Chapitre III.6

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L'effet de mode passa comme je l'avais prévu, et rares furent les personnes à me remettre une fois le printemps venu. Plus d'interviews, plus de coups de téléphone incessants. J'avais en revanche amassé pas mal d'argent, entre les primes versées par la compagnie, et les cachets touchés pour les quelques conférences que j'avais consenties à présider. Je n'étais pas non plus humble au point de ne pas en tirer quelque profit, après tout.

La vie me paraissait plus belle qu'elle ne l'avait jamais été. J'ignorais si c'était parce que j'avais survécu à ce vol maudit, ou si ma petite notoriété avait réchauffé en moi ce qu'il fallait d'ego pour m'enthousiasmer, mais le fait était là : tout allait bien. La belle saison approchant, nous nous étions décidés avec Alan à partir en vacances ensemble. Depuis le temps que nous nous l'étions promis, nous en avions enfin l'opportunité. Je mourais d'envie de partir en Écosse, pays que je n'avais jamais eu l'occasion d'explorer et dont les paysages somptueux me faisaient rêver. Alan, lui, aurait préféré longer la côte espagnole, profiter du soleil et goûter à toutes les tapas possibles et imaginables. L'Écosse remporta finalement nos voix, après que je lui ai rappelé qu'elle était le paradis des amateurs de whisky. Le séjour promettait d'être rude...

Il le fut en effet, et nous passâmes deux semaines à sillonner les Highlands comme deux gamins imprudents. Je me sentais bien, léger, détendu ; tout était merveilleux et la vie continuait à reprendre le goût qui m'avait si longtemps manqué. Un goût houblonneux, devais-je bien avouer. Nous n'avions pas beaucoup dessaoulé au cours du voyage, et sans que j'en sois fier, cela donna lieu à des scènes aussi improbables qu'hilarantes.

– Merde, Léo, regarde-moi cette barbe ! me murmura Alan.

– Ça c'est de la barbe ! On dirait Jésus ! répondis-je.

Nous achevions notre périple par une étape à Glasgow. Le soir tombait et nous descendions des verres dans un pub.

– C'est pas possible d'avoir une barbe pareille à son âge. Il a quoi, le gars, vingt ans ? Hé, vieux, tu sais quoi ? Vas donc tirer dessus pour voir si elle est vraie !

– Arrête, je ne suis pas sûr qu'il apprécie la blague si elle est bien vraie... pouffai-je.

– Allez Léo ! On est venus ici pour se marrer, non ? Allez, si elle est vraie, j'arrose pour le restant de la soirée, et si elle est fausse, l'addition est pour ta pomme. Tire moi donc cette vilaine barbe, renchérit Alan d'un air grotesque.

J'ignore si l'idée me faisait vraiment rire, ou si l'alcool avait simplement fait son effet, toujours est-il que je finis effectivement par tirer sur cette vilaine barbe.

– Mais qu'est-ce que tu fous ? beugla le type.

– Désolé, désolé, c'est qu'on se demandait si elle était vraie, avec mon copain, répondis-je avant qu'il ne s'énerve. Elle est sacrément impressionnante, ta barbiche ! Du beau travail ! C'est pas tous les jours qu'on en voit des si belles...

Lengaï [Publié !]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant