Partie 7 Andy

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J'entendis mon réveil sonner pour m'annoncer qu'il est temps d'aller travailler.

– Putainnn. Dis-je en plongeant ma tête dans le coussin.

Quand je pense que je suis obligé de me lever aussi tôt, seulement pour ne pas vivre comme une larve.

Je m'habille, fume, mange une tranche de brioche et me voilà parti en direction de l'école d'Anna. Quoi de mieux pour bien commencer une journée pourrie que de larguer une fille.
Je la vis instantanément. Avec ses longs cheveux et son blouson. Elle se tourna lorsqu'elle entendit des pas.

-Andy! Crit-elle avant de me sauter dans les bras.

– Anna, c'est fini entre toi et moi. Je suis ravie d'avoir rencontré une fille aussi gentille que toi, mais ça ne peut pas continuer.

Elle ne sait quoi me répondre. Elle commença à pleurer et me gifla avant de partir vers la grande porte. Je la regarde avancer et disparaitre dans le bâtiment : j'espère qu'elle s'en remettra vite, je ne vaux pas la peine de pleurer.

Je marche donc en direction de mon nouveau travail : la patronne m'accueille dès mon arrivée. Ça sent vachement bon à l'intérieur et c'est un peu plus grand que ce à quoi je m'attendais vu de l'extérieur.

Elle me montre comment marche la salle, elle me fait visiter tout ce qu'il y a à voir et commence à me parler de mes nouveaux collègues :

– Tu seras en équipe avec Ded, ça fait un peu plus de 3 ans maintenant qu'elle travaille ici, elle connait chaque recoin de ce café par cœur ainsi que les habitués, donc n'hésite pas si tu as des questions. On aime beaucoup le côté convivial, même au sein de l'équipe qui, comme tu peux le voir, est très petite, donc j'espère que vous vous entendrez bien ! Elle ne devrait plus tarder maintenant.

Sur ce, elle est repartie en cuisine préparer les viennoiseries. Je fais le tour quelques minutes en attendant ma future collègue, qui ne me laissa pas attendre longtemps.

– Bonjour, je peux vous aider ? Elle me fixe tout en posant sa veste, les sourcils légèrement froncés. Elle ne savait pas que j'arrivai ?

– Je suis Andy, je commence à travailler ici aujourd'hui. Je croise les bras en attendant qu'elle enfile son tablier.

– Excuse-moi, j'avais complètement oublié que c'était aujourd'hui que tu débutes avec moi. Tu as un peu d'expérience ?

Elle n'a pas l'air si hostile que ça finalement. Maintenant que je la regarde mieux, elle est vraiment très belle : elle a des cheveux bruns assez longs, des yeux marrons et une carrure plutôt dynamique.

– Un petit peu, oui, mais ça commence à faire un moment. Je la suivis machinalement derrière le comptoir.

– Très bien. Tu verras, ce n'est vraiment pas sorcier, surtout si tu as déjà pratiqué : ça reviendra encore plus vite.

Elle me tendit un tablier et commença à tout m'expliquer. Elle a raison : ça n'a pas l'air bien méchant. Les clients commencèrent à arriver petit à petit, elle me laissa m'occuper des commandes de la terrasse, n'étant généralement qu'un jus de fruit ou un café. La matinée fut assez tranquille, puis vient la pause du midi. Avec Ded, nous nous sommes à peine adressé la parole, sauf quand j'avais une question. La dame a raison : quitte à se voir tous les jours, il vaut mieux bien s'entendre tous les deux. Je décide donc de lui proposer de manger avec moi.

- Tu ferais mieux de profiter 5 minutes d'être seul toi aussi, l'après-midi il n'y a pas grand monde, on va passer beaucoup de temps ensemble. Je mange seule en général, je pique un truc ou deux dans la vitrine et je vais dans le petit parc à côté. Elle retire son tablier en me répondant. À vrai dire, ça ne me dérange pas, je suis même soulagé d'avoir un peu de temps seul. Je vais faire l'aller-retour chez moi.

Une fois rentrée, je mange rapidement. Je me repasse la matinée en boucle, réfléchissant à chaque détail qui entoure Ded : je ne la cerne pas très bien pour une première rencontre. Ce sera peut-être plus facile cet après-midi. Je décide de fermer les yeux une petite heure : je n'avais plus l'habitude de bouger autant. Une fois l'alarme éteinte, je repartis, tout requinqué, au petit café.

– Tu es en avance. Andy, tu n'es pas obligé, tu sais : l'après-midi, il n'y a pas de quoi se presser. La patronne souris, m'invitant à m'asseoir au comptoir.

– Tu es content pour l'instant ? Elle s'avança un peu sur le comptoir pour être plus proche de moi.

– Oui, je suis très content de travailler ici. Je lui rendis un petit sourire : ce sont des gens vraiment adorables. On discuta encore un peu, son mari arriva : il m'expliqua qu'il s'occupe de toute la paperasse du café. Nous discutons tous les trois un petit moment, quand un sujet arriva sur la table.

– Ded a l'air plus apaisée aujourd'hui, tu ne trouves pas ? J'appréhendais beaucoup de prendre un autre employé avec son caractère, mais je l'ai trouvé très accueillant pour ce à quoi je m'attendais. Ils discutaient plus tous les deux qu'avec moi, mais j'écoutai : Ded est donc une petite boule de nerf ? Je trouvais franchement que ça allait, j'aurais dit directement : brute de décoffrage, mais ça allait quand même, pas de quoi appréhender autant.

– Je suis sure que cette Miranda y est pour quelque chose. Attends quoi ? Miranda ? La Miranda ? Pile après cette phrase, la concernée passa la porte, pile à l'heure.

– Tu as mangé quoi aujourd'hui, ma petite Ded ? Demanda le patron avec un grand sourire.

– Du taboulet : il était vraiment délicieux, comme toujours. Elle fit un clin d'œil et un sourire aux deux patrons. Ils repartirent après nous avoir souhaité bon courage pour cet après-midi.

Ded s'avança vers moi, une pile de courrier à la main : elle m'expliqua que les patrons habitent juste au-dessus, c'est pour ça qu'il y en a beaucoup pour simplement un café de rue. Elle tria le courrier, mais soupira en voyant une enveloppe : 

– Ça fait déjà un an ? Pendant ce temps, je nous avais préparé deux cafés.

Je m'assis à côté d'elle à table, elle me passa un très joli carton d'invitation destiné au café : « Bal des lumières ». Je ne comprends pas, elle ne dit rien pendant quelques instants, lisant le reste du courrier et en me faisant relire en boucle le petit papier.

– Pourquoi tu soupires, Ded ? Je lui tendis le carton pour lui montrer de quoi je parle.

– C'est un bal dansant, avec un thème différent tous les ans. Il est organisé au grand manoir et, tous les ans, il demande au petit commerçant d'aller s'y faire connaitre. On s'occupait des desserts l'an passé, Marie étant une excellente pâtissière. Elle regarda la vitrine en disant la fin de sa phrase, puis me regarda de nouveau et reprit.

– Ce n'est pas précisé évidemment, mais la présence est obligatoire. Ça tourne beaucoup, il sélectionne une petite dizaine de commerçants. En réponse, ils diront ce qu'ils attendent de nous. Je ne pense pas qu'ils s'intéressent vraiment au fait de nous faire connaitre, mais ça maintient une sorte de popularité. Ce qui m'étonne, tu vois, c'est que ce n'est encore jamais arrivé d'être sélectionné 2 ans d'affilée : je pense qu'il y a peut-être une erreur. Oui, ça arrive de le faire plusieurs fois, surtout quand tu es dans l'alimentaire ou dans la décoration.

Elle s'arrêta sur ça, buvant son café en réfléchissant. Nous étions mardi, le bal a lieu samedi.

– Ils préviennent au dernier moment, tu ne trouves pas ? Elle tourna son visage pensif vers moi.

– C'est pour garder au maximum la surprise des artisans. Tu en as forcément entendu parler, tout le monde ne parle que de ça en cette saison. 

Je lui fis non de la tête : je n'en avais sincèrement jamais entendu parler.

– Ne t'inquiète pas, j'ai jusqu'à samedi pour te briefer.

Elle s'avachit sur sa chaise, finissant son café.

Je regardais cette invitation encore et encore, ne sachant pas ce qu'il peut bien se cacher derrière...

Mauvais départsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant