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CHAPITRE 3

Je me souviendrai toute ma vie de cette photo qu'on avait prise avec Norbert. Qu'est-ce que j'étais moche dessus!...

Cette photo, c'était mon fond d'écran. Et, à moins d'être trompée par mes souvenirs, c'était également le tiens, Cléa.

Je me demande souvent, le soir, comment je pourrais t'oublier... et ensuite, je me demande pourquoi je devrais t'oublier.

Tu es la personne qui a fait de moi ce que je suis. Si je t'efface, j'efface la partie la plus importante de ma vie, celle qui m'a construite, la plus belle. Parce que tu es, malgré tout, ma plus belle histoire.

Comment oublier cette fameuse date? La date de ton anniversaire?

Je me souviens bien de tes 14 ans. J'étais là, comme ta mère, tes deux sœurs et ton voisin (l'ami de ta mère, je crois).

Ton père a appelé. Je me souviens que tu ne voulais pas répondre. Tu as pris ton téléphone, tu as regardé le nom, tu as soufflé et tu as éteins ton portable.

« Ah mais merde! Si j'éteins mon tel ça raccroche!! t'étais-tu exclamée.
- Bah oui du con! » avait répondu Amelia, ton autre sœur.

Alors tu l'as rappelé. C'était bref;
« Joyeux anniversaire.
- Merci.
- Quel âge ça te fait? 15?
- 14... (avec une mine exaspérée)
- Ah d'accord. Ça va? L'école?
- Oui.
- C'est cool alors. »

Voilà, toi, ton père...

Je me souviendrai aussi à jamais de mon cadeau! Un simple paquet de bonbons avec un noeud sur le couvercle (pour faire bonne mesure) et un arbre généalogique de nos délires...

C'était une bonne journée. On était montée dans ta chambre et on avait fait les connes...

Et, comme toujours, tu me plaquais contre toi et tu soufflais cette phrase, d'une petite voix enjouée et moqueuse, que me faisait frissonner. Elle me donnait l'impression de pouvoir braver l'inconnu, de compter parmis les étoiles, d'être quelqu'un aux yeux du monde, d'être quelqu'un à tes yeux à toi..

« T'es à moi! »

En bref, on avait bien révisé nos épreuves communes du lendemain.