Chapitre 1

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Chers amis lecteurs, ceci est une toute nouvelle histoire complètement différente de ce que j'ai écrit jusqu'à présent. J'espère que ça vous plaira et j'attends vos avis avec impatience !
Bonne lecture !
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Du haut de l'immeuble, j'observe la ville. Même la nuit, le bruit des voitures, de la foule qui fourmille et des publicités géantes éblouissantes emplissent les alentours. A croire qu'aucun silence, qu'aucun repos n'est possible dans cette ville. Un ballet incessant, étouffant et étourdissant où des millions de personnes défilent chaque jour. Immense et grandiose, New York affiche sa puissance par des buildings qui semblent mener une course effrénée pour atteindre le ciel. Ce dernier, d'un noir profond peine à le rester face aux éclatantes lumières de la grosse pomme. Un combat silencieux fait rage. Qui gagnera ? Les ténèbres ou la lumière ? Pour ma part, je suis condamné à faire partie de la première catégorie. C'est l'avantage des personnes dans ma situation. Je n'ai jamais eu à choisir, la vie a décidé pour moi.

Me penchant un peu plus, je regarde le vide qui s'étend sous mes pieds. Infini, c'est ce qui me vient à l'esprit. Un vide qui paraît sans fin dans le noir, un vide mortel. Ce vide où, chaque minute, des gens préfèrent s'abandonner lâchement. Moi ce qui me fascine, ce sont mes émotions quand je suis proche de ce vide. Il est à présent un vieil ami à moi. Mais cette impression d'infiniment petit, cette sensation de lâcher prise, de perdre pieds. Ces petites choses simples qui nous rappellent que nous ne sommes rien. Ça me fascine. Moi je ne suis rien. Si je meurs, je ne manquerai à personne. Je suis invisible, seule. Je suis une personne qui peu partir en paix. Je n'ai rien, je ne suis rien, juste une personne différente, aux marges de la société. Debout, je tend les bras de part et d'autre de mon corps dans la position si cliché que prend Rose à l'avant du Titanic. D'une inspiration profonde, je savoure pleinement la douce brise printanière qui vient me caresser les joues. Dans cette position, la moindre maladresse pourrait m'être fatale, mais ça ne m'effraie pas. Au contraire. Repousser mes limites à toujours été un de mes passes temps favoris. Savoir jusqu'où je pourrais pousser mon corps défaillant... Complice, un fin sourire au bord des lèvres, je fixe la lune. La seule qui a toujours été là pour moi à chacun de mes réveils, la seule que je fréquente, la seule qui me protège, la seule qui me permet de survivre. Elle est là, comme chaque nuit. On dirait qu'elle me salut de son fin sourire de début de cycle.

Levant mon poignet à hauteur de mes yeux, je regarde ma vielle montre au cuir noir vieillit et à la vitre fissurée. Le seule objet qui m'accompagnait dans mon landau quand on m'a trouvé aux portes de l'orphelinat, alors que je n'étais encore qu'un nourrisson. 23h32. Le jour ne se lèvera pas avant plusieurs heures. J'ai suffisamment de temps avant de rentrer. Je me penche un peu plus encore au dessus du haut néant et un bruit sourd s'élève dans mon dos. Surprise, je sursaute et me retourne avec cet habileté que j'ai développé au fil des années à force de sortir la nuit sur les toits. Un homme, ça carrure me l'indique. Un bel homme. Du moins je crois, en fait je ne sais pas trop. Bien que j'ai développé une sorte de vision infrarouge avec le temps, il m'est difficile de le distinguer clairement, d'autant plus qu'il est dans l'ombre, près de la porte que j'ai empreinte pour grimper jusqu'ici. En tout cas il est inquiet, nerveux. Crispé, ses mains sont tendus devant lui comme on le ferait avec un animal pour ne pas l'effrayer. Inconsciemment, je suis amusée. Ce n'est pas la première fois que je dois faire face à ce genre de situation, et ce n'est sans doute pas la dernière. A force de sauter de toit en toit comme un chat, restant de longs moments aux bord des gouffres des buildings, j'ai filé les jetons à pas mal de new-yorkais. Je tente de le détailler, pas par peur, mais plutôt par curiosité. Les contacts humains sont rares pour moi et je déteste ne pas identifier se qui m'entoure. Je suis une personne observatrice. Il a peur, je me détourne.

- Ne vous en faites pas, je n'ai pas l'intention de me jetter. Vous pouvez partir.

Obstinée, je fixe une lumière rouge à l'horizon. Pas de bruits de pas, pas de bruit de porte, l'homme n'a pas bougé.

LunaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant