Le sol se précipitait dans sa direction. Isabelle cria, incapable de se retenir. Son seul espoir, c'était de ne pas avoir rêvé cette scène sur la pelouse. D'avoir réellement vu Lysandre. Pour un peu, elle aurait prié pour qu'il la venge. Qu'il la venge...
Elle avait cessé de crier quand elle fut sur le point d'atteindre le premier étage de la tour Eiffel. Bientôt, elle percuterait le sol, sa vie s'envolerait, à l'instar de tous ses espoirs...
Quand, soudain, quelqu'un sauta de l'étage qu'elle était sur le point de dépasser. En dépit de la vitesse du vent, elle parvint à écarquiller les yeux, à l'instant où elle croisait deux prunelles rendues fauves par le manque de lumière. Qu'est-ce que... Lysandre !?
Ayant tout juste le temps d'être surprise, elle le vit à l'horizontale par rapport à elle. Il ouvrit les bras. Juste avant qu'elle ne le percute. Elle poussa un nouveau cri alors qu'il refermait ses bras puissants autour d'elle. Par réflexe, elle s'agrippa à lui. Ils tombaient toujours ! Mais soudain, leur chute fut stoppée de manière violente, abrupte. Le commissaire poussa un grondement, certainement de douleur, alors qu'elle plantait les ongles dans ses omoplates. Elle se crut sur le point d'échapper à sa prise, mais il la tenait fermement.
-Je te tiens... grogna-t-il. Je te tiens...
La tête au niveau de ses clavicules, haletante, Isabelle leva les yeux sur Lysandre. Il la fixait avec une stupéfaction mêlée de soulagement, avant de dire :
-C'est bon, les gars ! Remontez-nous !
Hein ? Oh... Un harnais sanglait son torse. Un câble en acier en jaillissait, remontant dans les ténèbres, jusqu'au premier étage de la tour Eiffel. Centimètre par centimètre, ils furent hissés jusqu'à la rambarde. Les mâchoires serrées, Lysandre la fit passer par-dessus, avant de la rejoindre. Une dizaine de ses policiers se trouvaient là, dont deux s'activaient à faire tourner le système de poulies leur ayant permis de remonter.
-Allez sécuriser la zone là-haut, ordonna Lysandre en détachant son harnais. Justin doit toujours s'y trouver.
Encore en état de choc, Isabelle se tourna vers lui.
-Armand est là-bas, fit-elle d'une voix totalement neutre.
Il fronça les sourcils.
-Allez chercher son frère. C'est son jumeau, il a la même tête qu'elle, vous ne pourrez pas le louper.
-Et vous, chef ?
-Je l'emmène en sécurité, comme convenu, gronda-t-il. Exécution !
Ils disparurent tous sur son ordre. Lysandre récupéra son pardessus, laissé sur le sol, avant de le draper autour des épaules de la jeune femme. Sans réellement y penser, le regard fixe, elle le serra autour d'elle.
-Isabelle ? s'inquiéta-t-il en posant une main sur sa joue. Tu te sens de marcher ?
-Oui oui, répondit-elle d'une voix absente.
Il prit cela pour un non. En un clin d'œil, il passa un bras sous ses genoux, l'autre sous ses épaules. Se laissant aller contre son torse, elle ne chercha pas à protester. Cela inquiéta d'autant plus le métamorphe.
Partant au pas de course, il descendit les dernières marches de la tour Eiffel. À son pied, deux calèches les attendaient. Il s'engouffra dans la première, laissant la seconde à ses hommes. En une dizaine de minutes, ils se retrouvèrent dans sa maison parisienne. Son vieux majordome lui ouvrit la porte. Visiblement, il avait été à l'affut du retour de son maitre.
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La Marquise Sanglante
General FictionTrès peu de choses pouvaient mettre la Marquise Sanglante hors d'elle : l'insulter, insulter les siens, toucher à sa famille. Or, en cette année d'exposition universelle de 1889, quelqu'un avait commis ces trois erreur