Chapitre III.3

7 2 2
                                    

Nous nous étions mariés trois ans plus tôt

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Nous nous étions mariés trois ans plus tôt. Il n'y avait pas eu de demande époustouflante, mais une simple discussion entre nous, qui nous avait poussés à prendre ce que nous voyions comme une décision commune. Nous étions tous les deux sur la même longueur d'onde à ce sujet, et le mariage n'était pas d'une absolue nécessité à nos yeux. Zoé avait beau être attachée à bien des traditions, ce qui lui importait – et à moi aussi – était avant tout d'avoir un joli chez-nous, que nos enfants soient le plus heureux possible, et que la vie suive son cours sans embûches particulières. Le mariage ne changeait rien à tout cela. Si cela n'avait tenu qu'à moi, peut‑être même ne nous serions-nous jamais mariés, mais Zoé supportait mal la pression sociale, et angoissait à chaque fois que quelqu'un nous posait la question fatidique.

– Vous êtes mariés ?

Non, et alors ? C'était la présence de notre fils qui faisait souvent s'offusquer les bien-pensants ; et des bien-pensants, il y en avait un sacré paquet dans la famille de Zoé.

– Vous devriez penser au petit, imaginez qu'il vous arrive quelque chose, si vous n'êtes pas mariés...

Toujours les mêmes banalités barbantes. De mon côté, ma mère produisait des efforts surhumains pour subtilement tenter de nous convaincre elle aussi. Une petite allusion par-ci, des nouvelles du mariage du cousin Robin par-là, assez habilement placées pour qu'elle pense qu'on ne s'apercevait de rien. C'était une femme moderne, mais malgré tout attachée aux valeurs familiales, et je savais qu'elle rêvait de conduire son fils à l'autel.

– Oh, tu sais quoi, mon chéri, ton père est passé chez Rosalie hier, et ton cousin se marie ! C'est fantastique, tu ne trouves pas ? Le plus beau jour de leur vie... Oh, comme sa mère doit être fière ! Ils ont trouvé la robe dans cette jolie boutique de la rue Pantaléon. Ils font des promotions, en ce moment ! Et pas sur des vieilleries, oh ça non alors, mais sur les dernières créations !

J'ignore si le monde entier s'était mis à conspirer contre nous pour nous pousser à l'acte, toujours était-il que nous finîmes par nous résoudre à nous passer la bague au doigt. Cela ne changea pas grand-chose, mais nous facilita la vie, et bien que les choses n'étaient déjà pas roses entre nous à cette époque, nous n'imaginions pas encore une seule seconde nous séparer. Le mariage avait eu lieu à la mairie, sans détour à l'église, bien que nos deux mères avaient tenté de nous convaincre du bien-fondé d'une cérémonie religieuse. Seule notre famille proche était invitée, et nous avions organisé un banquet plutôt sommaire dans un restaurant de campagne. Cela nous allait parfaitement : c'était simple et efficace.

Le divorce fut, lui, bien plus compliqué. Après notre ultime dispute, j'étais parti m'installer chez Alan pour quelque temps. Mes affaires me suivirent rapidement, ou du moins ce que Zoé n'avait pas fait disparaître par vengeance. Le plus dur avait été d'expliquer à Clément ce qui se passait. Sa mère avait eu la délicatesse de lui illustrer la chose par une sorte de conte où j'incarnais l'affreux méchant, et il était difficile de regagner sa confiance. Il n'était pas question que j'amène les enfants chez Alan, aussi j'allais les voir chez mes parents où Zoé les déposait assez régulièrement pour ne pas que j'aie à débarquer à la maison. Malgré la situation, j'étais plutôt heureux. Je ne rentrais plus chez moi la boule au ventre ; j'avais au contraire du temps pour me détendre. J'avais repris la randonnée, et retrouvé le plaisir de vadrouiller dans la broussaille sans aucun but. Le soir, nous vidions quelques canettes avec Alan, discutant de choses simples devant un film. Plus le temps avançait, plus je me rendais compte à quel point il était un ami formidable. Nous avions beaucoup parlé, et il m'avait confié attendre depuis longtemps le moment où j'aurais enfin le cran de quitter Zoé.

Lengaï [Publié !]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant