La Marquise Sanglante

Chapitre 5 : La Famille Millicent

Héritier des Millicent.

Isabelle d'Isria n'était pas la seule en France à partager le sang de cette famille. Oh, il n'y avait pas qu'Armand. Avec les trois enfants de Rodolphe et d'Angèle de Millicent, la lignée s'était rapidement éparpillée aux quatre coins du pays, avec des mariages plus avantageux les uns que les autres.

Pour leur part, les d'Isria descendaient de Florentin et Léopoldine. Avec une histoire familiale telle que la leur, il était difficile de ne pas vouer une certaine... Colère envers les vampires. Et même si le sang des fées était depuis longtemps dilué dans les générations de Millicent, une haine farouche opposait toujours les deux partis.

Voilà pourquoi, des années plus tôt, en gage de bonne foi, les vampires avaient confiés certains de leurs enfants aux d'Isria. Les autres branches de la famille avaient refusé, mais le père d'Isabelle avait sauté sur l'occasion. Ainsi, avait-il espéré, il mettait ses deux enfants à l'abri de la rancœur des suceurs de sang.

Une précaution insuffisante au vu de la présente situation.

Armand n'avait pas dû se sentir très en sécurité lorsque les crocs des vampires s'étaient plantés dans sa gorge.

Tout comme George Dauteuil ne se sentait pas en sécurité en ce moment précis.

-Je vous assure que nous n'y sommes pour rien, mademoiselle, fit-il dans une voix étranglée. Nous ne pouvons même pas imaginer faire une telle chose ! Surtout avec monsieur Justin à vos côtés !

Cette dernière remarque fit tiquer Isabelle. La fureur s'empara d'elle, aussi se leva-t-elle d'un bond... À l'instant où des éclats de voix retentissaient dans la fumerie d'opium, de l'autre côté de la porte.

-Police ! Les mains derrière la tête, genoux à terre !

Oh non... Isabelle se figea, les sourcils froncés. Des policiers dans un repaire de vampires ? Ça allait tourner au massacre !

-George, qu'avez-vous fait pour attirer l'attention de la police ? l'accusa-t-elle en dardant des yeux furieux sur lui.

Il leva les mains en signe d'incompréhension. De l'autre côté, des cris se faisaient entendre, de même que des bruits de combats. Ha non ! Elle n'allait pas permettre cela !

-Monsieur Justin, allons voir, ordonna-t-elle en se dirigeant vers la porte.

-Non !

Le cri de Dauteuil la surprit presque autant que le bras soudain passé autour de sa gorge, accompagné de la froideur d'un canon sur sa tempe. Mais qu'est-ce que...

-Ne bougez pas ! cria-t-il en lui vrillant le tympan. Justin à genoux, les mains sur la tête ! Tout de suite !

Livide, son majordome la fixa, aussi furieux qu'impuissant. Même lui ne pourrait aller plus vite qu'une balle. Pas à cette distance. S'il bougeait, elle était morte. Ce constat la contraria considérablement. Finalement, monsieur Justin s'exécuta, les mâchoires serrées à se les briser.

-On fait moins la fière, madame la Marquise Sanglante ? railla le vampire dans son oreille.

-Et vous, monsieur Dauteuil ? Vous voulez me prendre pour otage afin d'échapper à la police, mais à l'instant où vous appuierez sur la gâchette, vous aurez tous les Millicent sur le dos.