Partie 1 Andy

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« Je vais vous poser trois petites questions, plutôt simples, mais qui vont vous obliger à fouiller dans votre mémoire. »

Pour commencer, Quel est votre souvenir le plus lointain ?
Sûrement un moment à l'école, peut-être même un voyage en famille ou la première fois que vous avez rencontré un ami cher ;
Que de joie en somme.

Et maintenant, laissez moi vous poser une deuxième question :
Quelle est votre pire peur ? Certainement les araignées ou les espaces étroits comme la plupart des gens, peut-être le noir ou les clowns.

Pour finir, quel est votre pire souvenir ?
Plus compliqué pour certains : du harcèlement peut être ou une rupture.

Pourquoi je vous fais réfléchir à tout ça ?
Pour que vous soyez capable de remonter le plus loin possible afin de trouver la source de vos angoisses.
Vous Voyez cette sensation d'insécurité ? Je voudrais que vous vous concentriez dessus.

Tu peux ouvrir les yeux Andy. »

J'ouvris les yeux et je mis quelques secondes à me réhabituer à la lumière dans la pièce. Je regarde ma très chère psy, Dr Miranda, qui, comme tous les jeudi, tente de nouvelles choses pour mieux me permettre de me comprendre et de me découvrir.
Ça va faire 2 mois que je la vois, toujours avec son chignon et ses lunettes rondes qu'elle a pris l'habitude de mettre sur sa tête comme un serre-tête. Je la trouverais presque belle si elle ne tentait pas de savoir tout ce qu'il se passe dans ma tête à chaque seconde que je la vois.
Depuis que je la vois, j'ai remarqué qu'elle avait enfin arrêté de me vouvoyer : peut-être pour qu'on se sente plus proche ?

– Andy, tu m'écoutes ? me dit-elle en se rapprochant

– Non, je ne t'écoute pas. Excuse-moi.

Elle soupira puis me dit :
– Je sais que je suis ta cinquième psy Andy et que tu dois en avoir assez de répéter encore et encore les mêmes choses, mais j'ai besoin d'informations pour pouvoir t'aider. Si tu ne m'expliques pas ce qu'il se passe dans ta tête, je ne pourrais vraiment rien faire...

Elle avait le regard assez triste. Mais elle a raison, j'en ai vraiment marre de devoir toujours répéter la même chose et être rediriger vers un autre professionnel qui sera « cette fois-ci vraiment capable de vous aider, Andy ».

– Pourrais-tu arrêter de me regarder sans rien dire ?

-Pourquoi est-ce que je dois encore me répéter ? Je pensais que nous avions déjà parlé de ça lorsque je suis arrivé et que le dossier était clos. J'aimerais avoir l'impression d'avancer, enfin sortir un peu de l'eau, mais la seule chose que j'ai faite jusqu'à présent, c'est de dire si oui ou non j'avais des copains à l'école.

Elle me regarda assez surprise. Miranda est comme beaucoup de personnes : on peut tout lire sur leurs visages. À une certaine échelle, ça me réconforte : j'aime beaucoup savoir en un regard ce qu'il se passe.

– Andy, qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi... Bien sûr, ce n'est vraiment pas marrant de répéter sans arrêt la même chose. Mais dois-je te rappeler pourquoi tu es dans mon cabinet aujourd'hui ?

– Je peux juste te poser une question ?

- Bien-sûr Andy ! je t'écoute.

-Tu as qu'elle âge? Tu as l'air bien jeune pour faire un métier qui consiste à écouter les problèmes des gens. Je t'aurais davantage vu journaliste.

Elle sourit.
Enfin, c'est vrai, elle a l'air jeune et énergique. En plus, elle est curieuse, le journalisme était parfait pour elle.

-J'ai 25 ans. Tu sais, je ne changerai de métier pour rien au monde , il me reste seulement 3 ans avant d'avoir fini mes études et ce métier me plaît au plus au point !

-Le fou de nous deux, c'est vous Miranda...

Elle rigola quelques instants puis me regarda sans rien dire pendant au moins une bonne minute.

-Quoi? Lui dis je.

-Tu as vraiment l'air d'être un gentil garçon Andy. Tu n'as que 24 ans, tu devrais avoir une copine , des amis, aller à des fêtes, mais pas être ici..
Son visage avait vraiment changé au fur et à mesure de sa phrase, un mélange de tristesse et de compassion.

-Ma vie me va très bien et...

Elle me coupa avant que je puisse finir ma phrase, comme si elle savait déjà comment ça allait finir.

-Tu es malade Andy, ta vie ne te convient pas et tu le sais.

Malade. Malade. Malade. Malade. Malade. Malade. Malade. Malade.
Ce mot résonna dans ma tête un moment qui me parut durer une éternité.

-Andy?

-Je ne suis pas malade. Je vais très bien. Si je viens, c'est seulement parce que je suis obligé pendant encore 3 semaines. D'ailleurs, c'est l'heure. Au revoir Miranda, à la semaine prochaine.

J'avais les mains qui tremblaient, sans vraiment savoir pourquoi. Lorsque j'ouvris la porte, Miranda me répondit :

-Andy... Il va vraiment falloir que tu reprennes tes médicaments..

Et s'est reparti.

Mauvais départsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant