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Jour 16 : Elle panse mes blessures. Elle panse mon cœur, mon corps...

« [ton prénom] est là. Juste à côté de moi, dans mon lit. Elle a les yeux fermés et sa respiration est lente et posée. Sa casquette est tombée pendant la nuit, ses cheveux sont en bataille, elle ressemble à un bébé... »

Dust pose son cahier, lève doucement sa main et essaie de remettre en place les cheveux de [ton prénom] dans un petit sourire. Puis, il fait doucement glisser ses doigts sur ses joues, jouant avec ses cils, longeant l'arrête de son nez... Il caresse doucement ses lèvres. Son cœur se met à battre un peu plus vite... Encore une crise ?

[ton prénom] sourit, renifle et se met sur le côté, face à Dust qui garde son bras immobile en l'air. Sa respiration se calme de nouveau alors Dust relâche doucement son bras et repose sa tête sur l'oreiller, à quelques centimètres de celle de la jeune femme.

« Je pouvais sentir sa respiration sur ma main, et je trouvais ça apaisant. Décidemment, depuis que je l'avais rencontrée, elle m'en avait fait découvrir, des choses apaisantes... Et puis, je l'ai regardé... Jusqu'à ce que je m'endorme à mon tour.

C'est des petits picotements qui m'ont réveillé, et quand j'avais ouvert les yeux, [ton prénom] était assis à côté de moi et passait doucement un coton sur les coupures de mon visage. Je la laissais faire, me contentant de grimacer un petit peu et attendais. Elle me collait quelques pansements et elle me fixa, fière d'elle.

Pourquoi est-ce que tu fais ça ? Les gens de l'hôpital sont là pour ça tu sais...

T'es bien plus mignon avec des pansements Rilakkuma !

Toi aussi tu trouves que je suis bien plus mignon avec pansements Rilakkuma, Jean-Francois-Pierre-Kevin-Sebastien ? C'est pour les enfants... Est-ce qu'elle me prend pour un enfant ? En fait, je vais te dire... Elle peut me prendre pour n'importe quoi je m'en fiche... Tant qu'elle reste avec moi. »

Le médecin entre dans la chambre et regarde le visage et les bras de Dust avec un petit sourire avant de se poster devant le lit.

Dust est-ce que tu peux te lever ? Sans parler de ta jambe, j'aimerais savoir si tes côtes vont mieux.

Dust se redresse doucement dans son lit et fait basculer ses jambes sur la gauche. Il prend une petite inspiration et grimace. Ses côtes lui font encore un peu mal quand il respire. [ton prénom] lui prend le bras pour l'aider à se mettre debout et lui fait un regard encourageant.

Après maints efforts, Dust est debout, une béquille dans chaque main.

Bon, essaye d'avancer et dis-moi si ça te fait mal.

Dust obéit et avance. Il grimace un peu, mais la douleur est supportable. Le médecin sourit et se retourne vers [ton prénom] .

J'aimerais parler avec Dust... Est-ce que vous pouvez nous laisser deux petites minutes ?

Oh, oui !

[ton prénom] fait un petit signe de la main à Dust et sort. Il se rapproche de la fenêtre et voit avec déception qu'il ne pleut pas.

Tu ne veux pas me dire pourquoi tu as fait ça ?

Dust ne répond pas, il se contente de fixer le ciel en soupirant.

J'ai cru voir que tu avais des personnes qui étaient là pour toi... Tu es conscient que tu les blesses en faisant ça ?

« Pour qui se prend-il celui-là ? Je l'ai reconnu, c'est un médecin que j'ai déjà eu avant. Pourquoi ne comprend-il pas ? Les gens et leur pitié, je n'en veux pas. Leur hypocrisie non plus, et les médecins c'est les pires. Ils prétendent vouloir aider tout le monde, déblatère des jolies paroles sans prendre en compte une seule fois le ressenti de leur patient. Tout ce qui les importe, c'est leur réputation. »

La psychanalyse, tu la suis ? Soupire le médecin

Dust acquiesce doucement et le médecin abandonne. Il est conscient qu'il n'en dira pas plus... Alors il repose la feuille de soin sur le lit et fait demi-tour. Dust lui, laisse tomber ses béquilles et s'accroche au rebord de la fenêtre en soupirant.

Il ne peut pas pleuvoir un petit peu... ?

Il pose son front contre la vitre froide et ferme les yeux. De nouveau, il sent cette tristesse, ce froid qui prend possession de son corps tout entier.

Bien trop absorbé par ses pensées, il n'entend pas [ton prenom] rentrer, et il ne l'entend pas non plus courir. Deux bras s'enroulent autour de lui et le tire en arrière brusquement.

Dust ! Ne recommence pas... S'il te plait...idiot...

H-Hein ?

Ecoute, je suis là moi, d'accord ? Je sais que je ne sers à rien, que je ne peux pas faire grand-chose... Mais je suis là, alors ne saute pas encore une fois... S'il te plait.

« Est-ce qu'elle pensait vraiment qu'elle servait à rien ? Etait-elle seulement consciente du progrès que j'avais pu faire avec elle ? Avant, jamais personne n'aurai passé la porte de mon appartement, encore moins celle de ma chambre. Personne ne serait venu dans mon lit... Elle était la seule personne qui me donnait ses sourires, même si je ne lui rendais pas. La seule personne qui passait ses soirées sans parler parce-que j'avais décidé de ne pas le faire, celle qui acceptait de rigoler toute seule parce-que je n'avais pas le moral à ça... Ou celle qui acceptait de me laisser parler pendant des heures, m'agiter dans tous les sens...

Je ne sais pas si elle est consciente, que [ton prénom] est cette petite flamme de vie dans mon triste enfer.

Je ne comptais pas sauter, mais je suis resté dans ses bras, sans rien dire. Je la laissais me bercer doucement. Je n'avais même plus besoin d'attendre la pluie, son odeur, ses câlins, ses bras autour de moi, qui me serraient mais pas trop, pour ne pas que ça me fasse mal... Toutes ces choses m'avaient calmé.

Je me demande parfois si ça n'est pas... Un ange. Pourquoi m'aide-t-elle? Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour qu'elle veuille m'aider ? Et elle est si ... Douce. N'importe qui aurait oublié que j'étais blessé aux côtes, et m'aurait enlacé normalement. Mais pas [ton prénom]... Parce-qu'elle n'est pas n'importe qui. »

« On a parfois le cœur soulevé par la sauvagerie du monde. On est écœuré par la montée de nouvelles tyrannies, le raffinement des anciennes, par les mensonges, l'odeur du fumier dans les villes et l'horreur qui pèse sur tous nos lendemains.

On s'engloutit alors dans un sombre désespoir. On a peur, on a honte et on est triste d'être un monstre. On réclame en pleurant une naissance nouvelle ou du moins l'admission par baptême dans une nouvelle confrérie.

Mais on redoute de ne pouvoir obtenir ni l'une ni l'autre. Que le monde refuse de s'arrêter pour nous. Et qu'on ne peut que le quitter d'un bond, pour plonger dans une douteuse éternité. »

NaJ! Dust x readerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant