Chapitre 8

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Elle avait regardé l'homme s'éloigner peu à peu d'elle. Et, plus sa silhouette rapetissait, plus un sentiment de rancoeur grandissait en son cœur. L'eau qu'elle avait pourtant trouvé si agréable lorsqu'elle y avait plongé, devenait désormais froide et lui glaçait la peau. Ses dents claquaient, rythmant les tremblements de son corps. Tout semblait s'assombrir autour d'elle. La lune semblait devenir noire, et les lumières du bateau n'éclairaient plus aussi bien. Elle décida de sortir à son tour de la piscine, cherchant des yeux la serviette qu'elle n'avait pas prise. Alors, elle s'empara de son gilet. Le vent lui gelant ses poils redressés, elle courrait vers sa chambre. Ses dents claquaient encore. C'était un infime son, qui pourtant avait réussi à parvenir aux oreilles de Thierry. Lui, qui dans son sommeil avait d'abord cru que ces cliquetis venaient de son rêve. Puis, les cliquetis devenant plus fort, et plus proche de son oreille, il ouvra peu à peu les yeux. Le vide à côté de lui le fît tâtonner. Puis le réveilla complètement. Il s'assit, adossé à la tête de lit, et alluma la lampe de chevet qui se trouvait juste à ses côtés.


- Jen ? Mais qu'est-ce qui s'est passé enfin ? Tu es trempée !

La jeune femme était là, ses bras tentaient inlassablement de réchauffer son corps qui ne cessait de trembler. Elle n'osait pas bouger, elle n'osait pas parler. Sentant peu à peu l'émotion monter en elle, elle se laissa tomber à genoux, et craqua. De son corps elle vida toutes les larmes qu'elle pût. Thierry se leva sans réfléchir, passa par la salle de bain, et pris une serviette avec laquelle il entoura son amie. Il tenta tant bien que mal de comprendre ce qui se passait. Il posait des questions, auxquels Jenifer répondait par des marmonnements incompréhensibles.

Comprenant qu'il ne pourrait pas la faire parler pour l'instant, il porta sa femme jusqu'à la salle de bain, et l'allongea dans la baignoire. Il lui enleva son gilet, et fit couler de l'eau chaude. À l'aide de ses pouces, il essuya les larmes qui perlaient le long des joues de Jenifer, puis l'embrassa avec tendresse.

- Calme-toi, mon amour. Calme-toi..

Peu à peu, les pleurs se transformèrent en reniflements réguliers.

- Je... Je suis désolée, Thierry.

- De quoi ?

- J'avais mal à la tête, et, j'arrivai pas à dormir, et, je suis sortie, et je voulais me baigner, et il est arrivé, et j'ai trouvé ça rigolo, mais il a essayé de m'embrasser, et après, il est parti...

La jeune femme sentait encore les larmes remonter le long de son ventre et de sa gorge.

- Il ?

- Matthieu, le mec, tu sais.

- Ah, oui. Je vois.

- Tu m'en veux ?

- Tu m'as trompé ?

- Non !

- Alors non, je ne t'en veux pas. C'est pas de ta faute s'il t'a embrassée. J'irai lui parler.

- Attend, il ne m'a pas embrassée. Enfin, il a essayé mais j'ai baissé la tête.

- Il a essayé, ça revient au même. Ne t'en fais pas, je vais pas le frapper, je vais juste un peu discuter avec lui.

- Maintenant ?

- Non, demain, on ne sait même pas où est sa chambre.

- D'accord...

Thierry lui adressa un grand sourire, puis l'embrassa.

- Bon, tu as fini ton bain ?

- Oui, tu peux aller te recoucher, j'arrive !

Il lui embrassa le front, se leva, et retourna dans la chambre. Il laissa la lumière allumée, attendant impatiemment le retour de sa bien-aimée.

L'amour est jalouxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant