Pleine lune

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La pleine lune approchait dangereusement mais Derek refusait de me dire quoi que ce soit à ce propos.
Le soir fatidique arriva enfin.
Derek m'emmena tout en haut de l'escalier, dans une partie de la maison que je ne connaissais pas. Il s'arrêta au seuil d'une pièce et m'invita à regarder la vue. Celle-ci était assez semblable à celle qu'on avait eu du sapin l'autre jour.

Je fus surprise par un déclic métallique. Derek venait de refermer la porte en métal derrière moi. Je me précipitai vers le seuil et cherchai son regard par la petite lucarne. 
- Derek ? Qu'est ce que ça veut dire ?
- La première pleine lune est souvent dangereuse et j'ai peur de ne pas réussir à te contrôler. Si tu m'échappes, tu tomberas aux mains des Chasseurs.
- Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé plus tôt ?
- Tu aurais refusé.

J'allais lui répondre quand je le vis se raidir, grimacer et porter la main à sa nuque.
Il en retira quelque chose qu'il jeta au loin.
- Derek, qu'est-ce que c'est ?
- Une fléchette paralysante...les Chasseurs... Cache-toi ! me lança-t-il avant de s'effondrer sous l'effet du sérum contenu dans la fléchette.

Je me dissimulai dans l'ombre de ma cellule. Impuissante, je vis des Chasseurs en uniforme emmener ami loin de moi.

Désespérée, je m'adossai contre le mur et commençai à pleurer. Une lueur diaphane vint soudain baigner la pièce : les nuages qui cachaient la lune jusqu'à présent venait de se disperser. J'allais me transformer ! Complètement paniquée, je m'éloignai de la fenêtre pour être le moins possible exposée aux rayons lunaires. Mais il était inutile de lutter ; je sentis les premiers signes de la transformation arriver, puis tout devint noir.

Je repris conscience un peu plus tard, dans la forêt. De solides cordes maintenaient étroitement serrés mes pattes, mon cou, mon corps. Ces cordes étaient-elles mêmes maniées par des hommes portant le même uniforme que ceux qui avaient enlevé Derek tout à l'heure. Des Chasseurs.

J'avais perdu le contrôle de ma transformation et étais devenue une louve à part entière. Je ne sais pas ce que j'avais fait ensuite mais cela n'avait pas dû être d'une prudence extrême car je mettais faite capture par les chasseurs. L'un d'entre eux ordonna :
- En joue ...

Je vis alors quantité d'arbalètes, de fusils et d'autres armes dont jusqu'au nom se braquer sur moi. Je me débattis violemment, en vain. Allaient-ils m'abattre sur place?
Faites que quelque chose arrive. N'importe quoi, mais je ne veux pas mourir maintenant.
- Attendez, lança un homme.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda le premier d'un ton sec.

L'autre me désigna d'un regard ;
- Regardez ses yeux. Depuis 20 ans que je suis Chasseur, je n'ai jamais vu de loup aux yeux dorés. Ce n'est donc pas l'une de nos cibles...

Il s'approcha de moi et tira un couteau de sa botte. Je fis mine de le mordre. Pas le moins du monde impressionné, il enduit la lame d'une essence violette dont l'odeur me fit tousser. Il le passa sur mon épaule, me coupant légèrement. Une douleur sourde se répandit dans tout mon bras.
- ... mais je tiens à prendre cette précaution. Si c'est vraiment une louve, elle ne réagira pas à l'aconit tue-loup. Sinon, cela suffira à la tuer. Libérez-la.

Les Chasseurs me relâchèrent et s'éloignèrent. Je déguerpis sans demander mon reste.

Reprenant forme humaine, je pressai la main sur ma blessure. Je sentis alors la douleur diminuer, puis disparaître. Je retirai ma main. La coupure avait disparu. Pourtant, d'après les dires du Chasseur, l'essence d'aconit tue-loup aurait dû entraîner une infection mortelle ...

Je me rappelai soudain le livre sur la Louve Blanche : On raconte qu'elle possède des capacités de guérison extraordinaires...

Il fallait que je retrouve Derek. Pour cela, je disposai d'un moyen qu'il m'avait enseigné. Il m'avait expliqué en effet que les loups hurlaient afin de localiser leur meute. Il me suffisait d'en faire autant.

La Louve BlancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant