Et si les roses noire existaient ? Bien avant l'antiquité, dans l'Ouest américain, des chercheurs ont trouvé l'existence d'une fleur avec des pétales imbriqués, d'une beauté unique et d'une senteur irrésistible appelée Rose, son nom même symbolise l'amour et le bonheur. Des Roses rouges, des roses roses........... Et qu'en est-il d'une rose noire, et si elles existaient ?
Dans le nord de l'Amérique plus précisément en Haïti. Sous le ciel ensoleillé, un homme abandonné a trouvé l'existence d'une merveille incomparable, ce n'était ni l'hibiscus de senensis, ni la petite blanche, ni le laurier rose, ni le mauve en arbre...
Arrivé dans ma terre natale qui m'était complètement étrangère, 60 ans d'exil, 60 années nostalgiques et voilà que maintenant je foule le sol que j'avais fui depuis si longtemps. Même étant âgé et malade il m'était impossible de ne pas admirer le paysage qui m'a tant manqué, le soleil, la mer, l'odeur des marchés publics et surtout les femmes. Cette dernière eut toute mon attention car depuis mon adolescence j'ai été toujours attiré par les femmes noires, ces femmes fougueuses, qui ne vieillissent pas malgré la ménopause. Avez-vous déjà pris du temps de contempler nos haïtiennes, nos fleurs ? Des pétales uniques.
J'essayais de m'identifier parmi cette population qui a tant changé des décennies et je me suis senti encore plus seul. Le temps n'avait pas demandé mon avis, il s'en allé en prenant sa vitesse de croisière en me laissant vide de ma jeunesse. Je suis ce vieux, atteint du cancer du poumon, sans enfants, condamné par les médecins, Il ne me restait qu'à attendre ma mort. J'étais dans l'agonie, j'avais du mal à accepter ce virage serré dont avait pris ma vie. Jamais je n'avais osé imaginer finir ainsi, sans amis, sans famille, sans enfants, seul avec cette chose visqueuse collée à mes poumons. Dans l'agonie de la nuit je marchais sans espoir, mes larmes coulaient sur mon visage, depuis cinq ans déjà, pour la première fois je pleurais ma maladie.
Déambulant dans ce noir compact, je heurtais quelqu'un et je me retournais, elle était là, accroupi, même avec la lumière blafarde, elle paraissait brillante, avec son teint noir, des cheveux crépus, ses grands yeux, son visage allongé. Elle me pénétra de son regard et instantanément c'était comme si elle avait inoculé dans mes veines une chaleur qui s'éparpilla dans mon corps. J'eus une soudaine envie de lui aborder.
-Excusez-moi mademoiselle, dis-je avec une voix de crécelle.
- Ne vous inquiétez pas cher Monsieur. Continuez votre route.
- Mais que faites-vous ici à cette heure tardive ?
- Je suis une commerçante, les marchandises arrivent la nuit, mais je vais rentrer chez moi, ils viennent m'informer que le débarquement est prévu pour un autre jour.
- Ah je vois !
-Et vous ?J'ai jamais pris du temps de parler de moi au cours de mes années passées aux etats-unis, je n'ai jamais parlé de ma maladie, pourtant avec elle, j'eus l'impression que je pouvais me confier, dire tout ce que j'avais sur le cœur, parler de mon mal. C'est ce que j'ai fait bien évidemment. J'avais pris place à côté d'elle et on s'était mis à parler de tout et de rien comme de bons amis. L'aube se pointait, je n'avais pas vu le temps passé, ça fait 60 ans qu'il me fait toujours ce coup-là, je décidais de m'en prendre congé de ma compagne mais elle m'arrêtait.
- Donc, vous croyez fermement à ce que vous ont dit les médecins ? Qu'il vous reste que quelques jours à vivre ?
- C'est la vie ! Dis-je en essayant de sourire.
- Moi, je ne crois pas. Oui, on doit tous mourir. Mais on ne sait jamais, Dieu pourrait t'accorder beaucoup plus de ce pensent les médecins. S'il vous plait, laissez-moi passer ces jours à vos côtés, je ne pourrai pas empêcher votre mort certes mais je peux embellir les jours qui vous restent, je peux vous aider à vivre. Vous savez comment ?
-Comment ?
- En vous rendant heureux, Un cœur content est le meilleur remède dans votre cas et les gens accompagnés supportent plus l'adversité que quiconque parce que c'est le chagrin qui va vous tuer pas la maladie.Cette femme est incomparable, mon psychologue n'a pas eu cet effet sur moi. Elle a trouvé le mot exact pour me réconforter.
Elle m'a emmené chez elle et m'a fait visiter son jardin, un jardin remplit de fleur, l'hibiscus de senensis le seul plantier qui m'était pas inconnu.
- Vous êtes fleuriste ?
- Je cherche le secret des fleurs a-t-elle répondu.
- Quel secret ?
- Le secret, en prenant soin de mes fleurs de peur qu'elles flétrissent, je prends aussi soin de ma vie.
- Ah! Regardez à droite de l'hibiscus de senensis dis-je en le pointant du doigt, c'est quelle fleur ?
- Ah ! C'est le lantanier.
On pourrait voir même à travers son sourire son amour pour les fleurs. Et c'est cette passion pour les fleurs qui rend si sensible cette femme. Toutes les fleurs de ce jardin contribuent dans sa personne intérieure, elle connait les caractéristiques de toutes les fleurs, et a du mal à choisir sa préférée.Mes jours en compagnie de cette femme étaient les plus merveilleux de ma vie, elle avait pris soin de moi, elle m'a nourrit de son humour, de sa joie, de l'odeur de la sève de ses fleurs. En regardant sourire cette femme, j'ai pu remarquer qu'elle aussi avait ses problèmes personnels mais avait tout laissé de côté pour prendre soin de ses fleurs et aussi de moi car pour la première fois de ma vie je me sentis devenir jeune.
Ainsi vient le jour de notre séparation, une chose est sure, ces moments resteront pour toujours dans ma mémoire, pendant les autres jours qui me restent, j'aurai plus à penser à la mort mais aux souvenirs de ces jours.
- Je suis contente de vous avoir rencontré et triste que nous nous séparions dit-elle les larmes aux yeux.
- Non, ne pleurez pas pour ne pas gâcher ce sentiment qui nous unit.
- Je pleure de joie, il ne vous reste qu'à continuer en paix.
- Vous m'avez appris à partager votre foi, qu'il en soit ainsi ma chère Rose ! Je peux vous demander un service ?
- Lequel ?
- Quand je mourrai, promettez-moi d'être la rose noire qui assistera à mes obsèques. Vous avez changé ma vie en quelques jours Rose. Vous êtes digne de ce nom très cher Rose.
- Avec plaisir. À la prochaine
- Je l'espère Rose.Et tous les jours, c'est un hymne que je donne à cette femme qui m'a permis de connaitre le secret des fleurs, les nourrir, les regarder grandir m'ont permis de ne plus penser à cette maladie qui me mange à l'intérieur. Cette femme a partagé avec moi le peu qu'elle avait. Sa joie de vivre. C'est ça la magie des femmes haïtiennes, pas besoin d'être riche pour qu'elles vous comblent de bonheur, pas besoin de connaître le passé pour illuminer votre futur. J'ai compris en Rose la réalité du mélange par lequel on obtient la couleur rose, ce mélange du rouge symbolisant la victoire et du blanc symbolisant la pureté, je suis victorieux face à l'attente de la mort, je n'y pense plus, qu'il vienne ou pas, je m'en fous...
J'ai besoin de Rose et même après ma mort j'aurai besoin d'elle en les roses noire sur ma tombe. Vivant, elle était cette Rose, ma petite blanche, mon hibiscus senensis (choublak), mon laurier rose et tant d'autres fleurs et quand je serai mort, j'aimerais l'emporter dans ma tombe. Un gerbe de rose noire.
Rose Annacia Dumé
RoseAnnaciaDume
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Si les Mots étaient Femmes
Short StorySi les Mots étaient Femmes, alors ils seraient de l'encre vomi par la fougue des plumes empressées. Ils redessineraient la réalité, ils peaufineraient la femme en faisant ressortir la quintessence de leurs existence. Ce sont des mots, des phrases, d...