Chapitre III.2

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Bien que quelque peu porté sur la boisson, je ne me jugeais pas dépendant pour autant, ne buvant quasiment pas lorsque j'étais chez moi. Je ne pouvais tout de même pas nier avoir un léger problème avec l'alcool. Un soir, Alan, avec qui nous nous voyions toujours fréquemment, avait fini par m'en parler.

– C'est terrible mon vieux, au bureau, la moitié des collègues à qui je parlais de toi me disaient toujours que tu t'obstinais invariablement à refuser les tournées générales. T'étais une vraie légende, le seul commandant de bord de toute la compagnie qui ne s'autorisait pas même une petite goutte. Il y a bien quelques histoires qui trainent, certains t'ont vu vadrouiller en ville dans des endroits craignos la banane aux lèvres, un vieux sac à dos sur l'épaule ; j'ai même entendu dire que t'avais failli finir au poste pour avoir fait du stop à Cuba, mais jamais le moindre récit de beuverie ! dit-il.

– Si je n'avais pas fait de stop, je ne serais jamais tombé sur cette incroyable boutique de souvenirs. Ça valait bien la prise de risque ! Je t'ai déjà montré le singe à ressort que j'y ai trouvé ? Tu devrais voir ça, une affreuse tête de babouin en caoutchouc montée sur un bout de bois moisi, avec un trombone tordu en spire pour les relier. Il est numéro un dans ma boîte à horreurs ! pouffai-je.

– Ça doit être sacrément drôle, mon vieux, mais ce n'est pas ce que je voulais dire. Il y a ce type, Henri... ou Harry, je ne sais plus trop... Bref, ce type a volé avec toi il y a quelques mois, et il m'a montré cette photo où tu es en train de danser sur une table en caleçon, des paillettes plein les cheveux et les yeux bien allumés. C'était à Rio, qu'il disait. Merde, Léo ! Tu as finalement renié tes principes ?

– Henri ? Le rouquin qui est incapable d'aligner deux mots d'anglais compréhensibles ? C'est pas possible, j'ai même aucun souvenir qu'il ait pris des photos, pas un petit mot, rien, et il s'amuse à me faire passer pour un guignol en déballant ça à tout le monde ! Je peux te dire que la prochaine fois qu'on vole ensemble, il va trouver le temps long...

– Sérieusement Léo, c'était l'affaire d'un soir, ou ça devient une habitude ? J'ai eu quelques autres échos de la même trempe. Je m'inquiète un peu, vieux. J'aime bien vider des godets avec toi, mais en escale, tu sais comment ça peut finir. Rappelle-toi le vieux Bourdenot l'an dernier, ils ont fait passer ça pour un départ volontaire, mais tout le monde sait qu'il a fini par payer ses gueules de bois légendaires. Ils l'ont foutu dehors, ouais, le vieux, et je peux te dire qu'ils l'ont pas ménagé ! Paraît qu'il s'est endormi en pleine approche sur son dernier vol...

– Calme-toi, Alan ! Oui, ça m'arrive de décompresser un peu et d'aller m'en jeter deux ou trois avec l'équipe. Oui, j'ai fini torse nu au New Rocks de Rio. Il y en a même qui te diront que j'ai dansé avec un boa autour du cou à Bali, mais à dire vrai, c'était un tout petit python de rien du tout. Ça me fait du bien, tu vois. Je sais toujours où m'arrêter, et j'en ai besoin. Tu as bien vu comment Zoé t'a accueilli ce soir, et bien, ça n'est rien à côté de l'accueil auquel j'ai droit à chaque fois que je rentre. Je suis prudent Alan, je m'amuse, mais je ne mettrai jamais un vol en danger.

Lengaï [Publié !]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant