Chapitre 17 : Dans la Gueule du Loup

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Droite comme un I devant les fenêtres, Isabelle fit un rapide point sur la situation : voilà cinq heures qu'elle se trouvait enfermée dans le manoir de monsieur de Pursang, cernée par une bande de vampires très désireux de la saigner à blanc.

Par chance, nous allons dire cela, monsieur leur chef avait décidé de la prendre comme garantie : car tant qu'elle resterait vivante avec eux, les Millicent n'envisageraient pas de les attaquer. Il allait l'utiliser comme moyen de pression, afin d'échapper aux représailles de sa famille suite à la transformation d'Armand et la tentative de meurtre inopinée sur sa personne. Car son grand saut du haut de la tour Eiffel était considéré comme une « grossière erreur ». Un moment de panique de la part de monsieur Justin.

En raison de ce statut à double tranchants et de sa verve, Isabelle était parvenue à échapper aux cachots humides, pour se faire enfermer dans la bibliothèque. Pas de lit, pas de salle de bain, seulement des vieux livres sentant la poussière.

Cela lui convenait très bien.

Agacée, la Marquise considéra les vampires, qui faisaient une partie de croquet à l'extérieur. Les jardins de monsieur de Puresang étaient imposants, pourtant ils avaient décidé de faire cela juste sous sa fenêtre. Coïncidence ? Elle n'y croyait pas trop. Car Monsieur Justin se trouvait sur le banc juste en face d'elle, les yeux rivés sur les carreaux d'une propreté surprenante. Heureusement qu'elle se trouvait à l'étage. Il aurait été fichu de traverser la vitre, cet imbécile.

Bref. Pour le moment, il était le cadet de ses soucis.

Isabelle se détourna, pour embrasser la bibliothèque du regard. La porte à double battant était close, l'enfermant au milieu de canapés de cuir confortables et d'étagères surchargées. Un bar se trouvait là, avec des bouteilles de sang voisinant celles d'alcool. Ni l'un ni l'autre ne la tentaient.

Elle préféra se tourner vers les livres.

Car si elle avait fait son possible pour être ici, c'était exactement en raison du savoir à portée de main.

Il lui fallut près de deux heures supplémentaires pour trouver un ouvrage sur les failles temporelles, et un autre sur le voyage dans le temps. Ce n'était pas le sujet de prédilection des vampires, car elle avait trouvé plus de traités de médecine sur l'hématologie qu'autre chose.

Elle était sur le point de se caler dans un fauteuil, pour consulter ses deux trouvailles, lorsque la porte s'ouvrit à la volée.

Quelle ne fut pas son exaspération à la vue de monsieur Justin.

-Qu'est-ce que tu fais ? gronda-t-il.

-Moi ? fit-elle innocemment. N'est-ce pas évident ?

Le visage régénéré grâce à sa nature vampirique, il s'approcha à grands pas, non sans claquer la porte derrière lui. Elle n'aimait pas particulièrement l'idée de se retrouver seule dans la même pièce que cet individu. Quand il lui arracha le livre des mains, elle ne chercha pas à protester.

-Le vampirisme à travers les âges ? lut-il. Pourquoi, tu t'intéresses aux miens, maintenant ?

Ayant eu la présence d'esprit de mettre une autre couverture sur ses choix, la Marquise haussa les épaules.

-Il faut connaitre son ennemi pour mieux l'abattre.

Il baissa des yeux froids sur elle, avec un mauvais sourire.

La Marquise SanglanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant