Une nouvelle journée s'annonce et le soleil a fait son entrée dans nos chambres depuis pas mal de temps déjà. J'ouvre à peine les yeux... Dans la salle de bain, Fred fini de se préparer.
Merde, j'sais pas où j'ai laissé mon smartphone. J'sais pas quelle heure il est bordel ! Et j'ai faim !
_ Yo Fred !
_ Ouais mon gars.
_ Ça va ?
_ Tranquille ouais. Et toi, bien dormi ?
_ Grave !
_ Alors hier soir, comment ça s'est terminé avec les meufs là ?
_ Bin... Finalement les italiens se sont barrés, sauf un qui a occupé la plus ronde des deux filles.
_ Qui a géré l'autre du coup, Mike ou toi ?
_ Mike est parti après les ritals en fait. Lui aussi était crevé.
_ Ah ok. Et les meufs l'intéressaient pas ?
_ Bah, j'sais pas trop. À croire que non. En plus il a sa meuf à Paris lui aussi. Donc...
_ Ouais, en plus sa meuf elle est trop bonne mon gars !
_ C'est vrai qu'elle est sexy ouais.
_ Mais fais pas ta meuf là, elle est trop bonne mec, dis-le !
_ C'est vrai qu'elle est bonne ouais...
_ Mais ouais mon gars !
_ Ah ah ! T'as l'air en forme en tout cas.
_ Mais grave ! Il fait trop beau ! On se marre trop ! Y'a trop de trucs à faire, c'est cool t'as vu !
_ Clairement. L'endroit est quand même assez ouf.
_ Mais carrément !... Et toi alors du coup. Il s'est rien passé avec l'autre meuf ? il me demande.
_ Bin... J'ai essayé mais j'ai pas vraiment trouvé le temps de concrétiser quoique ce soit.
_ Elles étaient un peu bonnes en plus non ?
_ Surtout celle qui m'aimait bien ouais. L'autre était un peu trop ronde à mon goût.
_ J'sais pas. Il m'a semblé qu'elle avait un bon gros boule l'autre.
_ Ah par contre, ça c'est sûr, elles avaient des formes.
_ Ouais, elles étaient bonnes mon gars ! T'es trop difficile c'est tout.
_ Y'a certainement un peu de ça ouais... Et vous alors ? Vous aviez l'air bien pétés hier soir ?!
_ Ouais bah, on est rentré, on s'est couché quoi !
_ Ouais d'accord. Et t'as l'heure au fait ? J'sais plus où j'ai foutu mon portable.
_ C'est 13h.
_ 13h ! Putain ! On a loupé le p'tit dèj'.
_ Ouais, mais c'est pas grave, dans une demi-heure on pourra aller bouffer.
_ C'est pas faux ! Bon, bin ça me donne le temps de me débarbouiller.
Au restaurant secondaire, contrairement aux deux premiers jours, nos autres amis entament déjà l'apéritif dans le coin détente du restaurant, juste à côté de ce que je découvre être la salle de musculation. Cependant, la faim me tiraille... Je préviens alors mes semblables qu'il me faut commencer à manger sans les attendre davantage, n'oubliant pas de leur indiquer l'endroit où j'avais l'intention de m'établir. Pourtant, alors que je m'étais assis autour d'une table isolée sur la plage et protégée du soleil par l'ombre d'un pin parasol aussi imposant que magnifique, la seule table pouvant nous faire oublier à tous la promiscuité estivale, personne ne vient me rejoindre. Je mange donc seul. Seul face à l'immensité du site... À observer l'étendue de la mer, la majesté du ciel, et la délicatesse des quelques nuages vaporeux qui s'y trimballent pour terminer leurs courses au-dessus des pics montagneux...
Mon repas terminé, je repère mes amis attablés tous ensemble dans le restaurant. Les questionnant sur la raison pour laquelle ils ne m'ont pas rejoint, ceux-ci m'indiquent ne pas m'avoir localisé. Faisant abstraction de la possible mauvaise foi de ceux qui s'interrogeaient souvent sur mes activités de désolidarisé, tablant sur le hasard de la coïncidence, je suis parti me baigner seul, une nouvelle fois, le temps que mes comparses terminent leurs repas.
Dans la piscine, je me retrouve aux côtés d'Abla, son mec et ses potes. Abla, dont j'avais fait la connaissance au beach-volley le soir précédent. En revanche, celle-ci ne semble pas me reconnaître. Pas très physionomiste la meuf, me suis-je dit... Pas grave ! Je ne vais pas les déranger, elle et son entourage, par un « salut » possiblement perturbateur ; alors je me tais. D'autant que je ne saurais trop quoi leur dire...
Discret, je reste néanmoins proche du champ d'action de ce petit groupe d'amis une heure entière, sans jamais me dévoiler. Immergé, pour m'occuper, je m'adonne à quelques exercices d'étirements, de développements musculaires et autres... En ne m'arrêtant jamais, bien sûr, d'observer les agissements de la population qui m'entoure. Tout en scrutant les jolies filles, aussi, évidemment.
Au bout d'une heure de solitude passée dans un coin de la piscine à observer toutes sortes d'individus, entendant les histoires d'Abla et de ses potes se remémorant leur nouvel an précédent et autres vacances de petits riches globe trotteurs qui ne m'intéressaient finalement pas plus que ça, mes camarades me rejoignent.
