de chasse impressionnant juste pour ses beaux yeux. Ils avaient connu tant de bonheur alors. Elle était à ses côtés à tous les moments importants de sa vie, et même dans les plus sombres. Lui qui avait pensé qu'elle l'oublierait alors qu'il était à Azkaban... Il n'en était rien. Elle l'avait attendu, patiemment. Peut-être avait-elle eu des aventures, ici et là, mais ils n'en parlaient jamais.

Dire qu'il avait failli la quitter il y a peu.

Sirius se dirigea vers la salle de bain, où il jeta un coup d'oeil à son reflet. Les années commençaient à le rattraper. Certes, il était toujours aussi beau, mais ses traits étaient de plus en plus marqués. Comment une jeune fille comme Hermione avait pu s'enticher de lui ?, se demande-t-il en souriant amèrement. Finalement, il lui avait fait un beau cadeau en la laissant partir. La laisser partir... Il ne pouvait pas se dire qu'il l'avait laissé tomber. Et pourtant, une petite voix au fond de lui le lui rappelait sans cesse : il lui avait fait du mal. Son égoïsme avait tout gâché, et la seule personne qui en payait les frais était la jeune femme.