Partie 15 Ded

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Je cours d'un angle à l'autre de la pièce pour échapper à ces créatures du diable quand, je ne sais comment, mon pied trébucha et me fit m'étaler de tout mon long à quelques centimètres d'un groupe de chenilles.

Je peine à me relever, ma cheville me fait très mal.
Ce n'est plus très important, car l'épreuve ne devrait plus tarder à finir. Je donnerai cher pour pouvoir prendre une douche... Rien que de penser à toutes les petites créatures qui ont été en contact avec mon corps. J'en ai des frissons.

Soudain, la pièce fut noire. Quand la lumière revient, il n'y a plus d'insectes, plus rien.
La porte s'ouvrit et un homme me fit un signe de main.

– Merci, c'est trop généreux de me tenir la porte. Dis-je en rattrapant la porte avant qu'elle ne se claque.

Il me conduit à une pièce que je ne connais pas.

– Fin de l'épreuve. Vous avez gagné 2 points sur 3. Les gagnants seront conduits dans une salle où ils pourront se laver.

Mon épreuve est déjà finie. Il y a un décalage. Sûrement par rapport à la douche.
2 points C'est peut-être Yuri qui n'a pas tenu... Va savoir.

Je me précipite dans les douches.
Une fois ma douche prise, j'étais la plus heureuse des femmes.

Je décide d'attendre l'autre « gagnant ». Ma cheville me fait trop mal pour que je puisse rester droite.

Je m'adosse au mur et me mets à réfléchir.
Comment n'ai-je pas compris que j'allais être sélectionné pour ce jeu ?
Ils prennent des gens du pays entier. Pourtant, ils nous traquent depuis longtemps pour en savoir autant... Raaaaah

J'entendis une porte se fermer. Je lève la tête et vis Yuri.

– Je suis fière de toi, Yuri.
Je souris sans m'en rendre compte. Je dois dire qu'il me donne envie de sourire ce garçon. Il est si doux.

J'essaye de m'avancer sans lui montrer que j'ai mal.

– Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
Rater.

— Oh, rien de t'inquiète pas, je me suis légèrement foulée la cheville, mais rien de bien méchant.
Je lui souris encore une fois.

Mes yeux se posèrent sur ses poignets... Ils ont osé... Je bouillonne de rage.

– C'est quoi sur tes poignets ?

– Je suis maladroit, j'ai dû me cogner durant l'épreuve...

— Dit-le moi maintenant. Je pris ses avant-bras pour lui montrer exactement de quoi je parle.

Je vis des larmes naîtrent au coin de ces yeux. Il mit sa tête dans mon cou et sanglota. J'attendis quelques instants et elle lacha les poignets. Comment ils ont osé le toucher ?

– À partir de maintenant, vous pourrez vous déplacer librement entre les épreuves dans le bâtiment pour vos besoins. Des hommes seront néanmoins dans les couloirs.

Je partis aussitôt, je ne sais où, mais il fallait que je trouve quelque chose, n'importe quoi. Je croise de nombreux hommes en noir, ils ne bougent pas, ils ne disent rien. Je continue comme ça un moment, jusqu'à finalement trouver un téléphone accroché au mur.

Je le pris et l'appuya sur le bouton rouge juste en dessous : il n'y avait rien d'autre que ce bouton rouge.

– Bonjour Ded, J'espère que ton épreuve s'est bien passée.

Je ne vais pas jouer à ce petit jeu.

– Vous n'avez pas le droit de faire ça à Yuri. Ce n'est qu'un garçon fragile, il ne mérite pas de se faire abuser parce que ça vous amuse ! Je commence à crier. Ils n'ont pas le droit de lui faire ça, personne n'a le droit.

– Ce n'est pas nous qui lui avons fait ces marques.
Je sentais qu'il s'amusait, cette situation lui plaisait énormément. Je sentis tout mon corps trembler. Je pense que s'il y avait un miroir en face de moi, je serais surement livide.

– Mais comment...

– Toutes les blessures qui vont être infligée par notre faute ne sont qu'éphémères. À la fin du jeu, elles disparaissent. Les seules qui perdurent sont celles que vous vous créez.

– Une trousse de secours. Je ne demande que ça. Juste une crème, quelque chose pour apaiser ces marques. Je commençais à manquer d'air, je commençais à paniquer. Ça me réveille une blessure trop profonde, il doit le savoir.

– C'est très gentil de ta part, Ded, mais je crains devoir refuser : qu'est-ce qui me dit que tu ne vas pas t'en servir et que c'est uniquement pour Yuri ?

– Ce que vous voulez. Je suis prête à accepter toutes les conditions que vous mettrez tant que ça n'impacte pas les garçons.

Il ne répondit pas pendant quelques instants. Je pensais même qu'il avait raccroché.

– Très bien, c'est d'accord.

– C'est vrai ? Je ne m'attendais sincèrement pas à ce qu'il accepte. Je soupire de soulagement.

– Tu n'as évidemment pas le droit de t'en servir.

– Oui, d'accord, marché conclu ?

Il commence à rigoler. J'étais sûre que ça l'amusait, ça ne pouvait que l'amuser.

— Oh Ded, tu te doutes évidemment que ce ne sera pas sans contrepartie. Mais pour l'instant, je te laisse tranquille. N'oublie pas que tu as désormais une dette envers moi. Je peux la récupérer quand je veux, de la façon que je veux, et tu seras obligé d'accepter. Je mettrais fin au jeu dans le cas inverse.

– Marché conclu.

Je ne pensais pas que ça marcherait. J'entendis raccrocher et un homme m'apporta quelques secondes plus tard un petit sac et me fit signe de le suivre. Je réalisai seulement sur le chemin de la chambre que je venais de faire un pacte avec le diable. Que peut-il bien me demander en échange ? Je commence à imaginer le pire. Je décide d'arrêter de réfléchir : je fais ça pour une bonne cause, ça en vaudra la peine, peu importe ce que ça me coutera.

Je pousse la porte et me retrouve face à Yuri et Andy. Ils ont arrêté de parler en me voyant. Je ne dis rien et m'assis sur mon lit. Je sors le contenu du sac et retire mes chaussures : ma cheville est vraiment très enflée, mais ça n'a pas l'air cassé.

Je porte mon attention sur les garçons, toujours silencieux, en train de me fixer et de regarder la petite trousse et les crèmes. C'est peu, mais c'est déjà énorme vu notre situation actuelle.

– Ça va, Andy ? Tu as mal quelque part ?

– Non, ne t'inquiète pas pour moi : je ne suis pas resté assez longtemps pour me faire mal.
Il a les phalanges en sang. S'il a besoin d'aide, il se manifestera, il est grand. Je reporte donc mon attention sur Yuri, toujours bouche bée.

– Viens Yuri. Je lui fis une place sur mon lit et attendis qu'il me rejoigne, ce qu'il fait.

– Montre-moi tes poignets et tes bras, je vais te mettre de la crème. Ne t'inquiète pas, je sais ce que je fais.

Malheureusement, je me suis appliquée des litres de crèmes là bas. Je chasse ces mauvais souvenirs et commence à appliquer la crème après avoir bien inspecté ces bras. Je n'ai aucune idée de ce qu'il a pu lui arriver, mais je décide de ne lui poser aucune question. Je n'ai pas besoin de savoir.

-Ded... Comment tu as eu ça ? Pourquoi tu l'utilises pour moi et Andy et pas pour toi ? Ta cheville doit te faire bien plus mal...

Je ne répondis rien. Je ne veux pas qu'ils se sentent redevables ni qu'ils s'inquiètent en sachant la merde dans laquelle je me suis mise. Je ne regrette rien de toute façon.

À ce moment-là, je sentis comme un tournant entre nous : on va s'en sortir tous les trois, peu importe ce qu'on devra faire.

Je refuse qu'on meurt ici. 

Mauvais départsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant