Le sosie d'Isabelle ne resta pas à une distance respectueuse. Bien au contraire, elle se précipita vers elle, pour lui saisir la main. Autour d'elle planait cette odeur caractéristique du sang et des produits chimiques. La jeune femme resta figée sur le petit lit de l'infirmerie lorsqu'elle serra ses doigts dans les siens.
-Écoute-moi, fit-elle d'un ton pressé, ses yeux cherchant les siens. Je sais que tu ne vas pas me croire immédiatement, mais je veux que tu dises une chose à Lysandre. Le Louvre, dans... mince ! Dans quelques jours. Répète.
-Heu... Qui êtes-vous... commença Isabelle
-Le Louvre, dans quelques jours. Bon sang, ce que je peux être sotte, quand je m'y mets !
-Heu...
-Répète-le ! Le Louvre !
-Le Louvre.
La femme poussa un soupir, avant de reprendre de sa ferveur. Un feu de détermination brillait dans ses yeux, décontenançant mademoiselle d'Isria.
-Lysandre est ton meilleur allié. Tu comprends ? Quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe, tu dois lui faire confiance. Lysandre est ton allié.
-Je...
-Oh non, le temps est écoulé...
La prise sur les doigts d'Isabelle se relâcha soudain. Le corps de son sosie perdit en consistance, à une telle vitesse qu'elle devint bientôt aussi transparente que de la fumée.
-Ha non ! Attendez, j'ai des questions à vous poser ! Ne partez p...
Au même instant, la porte de l'infirmerie s'ouvrit, balayant le reste de l'apparition dans un courant d'air. Stupéfaite, Isabelle fixa l'endroit désormais vide où elle s'était tenue. Qu'est-ce que... C'était que... Cette histoire !?
-Mademoiselle d'Isria ? Que vous arrive-t-il ?
Le policier, responsable de cet effacement, semblait bien embêté. Incapable de parler, elle se tourna vers lui. Au-dessus de sa tête, sur le mur, trônait une lourde horloge. Minuit.
-Hum... Le Commissaire souhaite vous voir. Vous vous sentez de...
-Allons-y.
Décidée, elle passa devant le policier, qui trottina aussitôt derrière elle pour lui montrer le chemin. Heureusement, car elle ne savait pas où se trouvait le bureau de Lysandre. En franchissant les couloirs et dédales du grand bâtiment, son œil avisé remarqua plusieurs choses : des oreilles pointant sur des têtes, des loups se frottant au mur, des personnes aux canines pointues écroulées sur les bancs avec une bouteille de vin à la main, des fées à moitié nues tentant de faire tourner leur pénis à la façon des pales d'un avion. Plutôt ridicule, surtout à plusieurs pieds au-dessus du sol.
-Dites-moi... fit Isabelle en plissant des paupières, en avisant un gnome en train d'écrire des équations sur le mur avec son sang, il y a des humains, dans le coin ?
-Vous n'êtes pas au courant, mademoiselle ? s'étonna le policier. Vous êtes eu Commissariat Spécial de Paris.
Ha, pour être spécial, il était spécial ! Un vampire un peu moins saoul que les autres perçut son odeur. Il bondit aussitôt sur ses pieds pour l'attaquer, mais deux gaillards en uniforme l'attrapèrent au vol, pour le menotter au mur. Il feula dans sa direction, aussi prirent-ils des mesures drastiques : un coup de poing bien placé et il s'écroula pour finir de décuver.
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La Marquise Sanglante
Fiction généraleTrès peu de choses pouvaient mettre la Marquise Sanglante hors d'elle : l'insulter, insulter les siens, toucher à sa famille. Or, en cette année d'exposition universelle de 1889, quelqu'un avait commis ces trois erreur