Chapitre 19

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Matthieu avait presque peur de sortir de l'eau. Pour rien au monde, il ne voulait voir le visage de son amie, qu'il imaginait d'ors et déjà livide de le voir remonter seul. Mais l'air lui manquait. Malgré l'eau, tout autour de lui, il sentait sur ses joues ruisseler des larmes. Il donna un dernier coup de jambe, et sorti la tête de l'eau. La première chose qu'il fut alors, c'est respirer, tel un nouveau né. Il emplit ses poumons d'air, aussi profondément que possible. Comme si l'air était devenue sa seule et unique raison de vivre, comme si elle était devenue son trésor.

Et puis, quand enfin, il retrouva ses esprits, il ouvrit lentement les yeux, se tournant, inquiet, vers Jenifer.

Celle ci n'avait pas quitté l'eau des yeux. Elle avait observé Matthieu plonger sous l'eau, et n'avait pas quitté l'endroit de son regard. Et puis, d'un coup, elle avait aperçut une silhouette remonter. Seulement, elle ne pouvait percevoir qu'une seule silhouette. Au début, par espoir tant que par désespoir, la jeune femme s'était imaginée qu'une silhouette pouvait en cacher une autre. Mais bientôt, la masse sombre remonta à la surface. Et, cette fois ci, elle était belle et bien seule. Elle se mit alors à espérer que cette personne était son mari. Elle s'était trouvée cruelle de penser cela. Elle s'en était voulue, même. Mais, en voyant des cheveux blonds brillants aux éclats de la lune, et les tatouages sur son corps, la jeune femme ne pût s'empêcher de craquer. Jenifer éclatât en sanglot. Laissant échapper de ses yeux une épopée de larme ruisselant jusqu'à l'eau de la mer.

Matthieu la regarda. Il ne disait rien. Il ne pouvait rien dire. Il avait trahi sa promesse, il l'avait trahie, même si au fond, il n'y pouvait rien, il l'avait trahie. Alors, sans un mot, il s'approcha d'elle. Il passa ses bras autour d'elle, et la serra aussi fort qu'il le pût. Jenifer ne disait rien non plus. Les seules musiques que l'ont pouvait entendre, étaient celles de ses cris de douleurs, des cris des autres passagers, et des vagues devenant de plus en plus puissantes.

Ils restèrent ainsi quelques instants, jusqu'à pouvoir embarquer dans un autre canot. Il passa une heure avant qu'un bateau qui naviguait aux alentours ne vint sauver les survivants du naufrage. Durant tout ce temps, Jenifer et Matthieu n'échangèrent pas un seul mot. Il régnait entre eux une atmosphère pesante, entre peur et haine.

L'amour est jalouxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant