Chapitre VII : Une Nuit Difficile

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     Enfin, la Machine avait fonctionné ! Un homme était arrivé du passé (où plutôt avait été transporté). C'était, sans aucun doute, une des plus grandes découvertes de cette époque d'innovation continue.

    Archibald n'avait pourtant pas le temps de se réjouir. L'homme étendu sur la table était dans un sale état : il était couvert d'hématomes et d'entailles plus ou moins profonds. Une tache rouge s'étalait dangereusement sur la tunique de l'homme au niveau de sa poitrine et au son de sa respiration ses poumons ne devaient pas être non plus en bon état. Le visage du malheureux était dans le même état que le reste.

- Dans l'état qu'il est, il doit avoir plus d'un membre brisé fit remarquer Abraham.

Archibald ne répondit pas, il était trop occupé à chercher un moyen de sauver le résultat de ses recherches.

    Mais la pendule du laboratoire indiquait désormais minuit passé. Aucun médecin n'allait venir à Waterloo Street, les rues abritent trop de dangers la nuit. Depuis la fermeture de l'atelier, cette partie dans la ville était devenue le refuge de plusieurs sans abris et vagabonds qui n'hésitaient pas à détrousser les rares passants nocturnes. Les deux hommes étaient impuissants face à la situation, aucun deux n'avaient les compétences nécessaires pour sauver cet homme qui allait surement mourir et de simples bandages n'allaient pas suffire : le blessé perdait trop de sang, sa tunique blanche devenant de plus en rouge.

    La situation était désespérée, le croisé s'avançait dangereusement vers les portes de la mort à chaque minute qui s'écoulait et les scientifiques allaient perdre le résultat le plus précieux de leurs expériences s'ils ne trouvaient pas rapidement une solution. C'est alors qu'un événement des plus inattendus arriva, quelqu'un frappa à la porte...


    Abraham se précipita pour ouvrir à ce visiteur nocturne. Lorsqu'il ouvrit la lourde porte en fer il vit un homme de haute taille se tenant presque cambré appuyé sur une canne à la manière de ces bourgeois hautain dont Archibald avait horreur. L'homme portait une tunique bleue marine ressemblant à celle des policiers de la Capital attachée par une ceinture à laquelle était accrochée une lampe à main. Il portait aussi une cape courte fermée par une chaîne dorée. Ce qui intrigua le plus le jeune homme fut l'étrange casque que l'individu portait, c'était un cylindre de métal couvrant entièrement son visage fermé sur le dessus et doté d'un unique trou pour l'oeil gauche.

    Le nouvel arrivant ne laissa pas le temps à Abraham de lui demander la raison de sa venue qu'il annonça promptement :

-Je sais que vous avez un inconnu dans votre laboratoire, je sais aussi qu'il ne va pas vivre encore longtemps s'il ne se voit octroyer aucun soin médical au plus vite. Il se trouve que je suis apte à sauver ce pauvre homme. Faites place !

L'assistant n'eut pas le temps de répondre que son interlocuteur le poussa pour entrer. Il accouru vers la table sur laquelle était allongé l'homme blessé sans être surpris par sa tenu inhabituelle. Il ne s'étonna pas non plus du désordre et de l'odeur de brulé engendrée par la fonte de la Machine qui n'était plus qu'un tas de ferrailles.

    Archibald qui avait entendu l'homme à sa porte, était aller chercher le peu de matériel médical qu'il possédait, espérant que ce soit suffisant. Lorsqu'il revint auprès du blessé, il fut, lui aussi, surpris par l'étrange tenue de l'individu qui s'affairait à sauver la vie d'un être dont personne ne connaissait l'identité. Le scientifique s'approcha de l'homme en lui demandant :

- Qui êtes vous ? Vous semblez bien informé sur la situation.

Mais l'individu ne répondit pas. Pensant qu'il n'avait pas été entendu, Archibald réitéra sa question mais l'homme en face de lui dit sèchement :

-Nous n'avons pas le temps pour ces choses là, aidez moi plutôt à sauver cet homme.

Archibald, qui avait bien compris que toute discussion allait être inutile, se contenta d'aider l'étranger silencieusement.

    Habituellement Archibald n'appréciait pas particulièrement les visiteurs inconnus mais pour celui-ci il était près à faire une exception. Cet homme était sa seule chance de sauver ses recherches. Très vite, le soigneur n'eut plus besoin des scientifiques qui, de toutes façons, commençaient à être trop fatigués pour être utile à quoi que ce soit. Ils allèrent alors s'asseoir dans leurs fauteuils respectifs où ils s'y endormirent très vite, exténués par les événements de la journée.   

A Stranger In A Strange WorldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant