16 : Une soirée très space

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19 février, 3h17, chez Lucy.

Je n'arrive pas à dormir.

Pourtant, Mavis nous a recommandé de nous reposer un maximum avant de commencer les opérations.

Mais cela m'est impossible, je suis bien trop stressée.

Dans quel plan foireux on s'est encore fourrés ?

Je me retourne une énième fois dans mon lit. Je peux percevoir le ronflement régulier de mon père, qui ne semble pas au bord de la crise de nerfs, contrairement à moi.

Tout ce que nous devions emporter est emballé. On a rendez-vous une demi-heure avant notre tour dans le square à côté du lycée pour qu'on nous explique comment ça va se passer.

Et pourtant, j'angoisse. Je crois que le fait de devoir compter sur mon père pour quelque chose d'aussi délicat n'y est pas pour rien.

Désolée, Papa, c'est pas que j'ai pas confiance en toi, mais tu es plus doué pour conclure des affaires commerciales qu'entrer par effraction dans un établissement scolaire.

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4h13

-Sérieusement, Papa ?!

-Plus on est discrets, mieux c'est, ma chérie, rétorque mon père tout en se peignant des trait noirs sur les joues, à la manières des soldats en commando dans les séries. On est jamais trop prudent.

-Il était juste recommandé de mettre des vêtements sombres, pas de se peindre la gueule en noir, j'ajoute en voyant qu'il commence à couvrir intégralement son visage de poudre foncée.

-Il vaut mieux en faire trop que pas assez.Tu devrais faire comme moi, Lucy, fait-il avant de me prendre par surprise en traçant deux traits grossiers sur chacune de mes joues.

-T'es pas drôle !

-Non, je suis simplement prudent. Il serait fâcheux qu'on nous repère !

Je n'insiste pas, de toute manière, mon père est connu dans la presse people pour être un personnage particulièrement excentrique, et je ne peux pas lutter contre sa vraie nature.

Quelques minutes plus tard, nous faisons des allers-retours entre mon appartement et le caddie que nous avons emprunté (volé) pour transporter nos affaires.

Une fois cela fait, je ferme une dernière fois la porte de mon appartement avec nostalgie. Je suis quand même triste de le quitter. Je balaie mes remords d'une solide claque mentale.

Il faut se tourner vers l'avenir, à présent.

Je pousse le caddie avec le plus de discrétion possible tandis que mon père marche de façon « furtive », en rasant les murs, mais je ne le juge pas, j'ai l'habitude, maintenant.

À mi-chemin, un bruit puissant nous surprend et mon père se met en position d'attaque, les deux mains l'air. Une détonation, et une série d'autres arrive. Elles se rapprochent, et des hurlements de rage les accompagne.

Nous pressons le pas tandis que mon sang se glace.

Soudain, le souffle chaud d'une explosion nous projette en avant, je me retiens de hurler en me mordant les lèvres.

Le caddie s'est renversé et je suis allongée à terre, sonnée. Mon père n'est pas loin, étendu au sol.

J'ai eu de la chance car je vois de gros morceaux de mur juste à côté de ma jambe. J'aurais pu être blessée.

Lacryma [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant