Chapitre III.4

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J'étais un bon pilote, sans doute pas le meilleur qui soit, mais j'avais toujours eu d'excellents retours sur mes compétences et ma hiérarchie – tout comme mes collègues – prenait généralement plaisir à travailler avec moi. Je n'avais jamais été trop difficile sur les plannings, et j'étais toujours en avance aux briefings. Par chance, mes supérieurs n'avaient jamais eu écho de mes quelques excès, et me gardaient en haute estime. Souvent, on vantait mes mérites lors des réunions de gestion. Je ne pouvais pas vraiment dire que tous ces compliments me laissaient indifférent, mais ce n'était rien à côté de la véritable célébrité que j'acquis après le 12 mars 2007.

J'avais ce jour-là pris mon service à l'aéroport d'Abu Dhabi, où nous avions atterri la veille en fin d'après-midi. Après une courte nuit passée – pour l'anecdote – en la galante compagnie d'une hôtesse libanaise pétillante, j'avais été affecté sur un vol retour à destination d'Orly. Tout se passait comme d'habitude, le briefing était terminé et je procédais à mes vérifications pendant que mon copilote prenait contact avec la tour. J'avais déjà volé plusieurs fois avec celui-ci, et nous ne nous appréciions pas franchement. Il excellait dans l'art de se donner de grands airs, et cherchait systématiquement à montrer au commandant de bord qu'il en savait plus que lui. Je l'avais pourtant repris plus d'une fois sur des tâches basiques, mais le bougre acceptait mal la critique et se murait alors dans le silence des heures durant.

L'appareil, un 737 qui revenait de Malaisie, avait décollé à 08h30 précises, et nous montions tranquillement vers notre altitude de croisière. A ma droite, le benêt qui m'assistait tenta de me convaincre subtilement de virer plus vite, et je sentis que je n'allais pas pouvoir me retenir bien longtemps de le remettre en place.

– Vous comprenez Commandant, on vient vraiment chercher la direction opposée, et si vous virez un poil plus fort on aura plus vite fait de revenir sur notre route et...

– Bon sang Cardona, combien de fois faudra-t-il que je vous dise de vous la fermer tant que je ne vous ai rien demandé ? Vous n'avez rien de mieux à faire que de me ressasser vos âneries là, maintenant ? D'habitude, vous attendez au moins qu'on croise !

– Hé, chef, faut pas le prendre comme ça ! Je croyais qu'à Atlanta... tenta-t-il

– Quoi, Atlanta ? Vous croyez que quoi, à Atlanta ? Que parce qu'on a bu quelques verres ensemble il y a deux mois, on est devenus les meilleurs amis du monde ? Mon vieux, déroulez-moi cette foutue check-list avant que je ne commence à sérieusement m'énerver ! lançai-je d'une voix grinçante.

– Okay, Commandant, dommage que vous le preniez comme ça... Volets ?

– Rétractés.

– Train ?

– Rentré.

– Éclairage ?

– Stoppé.

Lengaï [Publié !]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant