L'Accaparatrice

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Elle est là !
Cette idée me fit sursauter de mon sommeil pour me réfugier derrière ma planque afin d'admirer la plus belle merveille de la nature. Elle, la voisine d'à côté. Je me souvins de la première fois que je l'ai adressée, elle avait ce sourire sensationnel qui rayonnait sur son visage angélique. Le con que j'étais pour la regarder de haut en bas avant de positionner mon iris sur sa poitrine bien ferme. Son « kijanw ye vwazen ? » qui succédait ce sourire charmeur me faisait l'effet d'une bombe en plein cœur. Ce jour-là je vous assure que j'ai traversé tous les océans à la recherche d'un mot pour charmer cette dulcinée mais encore une fois ma frilosité a pris le dessus. Mais elle n'arrêtait pas pour autant, au contraire, elle me souriait de plus belle avant de me sortir une douce nuit qui me donnait la chair de poule.
Cette négresse, aux yeux aux amandes, me fait perdre systématiquement les moyens. Mon Dieu ! Si vous la voyez à cet instant avec ses cheveux courts en style afro qui suffisent amplement à me faire perdre la tête. Je ne saurais vous dire combien de temps fait-elle valser mon cœur par ses yeux ténébreux ? Mais je vis par l'odeur de son parfum que je renifle de ma piaule à chaque lever du soleil. Cela fait plus d'un mois que je guette furtivement ses faits et gestes sans lever le petit doigt pour lui faire savoir à quel point elle me rend dingue. C'en était trop, j'ai trop longtemps attendu le moment adéquat pour lui avouer qu'elle domine totalement mon cœur, maintenant c'est bon je suis à bout de ses attentes merdiques. Je vais lui dire car mon cœur ne supporte plus le manque de son âme-sœur.
Cela fait près d'une demi-heure que je me trouve devant sa demeure et que j'arrive pas à cogner à sa porte. Je tremble merde ! Quel abrutit ! Le dernier des imbéciles ! Je veux bien me dire à l'instant qu'elle n'est pas derrière cette porte, que je n'ai rien à faire ici mais non ! Mon cœur se trouve au bon endroit. Quel homme se résignerait-il à perdre son amante sans bouger le petit doigt ? J'en connais bien un, moi, Marcel Joseph, le roi des imbéciles. Je ne saurais vous dire quand et comment que je me suis retrouvé assis sur mon sofa à contempler le plafond comme ci ce dernier avait le pouvoir de me sortir de mon calvaire. Mais je me retrouve ainsi depuis une bonne dizaine à entendre ces maudits frappements à ma porte. Les haïtiens ! Est-ce si dur à comprendre que je ne désire pas ouvrir ?
-Ki moun ? Dis-je exaspéré. Ki moun ou ye ? Toujours pas de réponse, elle va m'entendre me dis-je énervé en ouvrant cette maudite porte mais boom ! Comment parler ? Elle est là la maîtresse de ma vie avec son sourire pas possible.

-Bonsoir voisin, désolée de venir sans prévenir. Mais je me sens seule chez moi, je ne peux pas sortir à cause du temps et j'ai vraiment besoin de parler.
-Venez, entrez. Faites comme chez vous.

Je la laisse passer pour entrer mon Dieu quel déhanché ! Elle est encore plus belle aujourd'hui avec sa robe rouge qui lui arrive à mi-cuisse et sa sandale macramée qui dévoile ses beaux ongles. Je me demande si elle se rend compte que je la fixe en ce moment. Oui, elle doit sûrement s'en rendre compte. Mais comment ne pas rester émerveillé devant une telle beauté ? Je vous assure que je ne l'ai jamais vu aussi belle, elle est tout simplement magnifique.
-J'ai comme l'impression que je ne devrais pas être ici. Me sort-elle brusquement.
-Pourquoi ? Ai-je fait quelque chose de mal ?
Oh mon Dieu ! Je l'ai trop dévisagée ! Comment la retenir ? Que dois-je faire ?

-Non rien c'est juste qu'il est tard et je n'aimerais pas que votre petite copine me retrouve ici si elle vient vous rendre visite.
Quel soulagement ! Pour la première fois de toute ma vie, j'arrive à lui sourire sans avoir ce crampe à la gorge.

-Je n'ai pas de petite amie et ceci depuis un bon bout de temps.
-Oh ! Désolée voisin je...
-Ne vous en faites pas, ce n'est rien.
-Puis-je vous poser une question ? Euh assez personnelle ?
-Oui bien sûr, je vous écoute.
-Ça ne vous manque pas.... c'est-à-dire.... Vous n'aimeriez pas avoir.... Euh une femme dans votre vie?
-Si, en faite j'ai des vues sur une femme depuis un certain temps mais je n'arrive toujours pas à lui faire part de mes sentiments. Vous ne pouvez pas imaginer comme je l'aime, je la trouve tellement belle que je n'arrive pas à la comparer à quoi que ce soit. Pouvez-vous croire que je la vois même dans mon sommeil ?
-Ouah ! Que c'est beau ! Voisin ! Vous ne croyez pas qu'il serait préférable de lui avouer vos sentiments au lieu de les garder pour vous ?
-Si mais comment ? Comment lui dire que je l'aime plus que tout alors que je ne peux même pas supporter son regard ? Comment me vider alors que sa simple présence me fait perdre mes mots ?
-Voisin ! Laissez-moi vous dire en ce moment un homme me plaît et ceci je suis prête à franchir le cap avec lui mais il y a un problème c'est qu'il ne sait toujours pas comment me déclarer sa flamme. Vous pouvez croire qu'il me regarde passer près de chez lui chaque matin sans me dire ce qu'il ressent. C'est insensé, il me surveille, me sourit et n'arrive pas à me le dire. Voisin si vous saviez comme c'est dur d'attendre désespérément un homme en sachant qu'il ressente la même chose pour vous ? Je vous jure que j'ai longtemps essayé de lui montrer ce que je veux mais lui il n'en fait qu'à sa tête. Vous pouvez croire qu'il s'est amené jusqu'à ma porte mais ne m'a rien dit. Je me demande si ça lui fait pas mal de nous faire souffrir de la sorte. Je suis sûre que ça irait entre nous, et même si l'avenir est incertain, le plus important n'est-ce pas bien d'avoir d'essayer ?

Mon Dieu, elle vient de transpercer mon cœur, la femme que j'aime est amoureuse d'un autre. J'ai envie de lui dire à l'instant que ses paroles me blessent, que je meurs intérieurement à cause de ce sentiment que je dois garder désormais pour moi. Je l'ai perdue, elle est follement amoureuse de ce gars comme je suis fou d'elle. Je suis coupable de ce qui m'arrive, Mon Dieu pourquoi ai-je laissé passer tout ce temps sans lui déclarer mon cœur ? Pourquoi ai-je laissé un autre s'accaparer de son cœur alors que j'étais plus près ? J'ai cet envie d'ouvrir la bouche et lui crier que je l'aime énormément mais rien, aucun son ne franchit, je l'ai perdu, mon cœur ne va pas se relever de cette chute. Je n'entends plus rien aucun son, je regarde ses lèvres articuler les mots mais ils s'envolent avant de m'atteindre, je suis devenu peut-être fou. Ce n'est que quand je la vois se lever du sofa pour rentrer chez elle que j'ai compris que je vivais ma réalité. Je m'entends parler, lui souhaiter une bonne nuit, lui sourire mais vis mon tremblement que lorsqu'elle me sortit: « Arrêtez de trembler, c'est de vous que je parlais tout à l'heure, j'étais juste venue vers vous afin de vous faire savoir qu'il est grand temps pour vous de me déclarer votre flamme. » Puis elle sortit de mon champ de vision.

Merde !!!! Elle savait tout !






FedoudouX

Si les Mots étaient FemmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant