C'est étrange de commencer un nouveau chapitre de cette histoire après tout ce temps. Je ne pensais pas que je réécrirais un jour. Je pensais que je resterais sur cette conclusion positive qu'est le chapitre 50 de ce livre.
Avec le recul, avec tout ce que j'ai vécu pendant ces deux ans, je pense avoir compris pas mal de choses. Et je pense que les écrire ici n'est pas une mauvaise chose. Car Cléa est tout sauf une mauvaise personne.
Pour cet épilogue, je vais m'adresser à vous. Parce que c'est à vous que je veux expliquer ce que je ressens. Cléa le sait déjà, maintenant.
Aujourd'hui, nous sommes le 7 mai 2019. Il y a presque quatre ans, j'ai rencontré une fille. Vous dire que je l'ai aimée tout de suite serait vous mentir. À vrai dire, quand on a 12 ans et qu'on n'a pas confiance en soi, c'est compliqué d'apprécier quelqu'un qui vous "force" à vous assumer. Quelqu'un d'aussi complet qu'elle, qui a déjà une telle personnalité.
Cette fille, c'était Cléa.
Pourtant, c'est aussi la fille que j'ai aimée le plus parmi tant d'autres. Je n'avais jamais ressenti quelque chose d'aussi fort. C'est pour ça que, deux ans après avoir envoyé ce stupide blog, je m'en veux encore d'avoir perdu une personne comme elle.
Aujourd'hui, je suis en fin d'année de seconde. Dans le même lycée que Cléa. La voir tous les jours sans pouvoir lui parler, sans pouvoir lui poser toutes ces questions qui me brûlaient les lèvres, était juste insupportable pendant un temps.
Je lui envoyais des messages sur Instagram que je supprimais juste après. Je disais des choses secrètes, intimes. Des choses que je ne voulais pas vraiment qu'elle lise. Ou que je m'étais persuadée qu'elle ne voulait pas lire. J'espérais simplement qu'en voyant la notification, elle devinerait qu'il s'agissait de moi. Que je lui manquerais alors comme elle me manquait elle.
Cependant, Instagram en a décidé autrement; il n'a pas supprimé l'une des notifications. Elle avait lu. Elle savait.
Elle savait que, deux ans après, elle me manquait toujours et que je pensais encore à elle. Alors, j'ai décidé d'arrêter de me cacher et d'envoyer un message;
« Est-ce qu'on peut se voir? Pas longtemps, je veux juste t'expliquer, juste parler. Juste cinq minutes, s'il te plaît »
Elle m'a répondu quelques minutes plus tard;
« Je vais aller manger, après si c'est possible pour toi »
À 20 heure, je suis allée au petit parc dans lequel elle m'attendait. Ce parc qui enferme tellement de souvenirs en lui. Des souvenirs...
Quand je suis arrivée, elle était assise sur un banc, les yeux rivés sur son téléphone. Elle a attendu que je sois face à elle pour lever les yeux vers moi et elle m'a demandé;
« Ça va?
- Euh... oui. Et toi, ça va?
- Oui. »Et je me suis assise sur l'extrémité du banc, laissant un écart entre nous. Entendre sa voix a déclenché quelque chose en moi que je ne m'étais pas préparée à ressentir; j'avais oublié que sa voix pouvait être aussi douce, apaisante.
Je n'ai rien dis pendant un petit moment. Je me contentais de la regarder. J'avais oublié la couleur de ses yeux, oscillant entre le vert et le marron. J'avais oublié comment ils me regardaient, oublié la quantité de choses qu'ils hurlaient en permanence. J'avais oublié toutes ces petites choses que je m'étais promis de garder pour la vie. Je l'ai regardée comme je l'avais rarement fait, parce que je savais que l'occasion ne me serait sans doute plus jamais donnée. Je voulais me souvenir de chaque détails, chaque expressions. Je voulais me souvenir de tout. Je ne voulais plus jamais oublier.
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Us
RomancePeut-être qu'un jour j'arriverai à oublier. Peut-être qu'un jour tes mots accepteront de sortir de ma tête. Peut-être qu'un jour tous ces souvenirs arrêteront de me torturer. Peut-être qu'un jour j'arrêterai de t'attendre. Peut-être même qu'un jour...