Ils partirent dans l'heure pour l'extérieur de Paris. Évidemment, Cassandre de Millicent ne vivait pas tout à fait à la capitale. Elle se trouvait dans les bois, dans une demeure se trouvant à trois heures de cheval. La nuit était tombée depuis longtemps lorsqu'ils virent le portail frappé des armes de la famille.
Deux loups-garous montaient la garde, leurs yeux luisants de façon inquiétante dans la lueur des lanternes. Lysandre et elle firent halte à bonne distance, pour descendre de leur monture. Face à l'hostilité de ces deux créatures, les chevaux refusaient de s'approcher. D'ailleurs, aucune personne saine d'esprit ne se serait approchée.
Les lycanthropes plissèrent les paupières à leur approche, avant de se jeter des regards étonnés. Isabelle n'en était pas surprise. Elle n'était plus revenue ici depuis... Depuis... Elle ne se souvenait pas. Cela se comptait en années, en tous cas. Des années qu'elle n'avait plus vu sa mère.
En vérité, c'était depuis le pacte de non-agression entre la maison d'Isria et les vampires. Cassandre, une Millicent pure souche, avait été contre cette décision. Face au refus de son époux de l'écouter, elle l'avait quitté.
Certes, il y avait d'autres sujets de désaccord dans le couple. Comme l'humanité de l'ancien Marquis d'Isria, par exemple.
-Mademoiselle Isabelle ? s'enquit un des lycans.
-Ciel, c'est bien vous !
-Effectivement, confirma-t-elle, main dans la main avec Lysandre. Je suis venu voir Cassandre.
Ils se regardèrent, avant de couler un regard peu amène sur son compagnon.
-Et vous, qui êtes-vous ?
Ils ne devaient pas aller souvent dans la capitale, ces deux-là.
-Commissaire Lysandre de Montilliac.
-Tu sens le chaton, gronda l'un d'eux.
-C'est mieux que le vampire, non ? cingla Isabelle. Laissez-moi passer, je dois doit traiter d'une affaire urgente.
-Quelle est-elle ?
Un sourire étira les lèvres de la Marquise.
-Je suis actuellement retenue prisonnière par monsieur de Puresang.
Cela suffit, bien que l'incompréhension soit au rendez-vous. Le portail s'ouvrit, révélant une longue allée plongée dans le noir. La main bloquée dans celle de Lysandre, Isabelle fut ravie de la nyctalopie de son ancien fiancé. Il la guida, ravi de la confiance qu'elle lui accordait.
Quelques minutes de marche plus tard, sur le gravier crissant sous leur pas, la silhouette d'une maison se découpa dans le ciel. La lune projetait des ombres inquiétantes à l'aide des branches dénudées des arbres alentours. La porte d'entrée s'ouvrit à leur approche. Isabelle grimaça.
Une vraie maison de sorcière.
-Sacrée mise en scène, remarqua Lysandre.
Elle hocha la tête sans répondre. En vérité, son cœur battait la chamade, ses pieds semblaient de plomb. Elle n'avait pas envie d'y aller. Pourtant, sa détermination la poussa à s'engouffrer dans les entrailles de cette demeure. À peine eurent-ils fait un pied dans le hall, que toutes les bougies des chandeliers flambèrent, illuminant la maison entière.
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La Marquise Sanglante
General FictionTrès peu de choses pouvaient mettre la Marquise Sanglante hors d'elle : l'insulter, insulter les siens, toucher à sa famille. Or, en cette année d'exposition universelle de 1889, quelqu'un avait commis ces trois erreur