Bon, tant mieux, j'me sens quand même plus à l'aise avec eux. Il est 15h30... Il est temps pour moi de commencer l'apéro.
Réunis tous les huit, au détour de la conversation qui s'est engagée, mes compagnons m'entretiennent de leur précédent passage au stand de tir-à-l'arc. Et d'après ce qu'ils m'en rapportent, Leila semble extrêmement douée pour la discipline. Tellement douée qu'elle a surpris tous les membres de notre troupe qui ont été témoins de ses exploits et qui ne tarissent plus d'éloge à ce sujet.
D'accord, « challenge accepté ! », dès demain je vais aller m'y entraîner moi aussi, y'a pas de raisons...
Aux alentours de 17h, les plus sportifs d'entre nous enchaînent avec quelques parties de beach-volley avant de se plonger dans la méditerranée pour la dernière fois de la journée. Se devant d'animer l'apéritif officiel, mes partenaires se dépêchent de s'apprêter dans leurs chambres.
Pendant les balances plus personne ne se saoule. Quant à moi, je suis les directives de Brad qui m'a demandé de ne pas m'installer aux côtés des instrumentistes ; ma présence les conduisant à ne pas prendre au sérieux le bon déroulement d'un travail qu'ils mettent un point d'honneur à bien exécuter.
Pas d'soucis ! J'ai pris mes marques. Je vais les soutenir dans le public !
Ce soir, c'est « soirée noir et fluorescent ». Par conséquent, tout le monde dans l'assemblée est habillé de noir parsemé de couleurs flashies...
Mes acolytes entament leur setlist. Apparemment leur synergie d'équipe paraît plus harmonieuse que ce qu'elle fût lors de la soirée « célibataires ». De mon côté, je cherche une place parmi la foule...
Lors de mon investigation je déniche une petite table occupée par une femme isolée. Une dame blonde aux yeux bleus turquoise ayant au moins la quarantaine, voire la cinquantaine, très élégante... Je lui demande s'il m'est possible d'occuper le siège libre à ses côtés, elle m'en prie. Mon installation effectuée, j'écoute avec attention mes potes jouer. Cette fois, les gens semblent plus réceptifs aux musiques qui sont exécutées. Certains se permettent même d'aller danser face à la scène.
Tant mieux, cela doit participer à agrémenter la motivation de mes camarades.
Quelques minutes d'attention musicale passent et j'entame la conversation avec la dame assise à mes côtés. Ayant soif et m'en allant commander une bière au bar, je lui propose de lui prendre un verre sur le chemin... En plus de ma bière je récupère donc un verre d'eau, que je lui ramène, ouvrant la discussion.
Étant donné la nationalité russe de la dame, nous communiquons en anglais. Cela fait longtemps que je n'ai pas pratiqué la langue de Shakespeare, et même si je me débrouille, j'éprouve tout de même quelques difficultés à retrouver certaines expressions.
Bah ! Le principal c'est que nous parvenons à communiquer. D'autant que je ne suis pas nul non plus... Depuis le temps que je lis des articles et visionne tous mes films en anglais... J'suis même sorti quelques semaines avec une touriste américaine... Bref...
Avec la femme d'âge mûr nous parlons musique, nous partageons des bribes de nos cultures communes. En ce qui me concerne, je fais un minimum la promotion de mes copains zicos... Tout se passe pour le mieux. Lorsque le concert se termine, je pars retrouver mes acolytes, quittant Natasha.
Après le débriefe musical des instrumentistes sortis de scène, un nouveau dîner s'annonce sous la bannière d'un nouveau thème, comme chaque soir. Autour des tables, plusieurs « Allez... Allez... Allez Kemer, allez ! » pleuvent un peu partout dans le restaurant.
_ Comme si on n'en bouffait pas assez comme ça dans la journée et en soirée... Maintenant c'est les vacanciers qui s'y mettent, constate Leïla.
_ Ouais, grave. Qu'est-ce que c'est chiant ! appuie Christina.
Repas terminé, de nouveau, comme tout le monde cette fois, notre troupe d'artistes part se rincer au bar avant que le spectacle ne commence. D'après ce que nous en savons, celui-ci se déroule dans l'amphithéâtre.
La soirée débute et nous nous dirigeons vers ce nouveau lieu de future débauche, à n'en pas douter.
L'amphithéâtre nous accueille de ses portes grandes ouvertes. En empruntant l'ouverture, je prends conscience de son envergure, imaginant passer les grandioses portes en bois du célèbre parc préhistorique créé par Michael Crichton... En réponse à la relative démesure de l'entrée, le lieu me paraît considérablement grand, le bâtiment étant tout de même assez spacieux pour accueillir bien plus de cinq cent personnes.
Avec mes partenaires de voyage, nous suivons le flux de la foule qui pénètre l'édifice jusqu'à prendre place au seuil des gradins situés à droite de l'entrée. À gauche, dans l'emplacement généralement attribué à l'orchestre, le bar est installé au milieu de la masse parsemée de podiums sur lesquels s'exécutent des danseuses, tandis que la scène a été emménagée pour accueillir l'installation de DJs accompagnés de nouveaux podiums où animateurs et animatrices pratiquent la séduction chorégraphiée sur une musique de fond. L'ensemble du lieu de soirée, dont le décor est ponctué de monceaux de vêtements et lumières tous autant fluorescents que phosphorescents, est immergé par la partielle obscurité nocturne. Et...