Chapitre 22

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- Tu es en train de me dire... Attends, résumons. Tu es donc en train de me dire que tu as vu mon fiancé, poser sa bouche sur la bouche de ta petite amie ?

- Techniquement, ce n'est pas ma petite amie, reprit Ron en se tortillant sur le canapé. Je veux dire... On a jamais dit que... Enfin, Hermione...

- Peu importe, rétorqua Ariane, partagée entre la rage et l'incompréhension. Mais quand ? Quand les as-tu vus ?

- Lors de votre fête... Pour vos fiançailles.

- Alors pourquoi me le dire maintenant ? Tu m'excuseras, mais j'ai du mal à comprendre.

- Je... J'en ai parlé à Harry, et il m'a fait promettre de ne rien dire. J'avais finalement mis ça de côté, surtout que rien ne semblait se passer entre eux depuis. J'essayais de suivre Hermione comme je le pouvais, mais il ne s'est rien passé. Jusqu'à ce soir...

Ce soir où Sirius était censé être accaparé par les corrections de copies, la raison pour laquelle il ne pouvait pas la voir. Ariane sentit ses poings se serrer sous la tension qui prenait peu à peu part de son corps. Elle ne voulait même pas imaginer la suite.

- Continue.

- Hermione a quitté la Salle Commune vers 20h30, 21h, je ne sais plus trop. Elle ne nous quitte jamais si tôt, et ce qui m'a alerté, c'est qu'elle n'avait même pas fini son devoir d'Histoire de la Magie, et elle est pourtant partie. Je l'ai donc suivie, mais elle n'était pas dans ses appartements. J'ai attendu cinq minutes, et je suis venu ici juste après.

- Qu'est-ce qui te fait dire qu'elle est avec Sirius si tu n'es pas allé voir dans ses appartements à lui ?

- Mais où pourrait-elle être ? Je sais que ce n'est pas facile à entendre, mais je pense vraiment que... Enfin... Que Sirius et Hermione...

Ariane passa une main dans ses longs cheveux blonds, tentant de reprendre ses esprits. Elle savait depuis longtemps que quelque chose se passait derrière son dos, et pourtant, elle avait tenu ses soupçons à distance. Sirius lui avait promis que rien ne se passerait, alors elle avait baissé sa garde et n'avait vu cela que comme un béguin d'adolescente, rien de plus. Le regard de la jeune fille quand son fiancé entrait dans la pièce n'était pas ce qu'elle préférait, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser que ce n'était rien de plus qu'un regard, qu'elle n'avait pas le dixième de l'attention que Sirius lui portait. Et pourtant... Un jeune homme de 17 ans, l'air hagard, venait de lui prouver le contraire. C'était elle qui n'avait pas le dixième de l'attention que son fiancé portait à une autre.

Soudain, elle se sentit vulnérable. Ce plan qu'elle avait si longuement mûri, cette chance qu'elle avait, tout semblait lui échapper... Tout...

- Je suis désolé.

Victoire et John Météa fondirent en larmes près du lit de leur fille, tandis que le médicomage sortait de la pièce, laissant les parents à leur désespoir. A l'autre bout de la pièce, Elisabeth n'avait pas bougé. Les bras croisés, elle sentit ses yeux s'emplir de larmes à la vue du corps de sa sœur qui reposait dans ce lit d'hôpital. Un léger sourire illumina son visage lorsqu'elle se mit à penser que, malgré la mort, sa sœur restait malgré tout la plus belle personne qu'elle ait jamais connue.

Refoulant ses larmes, elle s'approcha doucement du lit où reposait Ariane. Prenant place sur une des chaises disponibles, elle prit la main d'Ariane entre les siennes, et lui baisa tendrement les doigts. Des larmes s'échappèrent de ses yeux clos tandis qu'elle s'efforçait de ne pas fondre en larmes. Pas devant elle, pas comme ça.

Sa sœur jumelle était parti, après des mois de souffrance. Souffrance psychologique qui s'était peu à peu transformée en souffrance physique. Elisabeth était en France quand elle avait appris que sa sœur allait mal. Elle avait alors quitté son poste à l'ambassade des sorciers à Paris pour se rendre au chevet de sa sœur. Ce qui ressemblait à une grève de la faim s'était avéré être plus grave : Ariane se laissait simplement mourir. Alors, Elisabeth essaya pendant de longues semaines de redonner le sourire à sa sœur, passant des heures avec elle dans sa chambre, lui racontant des histoires de leur jeunesse, avant qu'Ariane ne décide de quitter Beauxbâtons pour rejoindre Poudlard. Mais Ariane ne donnait aucun signe d'amélioration. Au contraire, elle passait son temps à parler de Sirius, ce garçon qu'elle avait rencontré des années auparavant à Poudlard et qui était désormais à Azkaban. Son seul et unique amour, celui sans lequel elle ne pouvait vivre, disait-elle. Elisabeth ne pouvait s'empêcher de secrètement détester ce Sirius Black, ce jeune homme qui lui avait volé sa sœur de toutes les manières dont une personne pouvait être volé. Sa mère lui avait confié que les Black et les Météa partageaient une histoire en commun, et qu'un ancien lien unissait leur famille. Pollux Black, le grand-père maternel de Sirus avait en effet sauver les Météa de la déroute financière des décennies auparavant, et avait contribué à leur actuelle prospérité.

S'aimer | SirmioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant