Chapitre quinze

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Elle court , elle court . A en perdre haleine, elle court . Elle trébuche contre les racines sinueuses qui dépassent de la terre sombre comme des mains tentant d'attraper sa frêle cheville . Les arbres semblent se refermer autour de la jeune fille comme une cage de bois la retenant prisonnière d'une prison végétale. Elle court .

Ses cheveux roux flottent et se balancent derrière elle au rythme de ses foulées . Sa grande robe blanche et crasseuse de boue sur le bas . Elle est pied nu . Et pourtant elle court . Elle ne peut pas s'arrêter. Elle ne peut pas reculer . Elle n'en a pas le droit . Elle ne doit pas  être fébrile .

 Pourtant elle a mal partout , mais elle court . Elle doit courir . Elle doit lui échapper . L'humaine court , fuit je ne sais où mais s'enfonce dans l'obscure forêt aux divers arbres . Ses poumons la brûlent . Son corps est douloureux . Mais elle ne doit pas s'arrêter . Un rire à vous glacer le sang résonne pendant de longues et éternelles minutes . Les animaux la regardent courir à travers cette si dense flore . La peur la gagne , elle se perd . Elle est perdue dans ce monde ténébreux . Elle s'arrête enfin.

 Elle s'effondre? s'écorchant les genoux au passage . Le cœur au bord des lèvres , la douleur est intense , tellement qu'elle parait surréaliste . Des branches craquent sur sa gauche . Le silence est revenu . Juste le bruit du silence l'entoure , les oiseaux avaient depuis bien longtemps arrêté leur cacophonie mélodieuse  et le vent était trop peureux pour venir caresser de son souffle l'écorce des arbres noueux et maudits . Personne ne pourrait l'aider . Même le soleil n'arrivait pas à percer l'épaisse couche opaque que formaient les feuilles .

 Le froid, les ténèbres et la peur règnent en maître dans ses lieux . Il approche, elle l'entend , il est tout proche , il arrive ... Une silhouette se tient dans l'ombre , seul son sourire se voit tant la blancheur de ses dents contraste avec la noirceur de son corps . C'est lui ... elle doit fuir mais ses jambes sont paralysées ... Un hurlement déchire l'air , une grande lumière envahi l'espace et tout à coup...

J'ouvre mes yeux , gonflés et rouges d'avoir pleuré .

Je manque de vomir ... je crois que j'ai rêvé , de quelque chose de très étrange , mais seules quelques brèves images floues restent dans ma mémoire. Je me redresse lentement et c'est encore groggy de sommeil que je constate qu'il fait nuit dehors . Je passe une main tremblante dans ma chevelure rousse . Je regarde par la fenêtre, il fait nuit .

J'ai dormis vraiment longtemps , je devrais pouvoir marcher ... il avait dit deux heures minimum...

Non Yona ne pense pas a lui .

Mon ventre crie famine ce qui me tire de mes réflexions , mais mon corps est douloureux. Je dois me lever . Je dois téléphoner à Suzana, elle, j'en suis sûre pourra m'aider.  

 Cette maladie n'est pas normale . Un peu comme moi...  finalement tout ce qui nous arrive dans la vie , n'est qu'un reflet de notre propre personnalité .

Je prends appui sur le canapé et tente de me lever. Sans succès. Je recommence. Cette fois ci j'arrive à dicter à mes jambes de me porter . Je tiens debout avec beaucoup de difficulté. Je prends une grande inspiration , et pose un pied devant l'autre . Les jambes tremblantes mais je résiste. La tête me tourne . Mon téléphone est dans ma chambre j'en suis sûre . Je sais qu'il m'est impossible de monter des escaliers pour le moment , je risquerais de tomber, vu mon état. .

Je me souviens , tout à coup , de Suzana téléphonant avec un appareil fixe. Mais bien sûr !

Il faut juste que je mette la main sur ce maudit téléphone .

Je marche en titubant vers la pièce qui correspond avec celle ci . L'espace est grand . Un tapis au motif ancien recouvre le magnifique parquet en acajou . Des portraits sont accrochés au mur ainsi que diverses photos .

Dawn Tome 1 : OstinatoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant