Partie 2 Yuri

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« Laissez-moi vous poser une question, simple, mais qui va m'aider à savoir sur quoi nous allons pouvoir travailler aujourd'hui ;

Est-ce que votre vie vous plaît ? Sois oui, sois non. Si ce n'est pas le cas, il n'est jamais trop tard pour prendre un nouveau départ.

Tu peux ouvrir les yeux Yuri."

J'ouvris les yeux tout en m'enfonçant dans ma chaise. J'avoue ne toujours pas être très à l'aise malgré le fait que je vois Dr Miranda le jeudi depuis 3 semaines maintenant . Miranda est vraiment délicate, gentille et chaleureuse. J'adore sa façon de s'adresser à moi, de me parler toujours doucement et de me rassurer à chaque question.
Alors que je la scrutais sans rien dire, je sentis un regard posé sur moi.

Elle me fixait en souriant.

– Yuri, tu sais que venir me voir sans me parler de ta vie privée en général ne peut pas me permettre de te venir en aide ou de te conseiller ?

J'étais vraiment surpris par sa question. Bien-sûr que je le savais, mais... Marla , la cuisinière du manoir, m'oblige à aller parler à quelqu'un. Elle dit que je suis trop renfermer sur moi même et qu'il faut que j'en parle si je veux aller mieux.
Donc me voilà, assis devant cette femme qui attend patiemment que je lui raconte pourquoi je viens. Au fond, je ne le sais pas moi même. La seule chose que je sais, c'est que je ne veux pas vraiment d'aide, je veux juste parler avec quelqu'un d'extérieur à mon monde.

– Yuri, tu es toujours là ?

— Oui, excusez-moi, madame.

– Malgré le fait que nous parlions depuis 1 mois, je n'arrive vraiment pas à savoir qui tu es comme personne, quel est ton mode de vie ni pourquoi tu ne peux pas venir à un autre moment que le jeudi à 18 heures...

Elle avait l'air pensive d'un coup, elle réfléchissait en même temps qu'elle parlait. On aurait davantage dit qu'elle disait ce qu'elle pensait à voix haute. Je lui avais fait comprendre que je n'étais pas vraiment libre de tout, surtout au moment de payer où il fallait que ce soit en cheque obligatoirement mais je ne pouvais régler qu'en espèce.

– Je n'ai pas grand chose à vous répondre, je suis un jeune homme tout à fait banal qui ne fait pas grand chose de son temps...

-Tu vas à la fac ? Tu travailles? Tu ne m'as toujours pas répondu à ce sujet.

Non pas cette question... Je sens l'angoisse monter petit à petit.

-Je travaille. Dis je en chuchotant.
En réalité, je ne mens pas vraiment.

-Oh super! Et qu'est-ce que tu fais comme travail ?

Mais elle ne veut pas lâcher ce sujet ?

– Je fais du ménage dans de grandes maisons.

Ce n'est pas totalement faux non plus.

-Vraiment? Dit-elle septique.

-Je fais les tâches ménagères, je n'ai pas fait d'études et ça ne me dérange pas de faire un petit boulot en attendant de trouver ma voie.

-Yuri?

- Oui, Madame ? Je sens les larmes me monter aux yeux, je n'aime pas mentir, j'ai l'impression que ça se lit sur mon visage.

-Est-ce que tu aimes ta vie ?

-Oui.
Je ne mens pas, j'aime ma vie. Peu commune et sûrement peu vivable, mais j'aime ma vie.

Elle me regarda avec un air désolé et me dit :
-Yuri, tu te souviens du test que nous avons fait la semaine dernière ?

Je ne me sens pas bien d'un coup..

-J'ai reçu les résultats avant que tu arrives et...

J'ai peur, j'ai une boule au ventre qui grossit à chaque phrase de Miranda.

-Tu es atteint du syndrome de Stockholm. Est ce que tu sais ce que c'est ?

Bien-sûr que je sais ce que c'est. Mais c'est impossible...

-Non je ne pense pas que cela puisse être le cas. Peut-il s'agir d'une erreur ?

-Je ne pense pas Yuri. J'ai vérifié plusieurs fois ainsi qu'avec l'aide d'autres collègues. Tu n'as rien à me dire ?

Je sens les larmes monter petit à petit.

Elle ne dit rien, attendant que je lui ouvre mon sac. Elle me tend un mouchoir que je saisis. Je prends une grande inspiration et commence à parler :

– Cela fait 15 ans que je vis dans le manoir à 1h d'ici.. C'est également là bas que je travaille depuis plusieurs années.

- Le manoir de M. Victor Sokolov, il me semble ?

-Exactement.

- Il est régulièrement dans des scandales, pourquoi vis tu chez cet homme depuis si longtemps ? Tu es adulte maintenant, tu peux prendre ton indépendance.

Elle avait l'air surprise. Je ne saurai dire ce qu'il se passe dans sa tête, mais elle se leva pour aller se servir du café. Elle commença a m'énumérer toutes les façons possibles pour prendre son indépendance, les aides qui existent, les lieux ou les personnes à contacter.

-Je suis amoureux de cet homme.

Elle me regarda bouche bée. Elle s'était assise sur sa chaise, sans rien dire. On aurait dit que je venais de lui annoncer une absurdité. Je peux comprendre que ce soit surprenant, mais pourquoi est ce qu'elle ne dit rien ? Je me suis remonté la manche machinalement à cause du stress de l'annonce : c'est la première fois que je le dis à voix haute.

-Yuri? Pourquoi tu as des bleus sur le bras ?

Et merde.

Mauvais départsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant