1 : Le calme avant la tempête

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5 février, 7h00.

Un bruit strident parvient à mes tympans. Je soupire, et sans toutefois ouvrir les yeux, je tente de mettre fin à ce carnage auditif. Ma main farfouille ma table de chevet mais ne rencontre pas l'objet de mon tourment. Je soupire, blasée. C'est la même chose chaque matin. J'entrouvre difficilement les paupières et distingue une forme qui ressemble vaguement à ce que je cherche, c'est à dire mon réveil.

Le fruit du Démon.

Je tends ma main vers lui et tente de le saisir. Une tentative soldée d'un cuisant échec. Énervée, je me lève carrément, prend à pleines mains l'objet et le balance énergiquement dans un coin. Le bruit s'arrête enfin. Heureusement qu'il est entouré d'une épaisse couche de plastique souple, sinon je me serais ruinée en réveils. Un peu apaisée, je le ramasse et constate l'horaire : il est sept heures cinq. Je suis dans les temps.

Je me dirige d'un pas lourd vers ma cuisine en vue de me remplir la panse. Je sors tout le nécessaire et m'écroule sur une chaise. Inutile de vérifier si un autre membre de ma famille est levé : je vis seule depuis un an déjà. Je sens les mauvaises pensées arriver : en même temps, c'est normal, nous sommes lundi. En ce jour d'hiver, je dois rendre une dissertation de philosophie sur laquelle j'ai eu plusieurs fois envie de cracher. Honnêtement, la philo, je vois pas à quoi ça sert. Avant, quand j'étais au collège, j'avais limite envie d'en faire. Ma mère avait toujours des bonnes notes. Et quand je lui ai demandé il y a plusieurs années de cela comment elle faisait, elle me répondait qu'elle écrivait de la merde et que ça passait crème. Mon œil. En tout cas je me demande bien comment elle l'aurait gérée, cette dissertation sur je sais plus quoi.

Je met mon bol dans mon évier. Je vais me débarbouiller et me maquiller légèrement. Je m'habille en conséquence, c'est à dire pour un lundi au lycée. Donc un pantalon et un bon vieux pull de noël. Je me muni de mon sac de cours, sans oublier ma fameuse dissertation et sors de mon appartement. J'allume mon téléphone et vois combien de temps il me reste pour être à l'heure : il est huit heure six. Il me reste précisément vingt-quatre minutes pour arriver au lycée. Je soupire et me dirige vers l'arrêt de bus. Celui ci abrite une vieille dame, une jeune mère et son enfant ainsi qu'une fille d'à peu près mon âge.

La mère semble s'emmerder et ne pas savoir comment occuper son gosse. Donc elle lui a donné son portable avec Trotro qui raconte comment il n'a pas fait sa sieste. Les deux autres semblent affligées et l'ignorent. Voyant l'ambiance incroyable qui règne ici, je préfère m'isoler avec ma musique. Le bus arrive juste à l'heure. Je monte en soupirant, ce véhicule va m'emmener dans un endroit qui m'exaspère en même temps. Je m'avance vers ma place habituelle, c'est-à-dire au fond du bus du côté de la fenêtre. Peu à peu le bus se remplit de lycéens qui vont tous au même établissement. Alors que je suis au plus profond de mes pensées, une légère tape sur l'épaule m'en extirpe. Je retire un de mes écouteurs et constate que c'est Levy, une de mes amies qui est plantée devant moi. Je lui souris.

-Coucou Levy, ça va ?

-Hey Lu' ! Oui ça va, alors ta dissert' ? me lance mon amie aux cheveux bleus.

-Ben j'ai bossé à fond quoi, j'espère juste que le prof me mettra une bonne note, je lui répond laconiquement. Et je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler Lu', à chaque fois je j'ai l'impression d'être un petit beurre.

-Euh... désolée. Ça n'a pas l'air d'aller, Lucy, tu n'as plus rien à lire ? Si tu veux j'ai quelques bouquins qui pourraient intéresser, s'inquiète Levy.

Je soupire. Ça se voit tant que ça que je n'aime pas les lundis matins ?

-Non t'en fais pas. C'est juste que j'aime pas les débuts de semaine, je lui répond d'un ton que je veux rassurant, Lévy et moi nous nous connaissons depuis la primaire et elle s'est toujours fait du souci pour un rien.

Lacryma [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant